Comment apprendre à un enfant que personne ne peut toucher son corps
Les enfants sont éduqués sur plusieurs façons de se protéger. Pourtant, la sécurité du corps ne leur est enseignée qu’à un âge beaucoup plus avancé, puisque souvent, les parents ne s’y prennent que bien tard. Les enfants n’étant pas à l’abri des abus sexuels, il est important de les armer de connaissances et des bonnes mesures préventives.
La question des abus sexuels reste souvent difficile à aborder pour les parents quand il s’agit de prévenir les enfants des éventuels dangers qu’ils peuvent encourir. Selon un sondage national du CS Mott Children’s Hospital portant sur la santé des enfants, de nombreux parents tardent à parler à leurs enfants des risques d’attouchements inappropriés.
Les recommandations d’experts sur la « sécurité corporelle » ne sont pas pour autant appliquées par la majeure partie des parents d’enfants d’âge préscolaire. Ainsi, la discussion n’est souvent pas entamée de peur d’effrayer un enfant encore « trop jeune ». Pourtant, selon les Centers for Disease Control and Prevention, ce sont environ une fille sur quatre et un garçon sur 13 qui subissent des abus sexuels.
Pour autant, il est à retenir que pour chaque enfant, qu’importe son âge, il existe des moyens adaptés pour lui faire réaliser l’importance de protéger son corps. Alison Dickson, pédiatre à l’hôpital d’enfants de Mott, partage des conseils à destination des parents désireux de protéger correctement leurs enfants, pour que ces derniers sachent comment se comporter en cas d’abus sexuel. On en veut pour preuve, l’histoire d’une fille de 9 ans qui a subi des attouchements sous prétexte que son agresseur ait voulu l’éduquer sexuellement.
1. Rappelez à vos enfants qu’ils sont « les maîtres » de leur corps
Dès l’âge de deux ans, vous pouvez parler de sécurité corporelle aux enfants. Ceux-ci doivent comprendre que leur corps n’appartient qu’à eux et que par conséquent, il est important qu’ils en prennent soin. La pédiatre conseille de leur dire : « C’est votre corps ». C’est l’affirmation à formuler à l’enfant qui doit réaliser qu’il y a ici, une nécessité de se protéger et de garder son corps en sécurité.
L’experte poursuit en proposant aux parents de marquer leurs actions par des mots explicatifs. Exemple : « Nous devons protéger ton corps. Dans ce cas, nous allons attacher ta ceinture dans le siège auto ». Le même principe devrait d’ailleurs s’appliquer à des mesures simples telles que la consommation d’aliments sains, regarder à droite et à gauche au moment de traverser ou encore de porter des casques de vélo.
En outre, il est important que les parents permettent aux enfants de s’exprimer quand quelque chose les importune. Auquel cas, il faut qu’ils apprennent à dire « non » et même à formuler leur refus d’une situation. Aussi, il est important d’apprendre à l’enfant de ne laisser personne regarder ou toucher ses parties intimes, et de dire Non. Apprenez-lui à quitter cette personne et d’aller vers une autre en qui il a confiance pour lui raconter les faits.
Voici un exemple formulé par l’experte, que l’enfant peut exprimer : « arrête, c’est mon corps et je veux le garder en sécurité ». C’est un type de phrases à formuler aussi poliment que fermement pour que les autres respectent les limites de l’enfant.
2. Qu’importe la nature des contacts, ne les forcez pas à les établir
L’important ici est de faire réaliser aux enfants qu’ils ont le contrôle de leur corps. En fonction de l’enfant et de son développement, il peut être mal à l’aise « à différents moments pour différentes raisons », explique la pédiatre. Il est donc important de ne pas le forcer à exprimer de l’affection et un contact physique avec qui que ce soit.
Pour autant, l’experte déclare que s’il est trop timide pour saluer une personne, le parent peut montrer l’exemple. Par exemple « Tante Jenny est là ! tu peux lui faire un câlin ou lui taper la main. ». De plus, même s’il s’agit de la famille, il ne faut assurément pas forcer un enfant à enlacer ou à embrasser une personne s’il ne le souhaite pas.
3. Utilisez des mots appropriés pour l’anatomie
Comme l’explique la pédiatre, il faut éviter de donner des surnoms à certaines parties du corps de l’enfant. Les enfants peuvent ressentir la gêne des parents et associer cela à la honte. Elle propose ainsi d’apprendre aux enfants les véritables noms en leur déclarant que « ce sont les termes du docteur ». Cela permettra à l’enfant de parler de ces sujets avec plus de facilité. En l’occurrence, il ne ressentira pas d’embarras quand il désirera poser des questions.
4. Utiliser le bon ton
Bien qu’il puisse sembler ardu pour certains parents d’aborder des sujets sensibles devant les enfants, il y a plus d’un moyen pour faciliter la tâche. Il est par exemple possible d’en parler sur le chemin d’un examen médical, à l’heure du bain ou avant les cours de natation. C’est plus facile d’aborder ces sujets si le cadre s’y prête.
La spécialiste rappelle à ce propos qu’il faut éviter de gronder l’enfant ou de rire quand il pose une question inhérente à son âge. Cela s’applique également si la question relève d’une curiosité qui est susceptible de gêner. D’ailleurs, la parole ne représente pas la seule manière de véhiculer les idées. Il existe des moyens d’éducation comme les livres d’images pour enfants qui peuvent accompagner les mots des parents. Il est d’autre part possible de solliciter l’aide de l’école ou celle d’un médecin.
5. Leur apprendre à distinguer le bon toucher du mauvais
Les enfants distinguent difficilement les mauvais touchers des bons. Cependant, ils sont capables de sentir que quelque chose ne va pas à défaut de pouvoir le verbaliser. Il convient donc pour les parents de les informer des différents types de touchers.
En ce qui concerne les contacts normaux, il s’agira de leur dire qu’ils se distinguent par un caractère bienveillant. Ceux-là peuvent se traduire par une tape dans le dos ou des câlins amicaux. Pour ce qui est des mauvais touchers, il faut révéler aux enfants que ceux-là affectent leur corps et leurs sentiments. Ils peuvent se traduire par exemple par un pincement ou un coup. En outre, comme le dit la pédiatre, tout cela « va au-delà du corps ». Dans le même registre, il existe certains signes pouvant révéler si une personne a été victime d’abus sexuels durant son enfance.