Coronavirus : Un médecin montre les résultats positifs de la Chloroquine sur des patients malades

Publié le 13 avril 2020
MAJ le 17 novembre 2024

Au coeur de l’actualité depuis plusieurs semaines, la chloroquine suscite des réactions diverses et partagées auprès des scientifiques. Mais si son efficacité vantée par le Pr Didier Raoult ne fait pas toujours l’unanimité, certains médecins défendent quant à eux son utilisation en l’absence d’alternatives. Interrogé par Vosges Matin, un praticien lorrain révèle administrer l’antipaludique à ses patients malgré les nombreuses voix qui s’opposent à cette initiative. Pour ce médecin, “c’est ça ou rien” à l’heure où le nouveau coronavirus alourdit quotidiennement le bilan. 

Il a d’abord témoigné sous couvert d’anonymat en raison des critiques de ses confrères, avant de finalement révéler son identité. Il s’agit du Dr Gonzague Retournay, un cardiologue vosgien qui exerce au centre hospitalier de Saint-Dié-des-Vosges. Interrogé par le quotidien régional, le médecin révèle administrer le protocole Raoult à ses patients atteints du Covid-19, soit du Plaquenil associé à de l’Azithromycine.

Un bilan positif

Le Dr Retournay aurait utilisé le protocole Raoult sur une dizaine de patients hospitalisés à cause du nouveau coronavirus. Sur ces malades qui seraient dans un état inquiétant, il révèle n’avoir eu “ni décès ni aucune évolution vers un stade grave nécessitant une réanimation”. Il cite par ailleurs le cas d’une cas d’une patiente de 91 ans qui se serait remise en l’espace de 3 jours. “Tout le monde la disait perdue”, précise le médecin qui révèle qu’une autre patiente de 54 ans risquant la réanimation se serait “transformée en moins de 24h”.

Pour le cardiologue, il s’agit de données observationnelles qui poussent vers un constat positif, soulignant, “ depuis qu’on a commencé, le nombre de décès s’effondre”. Aujourd’hui, il est responsable de 25 patients, tous sous chloroquine en accord avec le protocole du professeur marseillais. Le praticien déclare: “J’ai des patients avec des formes modérées à graves, des jeunes, des moins jeunes, un immunodéprimé et je n’ai toujours constaté aucune aggravation alors que certains ont débuté ce traitement il y a dix jours”.

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“C’est une décision personnelle”

Si de nombreuses voix s’élèvent contre le Dr Retournay, ce dernier n’en est pas moins décidé à suivre la méthode du professeur marseillais, bien qu’il regrette manquer de cadre pour l’appliquer. Pour le cardiologue, si l’efficacité du traitement n’est pas prouvée, “rien ne prouve non plus son inefficacité”. “Face à l’absence de dangerosité, j’ai préféré m’y mettre plutôt que de me dire dans quinze jours que j’ai perdu beaucoup de temps”, déclare le praticien à Vosges Matin.

Il est toutefois conscient des avis qui s’opposent au sien et avoue comprendre leur légitimité. “C’est une décision personnelle”, poursuit le Dr Retournay qui explique, “Un tiers de mes confrères y sont opposés formellement, dont les pharmaciens. Je peux les comprendre car ils ne voient que les études et pas les malades. Moi, j’ai eu des journées jusqu’à neuf morts”. Un constat pesant et difficile pour le médecin qui déplore le décès des patients seuls, loin de leurs familles. Il confie également comprendre le désaccord des réanimateurs, révélant qu’à leur niveau, il est trop tard pour agir. “C’est un traitement à appliquer au début de la maladie”, souligne le cardiologue.

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Des médecins en colère

Parmi les opposants à l’initiative du praticien lorrain, le Dr Damien Barraud qui exerce au CHR Metz-Thionville. Pour ce dernier, les codes de déontologie et de santé publique ne permettent pas d’administrer des traitements non éprouvés. Le médecin-réanimateur dénonce un manque d’éthique en se fiant à ses impressions et en faisant cela “de manière sauvage”.

“L’urgence ne justifie pas de faire n’importe quoi”, martèle le praticien qui déplore des prises d’initiatives aux conséquences encore inconnues et poursuit, “Quelle que soit la molécule étudiée, nous devons absolument nous assurer qu’on ne fera pas plus de mal que de bien en l’administrant ”.

Pour le Dr Barraud, le stress actuel ne doit pas empêcher les praticiens de réfléchir de manière raisonnable et de “travailler dans des cadres clairs”. Il évoque par ailleurs des cas passés qui inciteraient les médecins à la prudence, précisant que des hôpitaux en Suède auraient stoppé l’administration de la chloroquine en raison d’effets secondaires.

En France et à l’échelle européenne, des essais cliniques ont été lancés pour tester son efficacité contre le coronavirus. Pour l’heure, la communauté scientifique en appelle à la prudence.