Coronavirus : “ce n’est pas la dernière pandémie à laquelle nous allons être confrontés” alertent des scientifiques
Depuis que le nouveau coronavirus a émergé en Chine, son foyer d’origine, l’épidémie a fait des dizaines de milliers de morts dans les quatre coins de la planète. Très rapidement, plusieurs pays du monde ont enregistré des cas d’infection, incitant certains gouvernements à fermer leurs frontières et à imposer un confinement à la population en vue d’endiguer l’épidémie. La Covid-19, qui peut s’avérer bénigne chez certains, peut dans les cas graves mettre en jeu le pronostic vital. Si les populations du monde entier espèrent que cette pandémie soit la dernière, des scientifiques au Royaume-Uni ont révélé à BBC que les maladies liées à la faune sauvage peuvent provoquer des pandémies futures et restent une menace pour l’Homme.
Le virus, dénommé Sars-CoV-2, a été découvert en décembre 2019 dans un marché d’animaux sauvages dans la province de Hubei à Wuhan. Dès lors, plusieurs personnes sont tombées malades, contraignant les autorités locales à fermer le marché et à adopter des mesures pour enrayer la transmission du virus.
Le 24 février, le Congrès national du peuple a décidé d’interdire le commerce, le transport et la consommation d’animaux sauvages à des fins alimentaires. Depuis que plusieurs pays du monde ont imposé à leurs habitants de se confiner chez eux, la faune sauvage semble reprendre ses droits.
En France, des oiseaux, des canards, des cerfs ou encore des sangliers ont été surpris dans des espaces urbains. En sus, les restrictions des déplacements et l’arrêt de l’activité ont engendré une baisse des émissions de gaz carbonique dans le monde. Pour autant, si l’heure est au déconfinement, les scientifiques de l’université de Liverpool au Royaume-Uni encouragent le monde à mieux se préparer à des pandémies à venir.
“Ce n’est pas la dernière pandémie à laquelle nous allons être confrontés”
Les scientifiques spécialisées dans la prévention des pandémies se sont penchés sur les conditions susceptibles d’engendrer de nouvelles maladies transmises par la faune sauvage. Dans le cadre de leurs travaux, ils ont évalué le comportement de l’Homme et son impact sur la biodiversité.
L’objectif de leurs recherches étant de fournir un contenu qualitatif, permettant de mieux se prémunir contre des pandémies futures. “Au cours des 20 dernières années, nous avons eu six menaces importantes – Sras, Mers, Ebola, grippe aviaire et grippe porcine”, a rappelé Matthew Baylis, professeur à l’Université de Liverpool.
Pour lui, l’Homme a pu éviter cinq pandémies, mais la sixième a fini par sévir : la Covid-19. Le professeur a expliqué qu’un examen approfondi des maladies causées par les animaux sauvages était nécessaire, d’autant plus que les pandémies ne peuvent être prédites.
Dans ce sens, l’équipe de chercheurs a établi des schémas prédictifs permettant de mettre au point une base de données et d’anticiper toutes les maladies liées à la faune sauvage. Ce système aiderait à identifier les bactéries, parasites, et virus, susceptibles de contaminer des espèces animales. En sus, lorsque l’agent pathogène est jugé prioritaire, les chercheurs tenteront de mettre en oeuvre des traitements avant l’apparition d’une épidémie.
Le comportement de l’Homme favoriserait les épidémies
Pour les scientifiques, le comportement des êtres humains, à savoir la déforestation et l’empiètement de l’Homme sur l’habitat des animaux sauvages, participe à la transmission des maladies des animaux aux individus. Kate Jones, professeure à l’University College London, a expliqué que “les écosystèmes transformés par l’homme et présentant une biodiversité plus faible, tels que les paysages agricoles ou de plantation, sont souvent associés à un risque accru de nombreuses infections chez l’homme”.
En sus, l’experte a ajouté que parmi les animaux pointés du doigt, les rongeurs étaient plus à même d’héberger et de transmettre des agents pathogènes à l’être humain. “La perte de la biodiversité peut créer des paysages qui augmentent les contacts risqués entre l’homme et la faune et augmentent les risques que certains virus, bactéries et parasites se répandent chez l’homme”, conclut-elle.
La pandémie actuelle doit servir de leçon aux populations mondiales
En 1999, le virus Nipah a été découvert en Malaisie. Transmis par des chauves-souris frugivores à des porcs dans un élevage, cet agent pathogène a causé la mort de 100 personnes travaillant dans cet endroit. Cet exemple montre que la manipulation d’animaux sauvages est un facteur de risque des épidémies.
“Cela s’est produit tout au long de notre interaction avec le monde naturel”, a rappelé le professeur Eric Fevre, de l’université de Liverpool avant d’ajouter que “ce genre d’événement est susceptible de se reproduire encore et encore”. Néanmoins, si chacun prend conscience de la corrélation entre ses habitudes de vie et leur impact sur l’environnement, un changement peut s’opérer.
“Toutes les choses que nous utilisons et prenons pour acquises, la nourriture que nous mangeons, les matériaux de nos smartphones ; plus nous consommons, plus quelqu’un gagnera de l’argent en les extrayant et en les déplaçant dans le monde”, explique le chercheur qui conclut en émettant une dernière recommandation: « Il nous incombe donc à tous de réfléchir aux ressources que nous consommons et à l’impact qu’elles ont ».