Un nouveau virus de grippe porcine transmissible à l’homme “propice à une pandémie” vient d’être découvert

Publié le 30 juin 2020
MAJ le 17 novembre 2024

Alors que l’attention du monde entier est portée sur le Covid-19, une étude parue ce lundi 29 juin dans la revue scientifique Proceedings of the national academy of Sciences (Pnas) révèle qu’une souche de virus de grippe porcine aurait été découverte en Chine. D’après les chercheurs, celle-ci dispose de caractéristiques susceptibles de provoquer une future pandémie, d’où la nécessité de se montrer vigilant. L’information a été relayée par nos confrères de BBC News.

Bien que les chercheurs soulignent qu’il ne s’agit pas d’un problème immédiat, ils mettent en avant l’importance de suivre de près l’émergence de nouveaux virus. En effet, à l’heure où le Covid-19 est au centre des préoccupations, le professeur Kin-Chow Chang de la Nottingham University confie au média britannique qu’il ne faut pas pour autant se laisser distraire.

Les virus G4

Les virus en question sont appelés G4 et descendent sur le plan génétique du H1N1. A savoir qu’en 2009, ce dernier avait mené à une pandémie. Selon les auteurs de l’étude publiée par le Pnas, ils “possèdent tous les traits essentiels montrant une haute adaptabilité pour infecter les humains”. Des observations qui s’appuient sur un travail volumineux, selon nos confrères du 20 Minutes. En effet, les chercheurs d’universités chinoises et du Centre de prévention et de lutte contre les maladies chinois ont effectué 30 000 prélèvements nasaux sur des porcs issus d’abattoirs dans dix provinces chinoises et dans un hôpital vétérinaire entre 2011 et 2018. Résultat? Ils ont pu isoler 179 virus de grippe porcine, la plupart d’entre eux appartenant à la nouvelle variété qui serait devenue dominante chez ces mammifères depuis 2016.

porcine

Le G4 EA H1N1 en fait partie et c’est celui qui aurait attiré l’attention des chercheurs selon France Info. En effet, ce dernier aurait été retrouvé chez 10,4% des ouvriers et personnes opérant dans la filière porcine. Les scientifiques estiment donc que le virus serait déjà passé chez l’être humain, mais il n’existe pour l’heure aucune preuve de transmission d’humain à humain. C’est ce qui constitue désormais leur crainte et qui les pousse à appeler à la mise en place d’une surveillance de ces personnes travaillant au contact des porcs.

Des expériences diverses

Les expériences des chercheurs ont été diverses et parmi elles, des expériences portant sur des furets. Chez ces derniers, les scientifiques ont observé que les virus G4 provoquaient des symptômes plus graves que les autres souches. À savoir que les furets sont des animaux souvent utilisés dans les recherches sur la grippe en raison de leurs symptômes (toux, éternuement, fièvre) comparables à ceux de l’être humain.

Les chercheurs ont également conclu que les virus G4 présentaient une infectiosité plus élevée et se répliquaient dans les cellules humaines. Par ailleurs, des tests in vitro auraient démontré que l’immunité obtenue après un contact avec les virus humains de la grippe saisonnière ne constituait pas de protection contre le G4.

Faut-il s’inquiéter ?

Interrogé par BBC News, le Pr Kin-Chow Chang déclare que bien que ce nouveau virus ne soit pas un problème immédiat, “nous ne devrions pas l’ignorer”.

En théorie, une pandémie de grippe peut se produire à tout moment mais ces événements demeurent relativement rares. En effet, pour qu’elle prenne place, une nouvelle souche doit apparaître et cette dernière doit se transmettre facilement d’humain à humain.

Le professeur James Wood, à la tête du département de médecine vétérinaire à l’université de Cambridge voit en cette étude un “rappel salutaire” que nous sommes “continuellement à risque de voir de nouveaux pathogènes émerger, et que les animaux d’élevage, avec qui l’être humain est plus en contact qu’avec des animaux sauvages, peuvent être à la source de virus pandémiques importants”.