Couple : Pourquoi de nombreuses personnes sont insatisfaites de leur vie sexuelle ?

Publié le 9 juin 2021
MAJ le 15 novembre 2024

Qu’il s’agisse de baisse du désir ou de perte de libido, l’activité sexuelle peut baisser et engendrer de l’insatisfaction voire des troubles sexuelles. Voici pourquoi de plus en plus de gens sont insatisfaits de ce volet de leur vie conjugale. Cette panne de régime peut amener à consulter un sexothérapeute.

De plus en plus de couples se plaignent d’un manque de rapports, d’épanouissement sexuel ou simplement d’excitation et ressentent un désir d’améliorer la fréquence de leurs ébats. Des spécialistes expliquent cette diminution du désir potentiellement justifiée par une dysfonction physiologique ou un stress.

Les couples insatisfaits de leurs relations sexuelles

Relayée par l’association Relate, cette enquête britannique menée sur 5000 personnes au Royaume-Uni montre que seulement 34% se sentent satisfaits de leur vie sexuelle. Dans ce pays, les hommes ont plus de chances de ressentir de la frustration au lit car ils représentent 0,25% tandis que leurs partenaires constituent 0,2%. Parmi toutes les personnes qui jugent la qualité de leurs rapports insuffisantes, une personne sur cinq attribue cela à une faible libido ou à la différence de leurs pulsions sexuelles. Pour les sexologues, le manque d’intimité émotionnelle représente 84% de cette mésentente tandis que 75% des sondés affirment que cette insatisfaction est issue d’un manque de communication. S’il existe un manque d’informations sur les rapports à la vie sexuelle des hommes français, les femmes, elles, sont plus expressives face à cette frustration. Relayé par nos confrères de LCI, ce sondage mené par l’Ifop en 2018 montre qu’une Française sur trois s’estime insatisfaite de sa vie sexuelle. Cette enquête a collecté les réponses de 6000 femmes européennes et montre que cette insatisfaction est corrélée à une frustration de la vie sentimentale.  François Kraus, directeur de l’expertise explique que plusieurs facteurs peuvent expliquer cela tels que l’injonction à la performance sexuelle qui peut amener à consentir à des pratiques qui ne sont pas épanouissantes pour tous les partenaires. L’expert attribue le fait de rester sur sa faim sur le plan sexuel à « une forte consommation d’antidépresseurs, un taux de chômage élevé, une plus grande difficulté à concilier vie professionnelle et familiale (liée à une plus grande présence sur le marché du travail) ou une situation maritale moins stable au regard des taux de mariage, de vie en couple et de cohabitation sous le même toit plus faibles que dans les autres pays »

Insatisfaction féminine Source : Version Femina

Qu’est-ce qui empêche d’avoir une sexualité épanouie ?

Relayés par nos confères du Huffington Post, les raisons qui se cachent derrière les problèmes sexuels sont plus nombreuses que l’on imagine. Peg Hurley Dawson, sexologue explique que les différences de libido peuvent amener le couple à la consulter. La spécialiste indique que quatre facteurs sont susceptibles de provoquer ce manque d’harmonie dans les envies des partenaires.  Parmi eux, un problème d’origine physique comme des rapports sexuels douloureux, de la fatigue ou un stress sous-jacent qui peut provenir de plusieurs causes. Pour l’experte de ces problèmes liés à la sexualité, la solution est de changer de mode de vie et de mieux communiquer sur ce sujet souvent considéré comme tabou. « Les deux raisons principales que j’ai observées trouvent leur origine dans les antécédents sexuels et psychologiques de chacun, ou même du couple lui-même » souligne Peg Hurley Dawson qui affirme que la libido est étroitement liée à l’entente conjugale. Elle poursuit en expliquant que les partenaires peuvent avoir des libidos différentes et que dans ce cas cela peut résulter de problèmes dans le couple et de sentiments négatifs comme la colère, l’amertume ou la trahison. Des problématiques qui doivent être résolues pour pouvoir combattre le trouble sexuel représentatif de ce manque d’harmonie conjugale. « Une fois que la communication a été rétablie, les difficultés rencontrées dans l’intimité disparaissent souvent d’elles-mêmes » rassure-t-elle.

