Anxiété et dépression : pourquoi des médecins prescrivent le jardinage plutôt que les médicaments

Publié le 3 janvier 2020

Les conditions de vie étant devenues particulièrement difficiles ces dernières années, de plus en plus de personnes semblent souffrir d’un mal-être intérieur qui se manifeste à travers de l’anxiété ou encore la dépression. Afin de lutter contre ce mal, les professionnels de la santé prescrivent généralement des traitements médicamenteux. Pour éviter d’y avoir recours, des médecins de Manchester ont découvert une alternative pour le moins surprenante : le jardinage. The Independent et Paris Match font le point sur cette nouvelle forme de thérapie.

Encastré dans des villes, cerné d’immeubles et d’habitations, l’être humain est depuis des années coupé de ce qui autrefois fut son seul environnement : la nature. Pourtant, de plus en plus de personnes prennent conscience de l’importance de cette dernière pour notre bien-être. Jardins, plantations et potagers investissent les espaces urbains, favorisant ainsi le plaisir des sens. Cette tendance est également observée chez une myriade de médecins qui, pour traiter leurs patients souffrant de dépression et d’anxiété, leur recommandent une alternative 100% naturelle à base d’exposition à la nature et de jardinage communautaire.

L’exposition à la nature améliore le bien-être général

Plusieurs études confirment ce constat. Comme le rappelle le Figaro, en 1986, deux scientifiques, Ulrish et Simons, attestaient déjà du pouvoir des plantes quant à l’amélioration de notre bien-être. Ils affirmaient ainsi que la vue de la végétation permettait de diminuer les symptômes associés au stress, notamment en favorisant la détente musculaire, en diminuant la pression artérielle et en rééquilibrant le rythme cardiaque.

Aujourd’hui, et comme l’indique le Journal de Montréal, c’est Richard Kimberlee, un chercheur de University of the West of England, qui vient confirmer cette assertion. Il explique d’ailleurs que dans la région du Devon, un programme de jardinage a été instauré pour les personnes souffrant de troubles mentaux.

La main verte et l’esprit sain

Si le fait d’être exposé à la nature contribue déjà de façon significative à améliorer le moral ainsi que la santé mentale, le jardinage y apporte lui aussi sa graine. Des scientifiques ont découvert que le jardinage était hautement bénéfique pour la santé de manière générale. En effet, cette activité permettrait non seulement de se rapprocher de la nature et se sentir en harmonie avec elle, mais également de donner vie à un projet dont on peut s’occuper continuellement.

Le jardinage communautaire contre la dépression et l’anxiété

Afin de lutter contre des maux tels que la dépression ou l’anxiété, des médecins de Manchester conseillent à leurs patients de se consacrer au « jardinage communautaire », c’est-à-dire de pratiquer cette activité dans le cadre d’un projet de groupe plutôt que de façon individuelle. La raison derrière cela est que le fait de jardiner dans un cadre communautaire est susceptible d’encourager les patients à adopter des comportements plus sains en s’inspirant les uns des autres. Augusta Ward, la secrétaire médicale du cabinet à l’origine de cette idée, explique au journal The Indépendant, que les plantes qu’ils donnent aux patients sont principalement des herbes aromatiques comme la citronnelle et la menthe puis d’ajouter « Avoir quelque chose dont on peut prendre soin apporte tant d’avantages aux gens (…) Le jardinage est alors une raison pour revenir au cabinet et s’impliquer dans toutes les autres activités ».

Un sentiment d’appartenance

Le fait de participer à un projet communautaire octroie le sentiment d’appartenir à un groupe, et ce fort sentiment communautaire contribue de façon significative à l’amélioration de la santé des individus. En effet, le jardinage communautaire requiert une certaine coopération et une planification collective qui créent un sens de communauté et permettent par la même occasion aux participants de se sentir entourés. Le Dr Philippa James, faisant partie des membres médicaux actifs dans l’opération confie avoir relevé à quel point les patients se détendaient dans le jardin et s’impliquaient dans les évènements. Elle ajoute : « Il y a aujourd’hui beaucoup de preuves qui montrent que 2 heures par semaines dans un espace vert peuvent améliorer l’humeur ».

Toutefois, il est à noter que si la méthode semble montrer son efficacité, cette forme de thérapie ne fait pas l’unanimité. Comme le rappelle le Journal de Montréal, une étude parue en 2016 dans le British Medical Journal a révélé que des recherches plus approfondies étaient nécessaire pour confirmer l’efficacité de ces méthodes.