Coronavirus : selon l’ANSM l’hydroxychloroquine pourrait pousser les patients au suicide
Vantée par le Pr Didier Raoult pour sa prétendue efficacité dans le traitement des patients atteints de la covid-19, l’hydroxychloroquine a ponctué les colonnes des médias. Approuvée par certains, décriée par d’autres, la désormais célèbre molécule est utilisée dans de nombreux pays du monde pour soigner les personnes infectées par le sars-cov-2. Mais encore une fois, le médicament se retrouve dans le viseur des autorités sanitaires. RTL rapporte que selon l’ANSM, l’antipaludique pourrait pousser au suicide. Explications.
Comme tous les médicaments, l’hydroxychloroquine est susceptible d’entrainer des effets indésirables plus ou moins graves. Parmi eux, des symptômes aigus de psychose selon l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM). L’autorité sanitaire a donné l’alerte quant au risque potentiel de suicide des patients traités avec ce médicament.
Des troubles neuropsychiatriques
Depuis le début de la crise pandémique, la chloroquine et sa molécule cousine l’hydroxychloroquine font l’objet de controverses. Recommandé dans certains pays, ce traitement ne fait pourtant pas consensus dans la communauté scientifique.
Alors qu’une étude menée aux Etats-Unis et publiée le 14 mai dernier révélait que le risque d’intubation ou de décès parmi les patients traités avec l’hydroxychloroquine n’était pas plus important ou moindre que celui du groupe témoin, le même jour, l’ANSM a pointé du doigt un autre effet secondaire du médicament.
C’est l’Agence espagnole des médicaments (AEMPS) qui a tiré la sonnette d’alarme. « Nous avons été informés par l’Agence espagnole des médicaments (AEMPS) de la survenue de troubles neuropsychiatriques, notamment des symptômes aigus de psychose, tentative de suicide, chez des patients atteints de la covid-19 et traités par l’hydroxychloroquine » prévient l’autorité sanitaire française.
Puis d’ajouter que : « Ces troubles neuropsychiatriques sont apparus principalement au cours des premiers jours de traitement, à des doses élevées, y compris chez des patients sans antécédents de troubles psychiatriques ».
L’ANSM continue en expliquant que ce risque est déjà connu avec l’hydroxychloroquine et la chloroquine. Cependant, ces effets secondaires pourraient être aggravés par le contexte lié à la pandémie et au confinement.
En réaction, l’ANSM a lancé une évaluation au niveau européen afin que les promoteurs et investigateurs d’essais cliniques utilisant de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine puissent prendre en compte et surveiller ce risque.
Beaucoup de bruit pour rien ?
Dès la mi-mars, la chloroquine et son dérivé l’hydroxychloroquine étaient déjà présentées comme un remède miracle contre le virus le plus tueur de notre temps. Depuis, la molécule antipaludéenne n’a cessé d’être sous le feu des projecteurs, et pas toujours pour les bonnes raisons. Suspectée d’être dangereuse, ses essais cliniques ont dans un premier temps été suspendus par l’OMS. La raison ? une étude parue dans The Lancet qui a conclu à une utilisation « inefficace voire néfaste » du médicament.
Quelques temps après, le monde scientifique a assisté à un véritable retournement de situation : The Lancet s’est retrouvée dans la tourmente. Pour cause, l’obscurité des données utilisées dans l’étude. L’affaire a bousculé l’image d’une de revue scientifique parmi les plus anciennes et les plus respectées au monde.
Au cœur de cette polémique, une voix s’est fait entendre plus que les autres : celle de Didier Raoult. L’éminent scientifique marseillais continue de revendiquer l’efficacité de la molécule. Anticonformiste, le virologue a refusé de suivre les méthodes habituelles de validation scientifique. Pionnier à annoncer son utilisation sur les malades atteints du nouveau coronavirus, celui qui a défrayé la chronique n’en démord pas, il continue de promouvoir les bienfaits de la chloroquine.
Intervenu lors de la commission d’enquête parlementaire sur a Covid-19 qui s’est tenu le 24 juin dernier, le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille n’a encore une fois pas mâché ses mots. Il a notamment dénoncé l’encadrement imposé par l’Etat aux médecins concernant la prescription de la chloroquine aux patients. Il s’est également indigné de la « proportion qu’a pris cette guerre » pour ou contre la chloroquine.