« Belle et radieuse à 100 ans » Les photographies d’Arianne Clément mettent en lumière la sensualité de la vieillesse
Nous avons tendance à avoir peur de l’âge qui avance et de notre propre vieillesse. La fatigue du corps s’amoncelle et celle de l’esprit s’annonce avec des signes qui ne sont pas toujours flatteurs. On nous traite de vieux sénile ou de vieille mégère et on nous prive du privilège de jouir de la sensualité de notre corps, du désir et de la sexualité, pourtant toujours présents, à tel point que l’amour charnel entre deux personnes vieillissantes est vu comme un tabou, un sujet à ne pas aborder, voire inconcevable.
Si certaines personnes en âge avancé pensent que les rapports sexuels représentent une partie de plaisir dans leur vie, d’autres au contraire, aimeraient que ce soit le cas. Il est vrai que la réalité physiologique vient rattraper ces personnes avec l’accroissement de certaines maladies de la vieillesse et le décroissement du désir. Ceci étant, elles projettent une image déconcertante de leur corps et le voient comme peu désirable et ne lui accordent plus l’importance qu’il mérite.
Mais il n’en reste pas moins que ce n’est pas le cas de tous ces seniors, puisque certains gardent le goût de vivre, d’aimer et de désirer et accordent une bonne qualité de vie à leur couple. Pourtant, personne n’est prêt à abandonner les clichés de la beauté et de la sexualité qui ne s’apparentent qu’à la jeunesse.
Bien de seniors gardent leur âme d’enfant, un état bien appuyé par la citation d’Albert Cohen « Dans la glace je me regarde et, si âgé que je sois, je considère l’enfant de ma mère, l’enfant que je suis en secret, l’enfant que je serai toujours ». Dans ce contexte, une photographe, s’intéressant de près à la beauté des centenaires, a mis au-devant de la scène ces protagonistes hors du commun.
La photographe qui a su miroiter la beauté des seniors
Arianne Clément avec un Master à l’Université des Arts de Londres en poche, est une fervente adepte de la découverte de la beauté dans chaque univers.
Elle est particulièrement subjuguée par la beauté cachée à travers ses contrastes. Ses photos capturées de par le monde, dévoilent la cruauté, l’angoisse, la compassion, la sérénité mais aussi la passion. Dépeints en noir et blanc, ses sujets sont sublimés par une lumière qu’elle pense plus importante que la couleur.
Son intérêt s’est porté ces dernières années sur la beauté de la vieillesse. Dans une société où la beauté rime avec jeunesse, elle met en avant à travers ses photos la sensualité cachée de la vieillesse que la plupart tendent à occulter, voire dénigrer. Cette idée du vieillissement qui fait peur, elle la bouscule et l’embellit à travers des clichés qui mettent en avant la beauté du corps des centenaires mais pas uniquement. On y décèle une beauté plus subtile, qui est celle de l’âme et de l’esprit.
Souvent marginalisée en raison des normes sociales, la beauté du corps de ces femmes, affichée par la célèbre photographe, est représentative de l’amour, de l’expérience des années, des rituels de beauté et de l’envie irrépressible de garder une sensualité forte malgré l’âge ; un besoin de vivre sa vie avec passion.
L’art du vieillissement exposé
La célèbre photographe a été inspirée par des protagonistes comme Marie-Berte Paquette, une centenaire animée par une joie de vivre et un caractère rebelle, qui refuse d’être évaluée selon les normes d’esthétiques dominantes. L’exposition de l’artiste a vu également l’affichage de photos de nu, dévoilant l’intimité d’un couple, acceptant sans crainte leur corps.
La photographe travaille actuellement sur un projet portant sur les zones bleues, les cinq régions du monde où l’espérance de vie est la plus élevée et la structure familiale plus affirmée. Dans ces parties du globe, les personnes âgées sont respectées et vivent dans les maisons de leurs enfants au lieu d’être envoyées dans des maisons de retraite.
Sur les photos d’Adrianne Clément, on y décèle une vérité exceptionnelle marquée par l’authenticité de la nature et la beauté humaine.