Coronavirus : il y a actuellement une explosion des prescriptions de l’hydroxychloroquine

Publié le 17 mai 2020

Depuis l’apparition du nouveau coronavirus, la mobilisation de la communauté scientifique se poursuit en vue de trouver un traitement efficace contre la maladie. Alors que la pandémie a fait plus de 297 259 morts dans le monde jusqu’à aujourd’hui, c’est une véritable course contre la montre que mènent les chercheurs. En sus, l’assouplissement des mesures de confinement suscite chez certains une inquiétude légitime. Depuis le début de la crise sanitaire, le professeur Didier Raoult, figure controversée du monde médical, prône l’usage de l’hydroxychloroquine pour soigner les malades du Covid-19. Aujourd’hui, malgré les polémiques à ce sujet, le média La Provence annonce  que le traitement plébiscité par le professeur marseillais a été suivi par de nombreux professionnels de santé. 

Depuis le début de l’épidémie, le traitement du Covid-19 proposé par le professeur Raoult divise la communauté médicale et scientifique. Fervent défenseur de l’usage de l’hydroxychloroquine combinée à l’azithromycine, le directeur de L’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille avait affirmé détenir l’antidote pour lutter contre le Sars-CoV-2. Le gouvernement français avait privilégié la prudence, alors que le professeur marseillais mettait l’accent sur la nécessité d’agir dans l’urgence. Décrié pour son manque de responsabilité, Didier Raoult semble tourner le dos au Conseil scientifique et avancer ses propres conclusions.

La bithérapie proposée par le docteur Raoult serait-elle convaincante ?

Malgré les alertes du gouvernement contre les potentiels effets cardiaques de l’usage de l’hydroxychloroquine, certains médecins semblent s’être laissés convaincre par le protocole vanté par l’infectiologue marseillais. Ce dernier indiquait que pour soigner le Covid-19, il fallait combiner l’hydroxychloroquine, un dérivé de la chloroquine, un médicament contre la paludisme et l’azithromycine, un traitement antibiotique couramment utilisé pour traiter les infections des voies respiratoires. Le 25 février, le professeur Raoult a expliqué sur une vidéo que “500 grammes de chloroquine par jour pendant dix jours, c’est recommandé pour tous les cas positifs au coronavirus chinois !” Le professeur Raoult avait réalisé une étude scientifique dans son institut pour appuyer ses allégations, révèle France 3.

Dans cet essai, l’infectiologue a administré de la chloroquine à 24 patients souffrant du Covid-19 et aurait fini par conclure que ce traitement était “le moins cher et le plus simple” pour soigner cette maladie. Depuis cette annonce, de multiples débats ont vu le jour. Certains considéraient que plus d’essais scientifiques étaient nécessaires avant de pouvoir valider un traitement contre cette maladie. D’autres soutenaient le professeur Raoult en rappelant que dans cette crise sanitaire, le temps s’avère précieux au vu du nombre de morts recensés quotidiennement et que la prescription de chloroquine était légitime.

Une hausse des prescriptions de chloroquine et d’hydroxychloroquine

Malgré toute cette polémique, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de Santé (ANSM) a constaté une hausse notable de la prescription de cet antipaludéen avec près de 450 prescriptions le 27 février, révèle le média La Provence. La semaine suivante, le coronavirus gagnait du terrain et l’épidémie commençait déjà à prendre de plus en plus d’ampleur dans l’Hexagone.

Face à la psychose grandissante, le médecin marseillais a multiplié ses interventions en s’accrochant formellement à son idée : l’hydroxychloroquine serait un traitement efficace contre le Covid-19. C’est ainsi qu’une étude de pharmaco-épidémiologie menée par l’ANSM a révélé que “le nombre de personnes avec délivrance sur ordonnance de chloroquine ou d’hydroxychloroquine a fortement augmenté, particulièrement en Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur”.

Pour avancer ces affirmations, les auteurs de l’étude ont évalué 466 millions d’ordonnances délivrées à 51,6 millions de français affiliés au régime général de Sécurité sociale depuis le début de l’épidémie. Ils précisent que “les délivrances d’hydroxychloroquine ont été plus tardives et plus massives que celles de chloroquine. Ainsi, un pic a été atteint le 18 mars”. Ce jour-là, qui marquait le lendemain du confinement imposé par le gouvernement, près de 5000 personnes ont reçu une ordonnance médicale leur permettant de se procurer de l’hydroxychloroquine. En sus, certains usagers réguliers de ce médicament qui traite la polyarthrite rhumatoïde et le lupus s’inquiétaient de ne plus trouver du Plaquenil – nom commercial du médicament – en pharmacie.

Par ailleurs, l’étude montre que ledit traitement a été prescrit majoritairement à Paris, avec 64,2 prescriptions pour 100 000 habitants. Dans les Bouches-du-Rhône, dans le Var et dans la Corse-du-Sud, pour 100 000 habitants, on dénombre respectivement 57,5, 41,4 et 39,4 prescriptions. Pour freiner cet engouement face à ce traitement et pallier une éventuelle rupture de stocks, le gouvernement a mis en place un décret pour restreindre l’usage de chloroquine aux cas graves admis en milieu hospitalier. Mais malgré la publication de ce décret ainsi que le manque de preuves quant à l’efficacité de ce traitement, les médecins de ville peuvent toujours le prescrire pour traiter des cas de Covid-19, comme l’explique LCI.