Avoir ses règles pour une personne trans non-binaire : « Nous devons arrêter d’associer les règles à la féminité »
Si les personnes transgenres ont longtemps été stigmatisées, elles sont aujourd’hui mieux intégrées. Pour nous donner un aperçu de ce que peut être le quotidien d’une personne transgenre et non-binaire, Caroline Colvin, journaliste, nous partage son récit, et nous parle des menstruations lorsqu’on est dans son cas.
Il faut l’avouer, malgré l’évolution des mentalités, il est aujourd’hui toujours difficile d’être accepté en tant que personne transgenre, c’est à dire une personne dont l’identité sexuelle ne correspond pas au sexe biologique. Si ces poupées trans destinées aux enfants continuent de diviser l’opinion,les témoignages de personnes trans nous aident à les comprendre. Voici le récit de Caroline Colvin qui a été partagé sur le site du magazine Health.
Des premières menstruations dans l’angoisse
Caroline Colvin est une personne transgenre non-binaire. C’est à dire qu’elle ne s’identifie ni en tant qu’homme ni en tant que femme. Elle commence son récit en se remémorant ses premières menstruations. C’était un jour d’école, Caroline ne se sentait pas bien et a dû s’excuser pour aller aux toilettes. C’est à ce moment, en remarquant le sang sur le papier toilette qu’elle comprend enfin ce qu’il lui arrive. Elle vit ses premières menstruations. Caroline se rappelle avoir été assez nerveuse à l’idée de demander un tampon hygiénique à sa mère.Ce souvenir angoissant et teinté de honte restera longtemps dans la mémoire de cette jeune personne.
Caroline se bat contre la mauvaise connotation des menstruations
Caroline montre du doigt une mentalité qui lui semble archaïque. Pourtant, les règles sont un phénomène biologique tout à fait naturel, il n’y a donc aucune raison de les garder secrètes. Au contraire, Caroline prône l’honnêteté et l’ouverture d’esprit concernant le corps féminin. Elle tient toutefois à saluer le collège pour filles catholique où elle est allée. Les professeurs de cette école ont toujours pris au sérieux les filles qui ont souhaité se rendre chez l’infirmière pour une protection hygiénique.
Avoir des menstruations en étant transgenre
C’est à son adolescence que petit à petit, Caroline parle ouvertement de ses menstruations à ses proches, étant curieuse de voir leur réaction. Il est vrai que la plupart des personnes ne sont pas très à l’aise dans ce sujet de discussion. Caroline explique que cela est le signe d’un sexisme profond. Pour elle, avoir honte de ses menstruations n’a pas lieu d’être.Le sexisme envers les femmes est malheureusement toujours une réalité, l’histoire de cette femme expulsée de la piscine à cause de son maillot de bain en est la preuve. En 2019, Caroline passe sa transition et devient une personne transgenre non-binaire.
L’hygiène féminine, un marketing « transphobe »
Après sa transition, Caroline a fait face à une situation inédite. Elle ne s’identifie pas en tant que femme et pourtant, tous les produits liés aux menstruations tels que les tampons, les serviettes hygiéniques et les produits contre les douleurs des règles sont commercialisés en tant que produits « d’hygiène féminine ». Caroline se sent donc quelque peu exclue dans les rayons des supermarchés. Lui vient alors cette réflexion : « Est-ce si dur de ne pas mettre une figure féminine sur les boîtes de tampons ? ». Oui, « la plupart des femmes ont des règles » mais qu’en est-il alors des hommes transgenres ? Pour Caroline, ils ont également droit à une représentation. Découvrez d’ailleurs 15 photos de cet homme trans qui a accouché.
Qu’est-ce qu’être transgenre ?
Être une personne transgenre signifie que le sexe de naissance ne correspond pas à son identité sexuelle. À l’inverse, lorsque l’identité et le sexe biologique correspondent, on parle alors de personne cisgenre.
Il est intéressant de noter qu’être transgenre a longtemps été associé à des troubles psychiatriques notamment par la DSM. Aujourd’hui, elles sont de plus en plus intégrées dans la société et représentées médiatiquement.
Lorsqu’une personne accepte le fait que son identité sexuelle ne correspond pas à son sexe biologique, elle peut éventuellement avoir recours à un changement de sexe et/ou à un traitement hormonal comme le note la CNCDH.