Coronavirus : près de 4 millions de Français risquent d’être contaminés au 11 mai d’après les chercheurs
Lors de sa dernière allocution aux Français, Emmanuel Macron a révélé une prolongation du confinement jusqu’au 11 mai en vue de poursuivre les efforts contre la propagation du Covid-19. Mais si cette date est synonyme d’espoir pour les habitants qui cherchent à retrouver leur vie d’avant, elle révèle également, selon des estimations de l’institut Pasteur, que le déconfinement devra être très progressif pour éviter une deuxième vague épidémique. L’information a été relayée par nos confrères de France Info.
C’est dans une prépublication de l’Institut que les chercheurs ont annoncé que 3,7 millions de Français auront été infectés par le nouveau coronavirus d’ici le 11 mai, soit 5,7% de la population. Ces estimations publiées ce mardi 21 avril révèlent un taux bas d’infection en cas de déconfinement total car la France n’aura pas développé une immunité collective suffisante.
L’étude de l’Institut Pasteur menée en collaboration avec l’Inserm et Santé Publique France s’est basée sur des modélisations statistiques et mathématiques. Ces dernières “permettent de croiser les données sur les décès et sur la probabilité de mourir quand on est infecté”, dans le but d’estimer la proportion de la population touchée par le Covid-19, explique France Info.
Le risque d’une deuxième vague épidémique
Selon Simon Cauchemez, auteur principal de l’étude, “Pour que l’immunité collective soit suffisante pour éviter une deuxième vague, il faudrait 70% de personnes immunisées”, or ce dernier souligne que nous sommes “très en dessous”.
Ces prévisions impliquent donc qu’en cas de levée intégrale des mesures établies jusqu’à présent, la possibilité d’un rebond de l’épidémie est à envisager. A cet effet, un déconfinement très progressif s’avère nécessaire précise Edouard Philippe. Pour le Premier ministre, les habitants ne retrouveront « pas tout de suite et probablement pas avant longtemps » leur « vie d’avant ».
Le journal Le Monde note également certains disparités au niveau du taux d’infection en fonction des différentes régions. Ainsi, dans le Grand Est et en Île-de-France, ce dernier atteindrait les 12% en moyenne selon les estimations des chercheurs, soit 12% de la population immunisée, tandis qu’en Bretagne, en Nouvelle Aquitaine ou en Pays de la Loire, le taux chuterait à moins de 2%.
Simon Cauchemez met en avant un intervalle d’incertitude important, compris entre 3 et 10%. Mais le chercheur souligne néanmoins “ »que ce soit 6%, 10% ou même 20%, ça ne change pas vraiment la nature du problème, qui est que dans tous les cas, on sera très loin des 70% dont on aurait besoin pour pouvoir faire une sortie du confinement sans problème ».
Le déconfinement total n’est pas prévu pour le 11 mai
“C’est une date d’objectif : ce n’est pas le déconfinement le 11 mai”, révélait le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. En effet, suite à l’annonce d’Emmanuel Macron, de nombreux politiques ont assuré que la levée du confinement devra être progressive. Parmi eux, Jean Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, qui a également souligné que “Toutes les écoles ne seront pas ouvertes le lundi 11 mai”, annonçant par la même occasion que cela ne se fera pas “du jour au lendemain”.
Ce dimanche 19 avril, Olivier Véran et Edouard Philippe ont tenu une conférence de presse pour détailler les mesures du déconfinement, accompagnés de Jérôme Salomon, directeur général de la Santé et de Florence Ader, professeure et infectiologue à l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon. Selon le chef du gouvernement, “Il va falloir s’habituer pendant longtemps à vivre avec le coronavirus ». En effet, ce dernier révèle que les hôtels, les bars ou encore les restaurants n’ouvriront pas après le 11 mai, car ils ne permettront pas “ »de limiter dans un premier temps la circulation du virus », rapporte LCI.
Concernant les personnes âgées et vulnérables à qui le président avait demandé de rester chez elles et ce, même après le 11 mai, avant de faire machine arrière en appelant à la “responsabilité individuelle”, Olivier Véran a souligné qu’il n’y aurait pas d’obligation à rester confiné. Il précise toutefois que des mesures pourront être mises en oeuvre si ces personnes le souhaitent pour faciliter leur maintien à domicile.
Le télétravail sera également encouragé “dans la mesure du possible”, précise le Premier ministre, déclarant néanmoins que la distanciation sociale et les gestes barrières devront être respectés dans les secteurs professionnels où le télétravail ne peut être instauré.