Covid-19 : Le futur vaccin est-il dangereux ?

Publié le 10 novembre 2020
MAJ le 17 novembre 2024

Depuis l’apparition du virus Sars-CoV-2 à Wuhan, les experts travaillent sans relâche pour enrayer la pandémie de Covid-19, avec une mobilisation impressionnante de la communauté scientifique et médicale. Mais dans cette course effrénée au vaccin, ne risque-t-on pas d’aller trop vite ? Réponses avec nos confrères du journal Le Point.

A l’heure où le virus Sars-CoV-2 a touché les quatre coins de la planète avec plus d’1,2 millions de décès dans le monde, la fin de la pandémie et un retour à la “vie normale” sont conditionnés à la mise au point d’un vaccin. La compétition pour y parvenir a pris une envergure planétaire. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une dizaine de vaccins seraient actuellement en phase 3 des essais cliniques. L’ultime étape de validation qui implique l’administration d’un vaccin ou d’un placebo à des milliers de participants pour démontrer son efficacité potentielle ou identifier la survenue d’effets indésirables.

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Des essais mis en pause, faut-il s’inquiéter ?

Début septembre, l’essai d’Oxford et d’Astra Zeneca a subi une interruption suite à l’apparition d’une maladie inexpliquée chez un participant. Il a néanmoins repris quelques jours plus tard au Royaume-Uni ainsi que dans d’autres pays, sauf aux Etats-Unis. En octobre, Johnson & Johnson a également suspendu son essai pour les mêmes raisons, suivi par la société pharmaceutique Eli Lilly, dont l’essai porte sur un traitement expérimental aux anticorps chez des patients hospitalisés, comme l’indique Le Figaro. Mais ce serait plutôt une bonne chose.

En effet, selon le Pr Stephen Evans de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, “Cela montre que le processus de surveillance de la sécurité des participants fonctionne bien, ce qui est un motif de confiance”. Dans ce sens, ces interruptions ne doivent pas être perçues comme des “problèmes” mais plutôt comme un élément rassurant, explique Le Point, car les laboratoires prennent le temps de vérifier si ces maladies sont liées au vaccin ou à un autre facteur. Des pauses qui sont donc nécessaires lorsqu’on sait que la précipitation est redoutée par de nombreux experts.

Comment allier vitesse et sécurité ?

Au vu de l’urgence sanitaire à laquelle le monde est confronté, les procédures ont été accélérées de manière inédite. En Russie, Vladimir Poutine avait annoncé la mise au point du premier vaccin contre le Covid-19 et ce, avant d’entrer en phase 3 des essais cliniques ou de publier des résultats préliminaires. Donald Trump quant à lui, promettait un vaccin dans les plus brefs délais, ce qui avait poussé neufs laboratoires américains à publier un texte commun début septembre, s’engageant à respecter les protocoles les plus stricts, indique France Info.

Pour allier rapidité et sécurité, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a décidé de mettre en place une procédure accélérée. Avant même que les fabricants ne déposent des demandes formelles d’autorisations, celle-ci lui permet d’examiner les données relatives à l’efficacité et à la sécurité des vaccins au fur et à mesure de leur parution.

L’Agence assure également que les exigences en matière de sécurité pour d’éventuels vaccins contre le Covid-19 ne seront pas négligées à cause de la pandémie et restent les mêmes que pour tout autre vaccin. Un point crucial pour l’immunologiste Alain Fischer qui insiste sur cette condition: “Tout le monde souhaite qu’un vaccin soit disponible dans de bonnes conditions le plus vite possible, mais on ne doit pas confondre vitesse et précipitation: il faut se donner le temps d’une analyse complète, rigoureuse et transparente” avait-il souligné.

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Où en sont les vaccins ?

Selon l’OMS, dix essais cliniques de vaccin sont actuellement en phase 3 dans le monde. Parmi eux : ceux de laboratoires étatiques en Chine, de la biotech américaine Moderna et du groupe britannique AstraZeneca en partenariat avec l’université d’Oxford. BioNTech et Pfizer seraient toutefois les premiers à avoir rendus publics les résultats intermédiaires de ces essais.

D’après un article du journal Le Monde, ces derniers seraient les plus avancés dans cette course au vaccin, étant les premiers à présenter des résultats favorables pour un essai clinique à grande échelle. L’annonce n’est pas passée inaperçue ce lundi 9 novembre et pour cause, leur candidat-vaccin serait efficace à “90%”. Mais la prudence reste de mise car les données doivent encore être publiées dans une revue médicale ou soumises à l’examen de pairs. Une procédure que Pfizer s’engage à suivre dès l’obtention des résultats de la totalité de l’essai.

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Le vaccin présente-t-il des risques ?

Etant donné que les résultats n’ont pas encore été publiés et que l’essai n’est pas officiellement achevé, les données manquent pour évaluer l’innocuité du vaccin, explique le Pr Daniel Floret, vice-président de la Commission technique des vaccinations au 20 Minutes. Il en appelle donc à la prudence dans l’attente d’une analyse d’experts indépendants.

En outre, Ouest-France indique dans un article que la technologie de l’ARN messager utilisée par Pfizer et BioNTech est une technique nouvelle “qui n’a encore jamais fait ses preuves à ce jour” sur l’Homme.  Cette méthode consiste à injecter “des brins d’instructions génétiques” que l’on appelle “ARN messager”, qui nous permettent de fabriquer un antigène spécifique du coronavirus. Il s’agit du “spicule”, explique Le Monde, la pointe qui lui permet de s’attacher à nos cellules pour les pénétrer.  “Cette pointe, inoffensive en elle-même, sera ensuite détectée par le système immunitaire qui va produire des anticorps, et ces anticorps vont rester, montant la garde pendant, on l’espère, une longue durée”, poursuit le quotidien.

De son côté, l’OMS a salué des résultats encourageants mais a également fait montre de prudence, en appelant les autres laboratoires à poursuivre leurs recherches. Tedros Adhanom Ghebreyesus, patron de l’agence onusienne, avait par ailleurs révélé en août la possibilité qu’un vaccin à lui seul ne mette pas fin à la pandémie, et en appelait à la responsabilité individuelle et collective pour se protéger durant la crise sanitaire.