Troubles du désir Source : Notre temps

Que fait un spécialiste en sexologie pour soigner un trouble du désir ?

Le docteur Michael Aaron, sexologue affirme que cette insatisfaction sexuelle est essentiellement due à une différence de libido. « Les gens commencent souvent une relation avec autant de désir l’un que l’autre mais, après un certain temps, celui d’au moins un des partenaires tend à diminuer » indique-t-il. C’est à ce moment-là que le couple pourra considérer de voir un spécialiste pour résoudre ce problème. Lors de la consultation, le spécialiste commence une enquête où il s’entretiendra séparément et conjointement avec les partenaires pour comprendre ce qu’ils aiment et n’apprécient pas lors de leurs ébats. « Il leur arrive d’éprouver de la rancune, qu’il est important d’entendre avant qu’ils n’acceptent de se livrer » explique-t-il. L’expert a pour objectif de résoudre le manque de communication en proposant des exercices à ses patients pour se réapproprier le plaisir. Parfois, il peut appréhender des blessures affectives qui impactent la vie sexuelle. « C’est un processus d’évolution tout à fait fascinant » s’émerveille-t-il.

« Je travaille aussi sur le développement de l’empathie »

Parfois, le psychologue peut également aborder une thérapie de couple. Kassi Corley, thérapeute et sociologue note que l’insatisfaction sexuelle peut surtout être la résultante de différence de désir entre les partenaires. Pour résoudre ce problème, la spécialiste propose une idée pour se laisser des échappées lors d’un rythme de vie soutenu. « Cela peut passer par un calendrier hebdomadaire, librement consenti, de rapports sexuels » suggère-t-elle. Elle ajoute que même organisés à l’avance, ces instants en couple peuvent être agréables. Kassi Corley analyse que la personne qui a le moins de désir ne communique peut-être pas ses pratiques de prédilection ou ses fantasmes à son partenaire. « Je travaille aussi sur le développement de l’empathie. Souvent, celui des deux qui a le plus de désir a le sentiment que l’autre ne tient pas compte de ses besoins. Je rappelle donc qu’avoir peu de désir n’est pas non plus très amusant » remarque-t-elle. Et pour cause, ils peuvent ressentir de la culpabilité ou le sentiment d’être inadaptés aux besoins sexuels de leur partenaire.

Mésentente sexuelle Source : Psychologie

« Ils préfèrent éviter les conflits et prétendre qu’ils n’ont pas de problèmes »

Stéphanie Buehler psychothérapeute, relate souvent ces expériences avec des patients qui se plaignent du manque de temps pour avoir des moments intimes ou qu’ils ne se sentent pas dans un état d’esprit propices à ces derniers en raison de leur rythme de vie soutenu. Pour l’experte de la santé mentale, le temps ne peut pas être un prétexte pour ne pas faire l’amour. Elle décèle à travers cette excuse un problème plus complexe tel qu’un manque de désir, des troubles sexuels physiologiques, de la douleur pendant les rapports, un manque d’estime de soi ou une mauvaise communication qui engendre un cercle vicieux. Résultat : les partenaires oublient ce ciment de leur vie conjugale et font l’autruche. « Ils préfèrent éviter les conflits et prétendre qu’ils n’ont pas de problèmes, en mettant ça sur le compte du manque de temps, plutôt que d’exprimer et d’explorer leurs besoins intimes et de faire part de leurs désirs à l’autre » analyse-t-elle.

« L’un des problèmes les plus fréquents est le manque de désir »

Cathy Beaton, également psychologue, évoque la maladie comme potentiel moteur de cette insatisfaction du couple vis-à-vis de leur vie sexuelle. Les médicaments ou la pathologie peuvent en eux-mêmes être à l’origine de problèmes sexuels.  Pour la spécialiste, ces facteurs ne sont que la partie émergée de l’iceberg car la qualité des rapports s’est potentiellement détériorée avec le temps. « L’un des problèmes les plus fréquents est le manque de désir. C’est frustrant à la fois pour les patients et pour le thérapeute, parce qu’il n’y a pas de pilule miracle pour ça » déplore l’experte qui affirme que le manque de désir est provoqué par le corps, l’esprit et le couple. La thérapie est une option qui permet d’identifier les évènements qui ont conduit à cette distanciation.

