Coronavirus : « Les gens pensent que c’est fini mais ce n’est pas le cas »
Apparu à Wuhan en Chine, le coronavirus a rapidement émergé de son foyer d’origine pour se répandre dans plusieurs pays du monde, faisant de plus en plus de victimes. Durant cette pandémie qui a bouleversé le monde, les médecins, les infirmiers ou encore les aides-soignants sont devenus de véritables héros à nos yeux. Tous les jours, ils prennent en charge des patients infectés par le virus et risquent leur vie pour essayer de sauver celle des autres. Dans un article relayé par BBC, un médecin britannique met en exergue les sacrifices faits par le personnel soignant et alerte sur les risques de résurgence de l’épidémie.
Plusieurs pays ont réagi face à cette épidémie en imposant des mesures drastiques, dont le confinement de la population. Mais après des semaines sous cloche, la relance de l’activité économique semblait légitime. Progressivement, les mesures de confinement ont été allégées pour permettre aux citoyens de retrouver un semblant de vie normale.
Mais dans plusieurs pays du monde, l’apparition de nouveaux foyers suscite l’inquiétude du personnel soignant. Depuis la levée de certaines restrictions, nombreux sont ceux qui ont baissé la garde, désireux de “passer à autre chose”. Pour éveiller les consciences sur les risques qui pèsent, le Dr John Wright, médecin et épidémiologiste à l’Hôpital de Bradford, partage les témoignages touchants de certains de ses collègues.
Des témoignages qui appellent à la prise de conscience collective
Si la plupart des personnes ont pu rester chez elles durant la pandémie, les médecins, infirmiers et aides-soignants n’ont pas quitté leur poste. Pis encore, ils ont dû travailler d’arrache-pied dans le but de sauver des vies. En contact avec des patients atteints de la Covid-19, certains se sont séparés de leurs proches pour les protéger. En sachant que le risque de contracter la maladie était multiplié par cinq ou six, le personnel soignant a fait des choix difficiles.
Après avoir discuté avec ses collègues, le Dr Wright lève le voile sur leur quotidien et met l’accent sur leurs renoncements et leurs peurs.
Becky Aird, infirmière
Spécialisée dans la prise en charge des patients atteints de la Covid-19, Becky Aird a décidé de quitter sa maison familiale pour protéger sa mère qui souffrait d’une sclérose en plaques progressive secondaire. Dès le 30 mars, elle a fait ses valises pour se rendre dans un hôtel et continuer à exercer ses fonctions en toute tranquillité d’esprit. Au début, elle était ravie d’avoir l’opportunité de loger dans un hôtel, considérant que cela lui ferait du bien. Mais très vite, la femme s’est sentie extrêmement seule.
Un jour, l’infirmière a reçu une amie à elle, Kelly, dans son service. Infectée par le coronavirus, elle avait du mal à respirer. En rentrant chez elle, Becky ne pouvait pas retenir ses larmes et ne faisait que penser à elle. Par la suite, l’état de son amie s’est amélioré grâce à une assistance ventilatoire mécanique non invasive. Mais Becky n’était pas au bout de ses peines puisqu’elle a continué à travailler dans des conditions lugubres, loin des gens qu’elle aime, et ce, pendant plusieurs mois.
Pour l’infirmière, le plus difficile est de voir que certaines personnes ne respectent pas les mesures barrières et ne se soucient pas des efforts que le personnel médical doit faire chaque jour. “Nous continuons d’admettre des patients dans le service Covid”, révèle-t-elle. “Certaines personnes nous disent qu’elles n’ont pas respecté la distanciation sociale, elles ont été chez leur famille ou dans une autre maison. Je crois vraiment que ça va empirer avant de s’améliorer, parce que je pense que les gens pensent simplement que c’est fini”, déclare-t-elle.
Kristen Sellick, médecin
Jeune médecin, Kristen est allée vivre sur le site de l’hôpital pendant le confinement. En sachant qu’elle était quotidiennement en contact avec des patients atteints de la Covid-19, rester dans son domicile familial était impensable. Séparée des siens, elle a dû trouver le moyen de ne pas sombrer dans la déprime. Le parking de l’hôpital était son exutoire. Elle y passait son temps libre, plongée dans ses lectures.
“C’est difficile de ne pas côtoyer sa famille ou les gens que vous aimez, et un appel téléphonique n’est pas vraiment suffisant”, explique Kristen. Pour elle, le plus difficile était de voir des patients dans un état sévère et de parler à ses proches le soir venu. Elle essayait de les rassurer, tout en ayant le coeur serré.
Néanmoins, elle a pu vivre un moment de joie lorsque le premier patient sous ventilation a pu s’en sortir. Le médecin a réalisé que son rôle était déterminant, et que c’est un réel bonheur de sauver des vies. Toutefois, la femme aimerait pouvoir rejoindre ses proches incessamment sous peu, mais en raison du nombre de cas admis chaque jour à l’hôpital, elle n’envisage pas encore son retour à la maison.