« Il peut sauver des vies » Les scientifiques découvrent un médicament qui diminue la mortalité des patients gravement atteints par le coronavirus
À l’heure où le nouveau coronavirus continue sa propagation dans le monde et où les cas de contamination ont franchi la barre des 8 millions, l’essai clinique Recovery dévoile des résultats préliminaires qualifiés de “percée majeure” par les autorités sanitaires au Royaume-Uni. Rendus publics ce mardi 16 juin, ces derniers indiquent qu’un médicament de la famille des stéroïdes améliore la survie des patients gravement atteints par la maladie du Covid-19. Dans la foulée, le gouvernement britannique a annoncé son utilisation immédiate. L’information a été relayée par nos confrères du journal Le Monde.
Il s’agit de la dexaméthasone, un corticoïde largement disponible et utilisé pour traiter des affections d’origine auto-immune ou inflammatoire. Inclus dans l’essai Recovery, aux côtés de l’hydroxychloroquine, du lopinavir-ritonavir, du tocilizumab, de l’azithromycine et du plasma de convalescents, ce serait le premier médicament à avoir réduit d’un tiers la mortalité des patients gravement atteints par le nouveau coronavirus.
“Le premier médicament à améliorer la survie des patients”
Selon les premiers résultats annoncés par les chercheurs, le traitement à la dexaméthasone “réduirait d’un tiers la mortalité des patients placés sous assistance respiratoire mécanique et d’un cinquième chez ceux recevant simplement de l’oxygène”, indique Le Monde. Cela signifie qu’1 décès sur 8 et 1 décès sur 25 pourraient respectivement être évités pour les malades placés sous respirateur ou sous oxygène.
L’essai clinique randomisé a mis en lumière “un avantage significatif” chez les 2014 participants qui se sont vu attribués le corticoïde de manière aléatoire, en comparaison avec 4300 patients qui ont reçu des soins standards. Les résultats les plus importants ont été constatés chez les patients placés sous respirateur, leur mortalité ayant été réduite d’un tiers. Celle-ci n’a toutefois pas changé de manière significative pour les malades ne nécessitant aucune assistance respiratoire.
Peter Horby, l’un des chercheurs en chef de l’essai clinique indique que “la dexaméthasone est le premier médicament à avoir montré qu’il améliorait la survie” des patients en cas d’infection. En effet et pour la première fois, un essai clinique randomisé d’une ampleur importante met en évidence l’effet net d’un traitement sur la mortalité liée au virus Sars-CoV-2, précise Le Monde.
Jean-Daniel Lelièvre, chef du service de maladies infectieuses à l’Hôpital Henri Mondor se montre plus prudent, dans l’attente de voir l’étude en entier. Mais ce dernier juge tout même les résultats de l’essai “intéressants”, signalant à nos confrères de France Info que “si l’étude est confirmée, c’est une très bonne nouvelle” puisque le médicament est disponible dans de nombreux pays, en plus d’être facile d’accès.
“Une percée scientifique” saluée par l’OMS
Sur Twitter, Chris Whitty, médecin-chef en Angleterre a révélé qu’il s’agissait du “résultat d’essai le plus important jusqu’à présent pour la Covid-19”. “Une percée scientifique” saluée par l’Organisation Mondiale de la Santé après avoir eu accès aux premières informations des chercheurs. “Nous espérons vivement connaître l’analyse complète des données dans les prochains jours” a indiqué l’organisation onusienne qui souhaite conduire une “méta-analyse” des recherches en vue d’une actualisation de ses directives pour savoir “comment et quand le médicament devrait être utilisé” contre le nouveau coronavirus. Tedros Adhanom Ghebreyesus, patron de l’OMS a également dévoilé son enthousiasme. “ »C’est le premier traitement avéré qui réduit la mortalité chez les patients atteints par le Covid-19 sous assistance d’oxygène ou de respirateur », a-t-il déclaré.
En effet, si ce dernier avait été prescrit aux patients hospitalisés au Royaume-Uni, la BBC indique que 5000 vies auraient pu être sauvées. Le pays qui déplore désormais 42 000 morts a annoncé qu’il allait mettre immédiatement à disposition des patients concernés le médicament qui coûte aux alentours de 60 euros.