« Un cercle vicieux d’angoisse et de pannes sexuelles »

Sharon L.Bober, psychologue clinicienne a l’habitude d’échanger avec des patients dont les troubles sexuels sont d’origine médicale comme des troubles d’érection liés au diabète ou sont issus d’un traitement médicamenteux. Dans le cas de ces pathologies, c’est plutôt le manque de communication qui altère la vie sexuelle. Pour la spécialiste, ce facteur transforme un simple changement dans les rapports sexuels en un problème plus important. « L’un des exemples fréquents que j’ai observés est un cercle vicieux d’angoisse et de pannes sexuelles, nourri par une incapacité à parler librement du problème et de la façon de le résoudre » observe-t-elle. Les conséquences de cette rupture du dialogue peuvent conduire à l’absence de rapports en raison de l’incapacité à parler de sexualité. L’experte identifie la peur de se sentir gêné, du rejet ou de ne pas être à la hauteur comme moteurs de cette dernière. Lorsque l’insatisfaction sexuelle est engendrée par un dysfonctionnement physique, il est recommandé que les deux partenaires consultent un psychologue ou un sexothérapeute. Ils partageront pendant la séance leurs attentes, leurs appréhensions et leurs craintes conscientes et inconscientes sur ce volet de leur vie conjugale. « Aider le couple à formuler son ressenti de manière constructive permet d’établir une meilleure communication » souligne-t-elle.

Que faire lorsqu’un problème d’érection engendre de l’insatisfaction sexuelle ?

Le docteur en psychologie Richard A.Carroll s’est penché de près sur la question des troubles d’érection et leurs conséquences sur la sexualité. Ces dysfonctionnements ne sont pas seulement d’origine physique mais peuvent également découler d’un stress. Pour autant, il est possible de réinvestir sa vie intime grâce à l’intervention d’un spécialiste qui aidera l’homme à caresser sa partenaire, d’établir une intimité sans la pression d’avoir un rapport sexuel. Lorsque le patient est célibataire, cela est plus délicat car cela peut plus impacter la confiance en soi et dans son potentiel de séduction. « L’homme peut faire certains exercices en se masturbant afin de reprendre confiance en sa capacité à avoir une érection après une panne sexuelle » explique l’expert. Il ajoute que pour aider à surmonter les pannes, il aide son patient à moins se focaliser sur son angoisse de ne pas avoir une érection ou de ne pas arriver à la maintenir. Des appréhensions qui constituent un cercle vicieux dans ces troubles qui peuvent être d’origine psychologique.

L’insatisfaction peut être justifiée par la baisse de la fréquence des rapports

 Bruce Berman, thérapeute de couple est sexologue témoigne que ses patients ressentent souvent de l’insatisfaction sexuelle en raison de la baisse voire de l’absence de rapports sexuels. Pour le spécialiste, plusieurs facteurs peuvent justifier cette diminution tels que la douleur, l’ennui, la baisse de libido due à une pathologie, un traitement médicamenteux ou un stress. Afin de résoudre ces problématiques, l’expert du couple propose des exercices pour apprendre à stimuler son partenaire jusqu’à atteindre l’excitation. Le thérapeute peut également aider les partenaires à retrouver confiance en eux et à voir ce qu’ils trouvent attirant chez l’autre. « Il arrive parfois que l’un des partenaires ne se sente plus séduisant(e) et pense être dénué(e) de sex-appeal » explique Bruce Berman.

De potentiels problèmes au sein du couple

 Glenda Corwin, psychologue clinicienne spécialisée dans les troubles sexuels pointe du doigt le manque de désir comme facteur conduisant à une insatisfaction sexuelle dans le couple. Pour résoudre ce problème, la spécialiste analyse les raisons qui amènent un partenaire à avoir peu de désirs. Plusieurs hypothèses peuvent le justifier : un manque d’intimité affective ou une mésentente conjugale. Ces facteurs amèneront à travailler sur le couple car ses problématiques peuvent impacter les rapports. « Dans d’autres cas, le manque de désir peut être la conséquence d’une manière de faire l’amour qui ne répond pas aux besoins de l’un des partenaires » observe-t-elle. La spécialiste explique que les partenaires n’ont pas encore trouvé de scénario sexuel adapté à leurs envies.

