Covid-19 : Le professeur Raoult est attaqué par l’ordre des médecins

Publié le 4 septembre 2020
MAJ le 17 novembre 2024

Fervent défenseur de l’hydroxychloroquine dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection est aujourd’hui visé par une plainte déposée auprès de l’Ordre des médecins. Selon nos confrères du Figaro, le professeur marseillais est accusé par des centaines de médecins membres de la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf). Au total, neuf infractions au code de déontologie médicale ont été signalées.

L’information, initialement révélée par le quotidien français, indique que la plainte a été déposée durant le mois de juillet, devant le conseil départemental de l’ordre des médecins des Bouches-du-Rhône. Souvent contesté pour ses propos, Didier Raoult est accusé, entre autres, d’avoir fait la promotion d’un traitement non validé par la science pour faire face à l’épidémie de coronavirus.

Le professeur Raoult

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Accusé d’avoir fait la promotion d’un “remède miracle” 

Dans son argumentaire de six pages, la Spilf écrit que « Le professeur Didier Raoult a délibérément prescrit de l’hydroxychloroquine souvent associée à de l’azithromycine à des patients atteints de Covid-19”, ajoutant que cette décision a été prise  “sans qu’aucune donnée acquise de la science ne soit clairement établie à ce sujet, et en infraction avec les recommandations des autorités de santé”, rapporte Le Figaro.

Au coeur de l’actualité durant les premiers mois de l’épidémie, l’hydroxychloroquine n’a pas manqué de susciter la curiosité des scientifiques, mais aussi de nombreux appels à la prudence en raison de ses effets secondaires. Recommandée par Didier Raoult dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, en complément de l’azithromycine, elle a même fait l’objet d’essais cliniques menées par le professeur marseillais. Seulement, ce dernier a été vivement critiqué en raison de sa méthodologie qui pour beaucoup, ne permettait pas de trancher sur la question de son efficacité.

Pour autant, Didier Raoult avait maintenu sa position. Auditionné par l’Assemblée nationale le 24 juin, il avait défendu l’usage de l’hydroxychloroquine et dénoncé l’intérêt de certains détracteurs de la molécule antipaludique, en raison de liens financiers avec des laboratoires fabricant d’autres molécules testées pour traiter le Covid-19.

Le 28 mai, la France avait pourtant décidé de bannir son usage contre le coronavirus, suivie par l’Agence américaine du médicament (FDA) à la mi-juin qui a, quant à elle, décidé de retirer l’autorisation de l’utiliser en urgence. L’Organisation Mondiale de la Santé a estimé que l’hydroxychloroquine n’avait pas pour résultat de réduire la mortalité des patients. Le 17 juin, l’agence onusienne a arrêté les essais cliniques, indique le Huff Post.

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8 autres infractions au code de déontologie médicale 

Au total, ce sont donc neuf infractions du code de déontologie de cette profession qui auraient été commises par Didier Raoult, selon la Société de pathologie infectieuse. Mis à part la promotion de la molécule antipaludique, le professeur est accusé d’avoir diffusé de fausses informations, d’avoir manqué au devoir de confraternité et d’avoir mené des recherches cliniques dont la légalité reste douteuse. 

Les médecins membres de la Spilf lui reprochent d’avoir traité de “fous” ceux qui refusaient de prescrire son traitement aux patients du coronavirus. Ses affirmations ont également été pointées du doigt, notamment ses propos récurrents au sujet de la fin de l’épidémie en France. “On peut se demander si ses prises de position très tranchées n’ont pas contribué à nuire au message de santé publique” indique à nouveau l’argumentaire consulté par le Figaro.

Didier Raoult risque la radiation

La plainte déposée auprès de l’Ordre des médecins ouvre la voie à une proposition de conciliation entre le chercheur marseillais et la société de pathologie infectieuse. En cas d’échec de la procédure, le dossier sera instruit par la chambre disciplinaire régionale, explique Le Monde. Les délais peuvent s’étaler sur plusieurs mois, souligne le quotidien. Quant aux sanctions encourues par Didier Raoult, celles-ci vont du simple avertissement à la radiation définitive.