Covid-19 : possiblement échappée d’un laboratoire chinois, des chercheurs n’excluent pas cette hypothèse

Publié le 24 décembre 2020
MAJ le 17 novembre 2024

Malgré toutes les connaissances accumulées à ce jour, certaines questions subsistent encore au sujet du nouveau coronavirus. Parmi elles : comment ce dernier s’est transmis à l’Homme. À l’heure actuelle, l’hypothèse d’un hôte intermédiaire semble la plus probable, mais la théorie d’un accident de laboratoire n’a toujours pas été totalement exclue, révèle France Info.

C’est une question qui reste encore sans réponse, à savoir l’origine exacte du virus. Pour cette raison, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) espère pouvoir envoyer des experts sur le terrain, mais elle n’a pas encore reçu l’accord de Pékin. Voici ce que l’on sait actuellement.

Covid-19

Une chauve-souris – Source : France 3

Comment tout a commencé ?

Apparu il y a près d’un an, le virus Sars-CoV-2 à l’origine de la maladie du Covid-19, s’est répandu en Chine avant de se propager dans le reste du monde. Pour l’heure, la seule certitude est qu’il provient de la chauve-souris, mais les détails de son passage à l’Homme restent inconnus, explique France Info. L’Union nationale des associations citoyennes de santé en France a d’ailleurs saisi le Conseil d’Etat début novembre, appelant le ministre de la Santé à donner plus d’informations sur l’origine de cette pandémie.

En effet, plusieurs théories ont émergé depuis l’apparition du nouveau coronavirus, l’une d’entre elles indiquant que ce dernier aurait pu s’échapper d’un laboratoire à Wuhan. Réfutée à plusieurs reprises par des experts, elle n’est pas considérée comme la plus probable. Mais elle fait partie des hypothèses sur lesquelles enquête les chercheurs. Interrogé par nos confrères, Alexandre Hassanin, chercheur au Muséum national d’histoire naturelle explique que selon lui, Wuhan ne représente pas “une origine géographique cohérente” pour une épidémie qui a commencé de manière naturelle. “Pour l’expliquer, il faut que l’homme intervienne à un moment ou à un autre » a-t-il estimé. Pour autant, et bien que les experts n’écartent pas totalement un éventuel rôle de l’Institut de virologie de Wuhan, ils estiment que la “théorie naturelle” reste l’hypothèse la plus probable. 

L’hôte intermédiaire n’a pas encore été identifié

Selon Etienne Decroly, directeur de recherche au CNRS, les zoonoses à coronavirus telles que le Mers ou encore le Sras impliquent un passage du virus par un hôte intermédiaire. En faisant référence à la collaboration de l’un de ses confrères avec des chercheurs chinois, il explique que plusieurs animaux ont été testés : “Des animaux sur les marchés, dans les élevages, des animaux dans la faune sauvage, domestiques, confisqués…”, mais cela n’aurait pas permis d’apporter une réponse définitive à la question de l’origine du virus.

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Le pangolin – Source – Libération

Le pangolin, un petit mammifère couvert d’écailles, a souvent été évoqué et a été considéré comme un hôte intermédiaire possible. Mais là encore, les certitudes manquent. D’autres scénarios évoquent la possibilité d’une transmission par des chiens viverrins, mais pour l’heure, ce ne sont que des hypothèses.

Retrouver l’origine du virus, une enquête difficile

Au vu des données qui manquent encore, certains évoquent la possibilité d’un accident en laboratoire, notamment à l’Institut de virologie de Wuhan. Ce dernier étant étroitement lié aux coronavirus des chauves-souris. Ce serait d’ailleurs l’équipe de Shi Zhengli, une virologue surnommée “Batwoman” qui aurait démontré une similitude de 96% entre le génome du Sars-CoV-2 et la séquence génétique d’un virus identifié en 2013 chez ce mammifère. Le virus en question faisait partie d’une collection détenue par l’Institut depuis sa découverte, ce qui a suscité certaines interrogations parmi les chercheurs.

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La laboratoire P4 de l’Institut de virologie à Wuhan – Source : AFP/Hector Retamal/Le Parisien

Pour Alexandre Hassanin, cette “coïncidence” soulève certaines questions. Etienne Decroly partage lui aussi quelques doutes, et considère qu’un accident n’est pas à exclure. “Certaines techniques employées consistent à cultiver les virus, d’autres à les manipuler pour construire des virus chimères ayant plus de facilité à franchir la barrière des espèces”, explique-t-il, puis d’ajouter, “Ce type de manipulation pose la question de savoir s’il n’y a pas eu une possibilité d’échappement d’un laboratoire d’un échantillon qui aurait été collecté dans la faune sauvage ou qui aurait subi ce processus. » Ainsi, et bien que cette théorie ne soit pas la plus probable, « C’est une hypothèse qu’il faut regarder avec autant de sérieux que les autres, de manière à clarifier définitivement ce point”, a-t-il indiqué.

Par ailleurs, et bien que la virologue chinoise ait assuré à la revue Science qu’ “à ce jour, aucune fuite d’agents pathogènes ni aucun accident d’infection du personnel ne se sont produits », certains scientifiques déplorent le manque de données et de transparence sur le début de l’épidémie. Pour Serge Morand, directeur de recherche au CNRS basé en Thaïlande, c’est ce qui aurait favorisé l’émergence de théories conspirationnistes.