Covid-19 : Didier Raoult s’inquiète d’une mutation plus « dangereuse » du virus

Publié le 7 octobre 2020

Interrogé par CNews sur la situation sanitaire à Marseille, Didier Raoult semble moins optimiste que cet été. Selon le directeur de l’IHU Méditerranée Infection, il y aurait une nouvelle variante du virus, “moins bénigne que la précédente”. Ses propos qui font polèmique ont été relayés par nos confrères du Midi Libre.

Réputé pour ses opinions controversées sur le coronavirus, Didier Raoult était l’invité de Laurence Ferrari ce mardi 6 octobre sur la matinale de CNews. Le professeur a de nouveau évoqué l’hypothèse d’une “surmutation” du virus, indiquant qu’il serait plus virulent que la variante qui date de juillet-août.

Des propos moins optimistes que cet été

En faisant référence à la situation à Marseille, Didier Raoult explique qu’ ”il se passe plutôt l’inverse de ce que l’on pourrait imaginer”. Selon l’infectiologue, “on était sur la pente d’une petite diminution, et là il y a une petite augmentation qui succède à la fermeture des restaurants et des bars”. Il ajoute par ailleurs ne pas savoir si ces “mesures isolées” ont un “impact direct”, indique le Midi Libre.

En effet, Aix-Marseille, à l’instar de la Guadeloupe et plus récemment Paris a été placée en alerte maximale avec de nouvelles restrictions. Une décision que le Pr Raoult avait critiqué dans une lettre, accusant les hôpitaux de Marseille d’envoyer des messages alarmistes.

Aujourd’hui, il se montre toutefois moins rassurant qu’il y a quelques semaines, suggérant qu’il existe “des mini-épidémies avec plusieurs variants différents”. Le directeur de l’IHU explique : “On est à la fin d’une épidémie d’un variant qui est arrivé par bateau qu’on appelait le 1 et on est en phase de l’augmentation de la prise de nouveaux cas d’un variant que l’on appelle le variant 4”, soulignant avoir l’impression qu’ils ne présentent pas la même sévérité.

“Le variant 4 n’est pas aussi bénin”

En réponse à Laurence Ferrari qui l’interroge au sujet d’une mutation du virus justifiant une plus grande virulence, le Dr Raoult répond : “On a l’impression de ça”. Il ajoute que “Le premier (variant, ndlr) qui circulait en juillet-août (…) donnait sur tous les marqueurs que nous avions une sévérité moindre : moins d’hospitalisations, moins de réanimations, moins de morts”.

Aujourd’hui, il estime que le variant 4 n’est pas aussi bénin. “Là on a un nouveau variant dont les données préliminaires (…) semblent montrer qu’il est différent dans les manifestations cliniques que l’on a du variant 1 qui paraissait vraiment banal”.

Quant à la question d’une plus grande virulence, le Pr Raoult répond par l’affirmative mais indique vouloir se montrer prudent. “En tout cas les éléments qu’on a nous laissent penser qu’il n’est pas aussi banal et bénin que ce que nous avons eu là, en juillet-août”, conclut l’infectiologue.

Auditionné à la mi-septembre par la commission d’enquête du Sénat, Didier Raoult affirmait que le Sars-CoV-2 avait subi une surmutation. En réponse à ses propos, Christophe Rapp, infectiologue à l’hôpital américain de Paris avait déclaré dans un article de BFM TV que “le virus est plutôt stable”, ajoutant qu’il est possible de trouver “des petites variantes” mais que cela n’a pour l’heure, aucun impact sur la présentation clinique des patients.

Accusé par certains scientifiques de tenir des propos alarmistes, Didier Raoult s’était défendu en expliquant que mutation n’est pas synonyme de plus grande virulence, bien qu’aujourd’hui, ses propos semblent pencher vers cette possibilité.

Le virus est-il plus virulent ?

Après son intervention sur le plateau de CNews, des scientifiques ont exprimé leur désaccord au sujet d’une plus grande virulence du virus. Ces derniers ont écarté l’hypothèse d’un virus plus infectieux, nuançant par la même occasion les propos du Pr Raoult.

Benjamin Rossi, médecin infectiologue du Centre hospitalier intercommunal Robert Ballanger a déclaré à cet effet qu’à l’instar d’autres virus, le coronavirus subit des mutations régulières, “mais il n’y a pas eu l’acquisition d’une mutation majeure ». Pour l’expert, on manque de preuves scientifiques permettant d’affirmer qu’il est devenu plus virulent. “Des éléments pour dire qu’il y a une mutation qui est plus agressive pour le moment on n’en a pas », a-t-il d’ailleurs affirmé à l’antenne de BFM TV.

Jérôme Marty, médecin et président de l’Union Française pour une Médecine Libre rejoint son avis. Selon lui, la mutation ne modifie ni le pouvoir de contamination ni la létalité du virus. Une opinion partagée par Bruno Lima, membre du Conseil scientifique et professeur de virologie à Lyon. “Tous les virus qui circulent actuellement sont strictement identiques en terme de pouvoir pathogène », souligne le spécialiste.