Coronavirus : la ville la plus touchée d’Italie veut que vous voyez comment le Covid-19 affecte ses hôpitaux
Le coronavirus a donné lieu à une véritable crise sanitaire à l’échelle mondiale. En Italie, le bilan s’élève à 5500 décès, dépassant ainsi le nombre de morts en Chine, foyer d’origine de l’épidémie. Dans la journée du dimanche 22 mars, près de 650 personnes ont perdu la vie en Italie. Le combat acharné contre l’épidémie épuise le personnel soignant qui peine à voir le bout du tunnel. Dans un témoignage relayé par Euronews, Sky News et Business Insider on découvre l’ampleur de cette catastrophe sanitaire dans les hôpitaux de la ville de Bergame.
Depuis le 11 mars, l’Italie fait face à des mesures drastiques où le confinement total de la population a été envisagé pour freiner l’évolution de la pandémie. En Lombardie, région la plus touchée par la crise sanitaire, les hôpitaux sont submergés et les médecins font face à une surcharge de travail épuisante.
Dans la péninsule, 18 médecins ont perdu la vie à cause de l’infection virale. Ce samedi, le premier ministre italien Giuseppe Conte a annoncé un renforcement des mesures pour endiguer la pandémie. Ainsi, les personnes ne peuvent se déplacer avec un moyen de transport public ou privé dans une commune différente, “sauf pour raisons prouvées de travail, d’urgence absolue ou pour raisons de santé”.
Mais pourquoi la Lombardie compte-t-elle autant de victimes ? C’est la question que l’on ne cesse de poser au moment où cette région fait figure d’épicentre de l’épidémie de coronavirus en Italie. À Bergame, province voisine de Milan, les médecins et infirmiers semblent débordés par la situation actuelle. Le Dr Maria Rita Gismondo, directrice du Laboratoire de microbiologie clinique, virologie et diagnostic des bio-urgences de l’hôpital Sacco de Milano, considère que dans cette région italienne, le Covid-19 “a une agressivité qui ne s’explique pas”.
Des hôpitaux submergés par les malades
À Bergame, le personnel médical est débordé et épuisé. Lorenzo D’Antiga, directeur de l’unité pédiatrique du centre de transplantation de l’hôpital Papa Giovanni XXIII, explique que l’établissement est à présent à court de lits. Une situation alarmante qu’il convient de connaître. “Nous avons saturé la disponibilité de nos lits, nous sommes vraiment en difficulté, nous devons envoyer des patients dans d’autres hôpitaux, toutes les unités de soins intensifs dans la région sont pleines, donc en fait c’est vraiment un gros problème”, a alerté le médecin en s’adressant à Euronews.
Il a précisé que “20 places sont occupées par des personnes atteintes de diverses pathologies et 80 sont occupées par des patients atteints du Covid-19”. Par ailleurs, les personnes les plus vulnérables à l’infection au coronavirus ne sont pas forcément prises en charge. Ainsi, le professionnel a informé que les patients âgés ou atteints de maladies graves ne pouvaient être traités en raison d’un manque d’installations disponibles. “La situation est vraiment dramatique, l’ambiance est vraiment déprimante, les proches ne peuvent pas rester avec les patients pendant leur admission et certains meurent sans personnes autour d’eux. Il est également interdit d’organiser des funérailles donc même la dernière prière ne peut pas être faite correctement”, déplore le médecin.
Dans une vidéo publiée par Sky News, on peut voir les conditions alarmantes d’un hôpital de la ville de Bergame. Les images montrent un nombre très élevé de patients admis en urgence suite à l’infection au Covid-19. Le Dr Roberto Cosentini, chef des soins d’urgence, a déclaré qu’il s’agissait d’une “pneumonie très grave”, précisant que “nous voyons chaque jour 50 à 60 patients qui viennent à notre service d’urgence avec pneumonie, et la plupart d’entre eux sont dans un état si grave qu’ils ont besoin de beaucoup d’oxygène”.
Malheureusement, lorsque la courbe d’infection augmente de façon exponentielle, les tests, les équipements et les ressources de l’hôpital peuvent s’épuiser.
Le personnel soignant est à bout de forces
En Lombardie, l’épidémie contraint les médecins et les infirmiers à redoubler d’effort dans un climat d’angoisse extrême. Le Dr Christian Salaroli, anesthésiste-réanimateur en Lombardie, rapporte qu’aujourd’hui les professionnels de la santé doivent choisir qui soigner.
En effet, les médecins se voient contraints de faire le « tri » parmi les patients qui pourront être intubés “en fonction de l’âge et de l’état de santé.” Malheureusement, les lits en réanimation et les ressources hospitalières ne sont pas proportionnelles aux nombres de personnes infectées par le coronavirus et ce choix est inévitable.
”Si une personne entre 80 et 95 ans a une grave insuffisance respiratoire, il est vraisemblable qu’on ne poursuivra pas. Si elle a une insuffisance multi-organique, de plus de deux ou trois organes vitaux, cela signifie que son taux de mortalité est de 100%”, précise le Dr Salaroli.