La douleur pendant les rapports peut provoquer une baisse du désir

Sandra Byers, psychologue et spécialiste en sexualité indique que les rapports peuvent être tellement douloureux qu’ils conduisent à l’abstinence. Depuis, elle s’intéresse à ce sujet pour pouvoir le résoudre. « Le principe de base de mes recherches et de ma méthode thérapeutique, c’est de conceptualiser ce problème en tant que trouble de la douleur plutôt qu’en tant que problème purement sexuel » indique-t-elle. Pour soigner cette dernière, l’experte demande à connaître les origines physiques qui la provoquent. A défaut, d’autres facteurs tels qu’un traumatisme, une agression sexuelle, une dépression ou un trouble anxieux peuvent provoquer cette gêne pendant ces moments intimes.

Douleur pendant les rapports sexuels Source : Doctissimo

Le manque de rapports sexuels traduit potentiellement une infidélité

Le docteur en psychologie Irving Binik travaille principalement avec des couples sur le point de se séparer. Il remarque que dans la grande majorité des cas, ces partenaires ont subi une infidélité ou ont ressenti une insatisfaction sexuelle de longue date. « De mon point de vue, le problème sexuel est le même dans les deux cas : on pourrait diagnostiquer un désir sexuel inhibé ou un trouble de l’excitation chez chacun des partenaires » observe-t-il. Lors de ses séances, le thérapeute questionne le couple sur leur vie sexuelle à leurs débuts et les modifications qui ont eu lieu. Il les interroge sur l’attirance physique, leur désir et leur excitation. Pour le spécialiste, les femmes peuvent souvent ressentir une difficulté à atteindre l’orgasme. Le psychologue peut alors s’intéresser à l’intimité physique et les marques de tendresse telles que les baisers, les caresses qui consolident l’union. « Les rencontres sexuelles qui reposent sur un simple besoin physique tournent généralement court » remarque-t-il.

Infidélité Source : Version Femina

Le manque d’intimité affective peut impacter la sexualité

Pour la thérapeute et sexologue de couple Rita DeMaria, l’insatisfaction sexuelle peut résider dans un besoin non comblé en intimité sexuelle. « Il y’a autre chose dont la plupart de mes patients ne parlent pas : ils ne savent pas faire l’amour avec leur partenaire, c’est-à-dire en y prenant le temps, sans idée préconçue » déplore l’experte des relations conjugales. Pour le démontrer, elle parle de son expérience avec un patient d’une trentaine d’années très amoureux de sa partenaire qui s’estimait comblé par sa vie sexuelle. Ce n’était pas le cas puisqu’il jouissait trop vite et ne laissait pas le temps à sa conjointe de prendre du plaisir. La sexologue a proposé pour améliorer leur intimité des séances d’hypnose pour aider l’homme à être conscient de son excitation et de celle de sa compagne. Le patient est revenu cinq ans plus tard car il avait des soucis médicaux qui rendaient la pénétration douloureuse. La même méthode l’a aidé à éjaculer plus rapidement et à avoir des relations sexuelles plus agréables. « Je suis absolument certain qu’en dépit des moments difficiles dans leur couple, ils parviendront à trouver les ajustements nécessaires malgré les enfants, la maladie ou la vieillesse, afin d’avoir une vie sexuelle épanouie » se félicite-t-elle.

L’addiction sexuelle peut constituer un problème dans la vie intime

Alors que le manque de rapports est en lui-même une problématique, un désir élevé ou hors normes peut causer une mésentente dans le couple. C’est le cas lors d’une addiction sexuelle, caractérisé par des pulsions irrépressibles. Rebecca Hope Dnistran, thérapeute de couple identifie d’abord si cette dépendance est la résultante d’un stress, de difficultés relationnelles ou d’une consommation de substances telles que les drogues ou l’alcool. Suite à cet examen, la spécialiste aide ses patients à définir des limites et à gérer l’impulsivité ou les situations fantasmées. Une thérapie de couple peut être également envisagée. L’addiction sexuelle peut être traitée par des antidépresseurs de la catégorie des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) en parallèle à une thérapie cognitive et comportementale (TCC). Cette méthode aide à remplacer des pensées qui posent problème par d’autres messages qui aident à se défaire de cette aliénation au sexe.