Des maisons de retraite accusées de donner des sédatifs puissants pour tuer les personnes âgées

Publié le 11 août 2020
MAJ le 17 novembre 2024

Il y’a près de sept mois, une nouvelle souche de coronavirus a été découverte. Rapidement, le virus s’est propagé dans de nombreux pays, faisant de plus en plus de morts. La Covid-19, nom attribuée à la maladie causée par ce virus, s’est avérée plus complexe qu’on ne le pensait au début de l’épidémie. En Angleterre, le personnel des maisons de retraite a été accusé d’administrer des puissants sédatifs aux malades pour raccourcir leur durée de vie.

Depuis plusieurs mois, l’angoisse bat son comble dans les hôpitaux. Débordé par l’afflux de patients admis dans un état grave, le personnel médical peut parfois sembler à bout de forces. Pourtant, il lutte à bras le corps contre la fatigue qui s’installe au fil du temps et puise dans ses ressources intrinsèques pour trouver le courage d’épauler et de soigner les malades atteints de Covid-19. Dans les maisons de retraite, les aides-soignants peuvent être submergés par la situation sanitaire actuelle.

Soumis à une pression constante, ils voient régulièrement des patients souffrir pour finalement mourir sous leurs yeux. The Sun révèle que dans certains établissements britanniques, quelques-uns ont fait le choix d’administrer aux patients des sédatifs potentiellement dangereux pour leur retirer la vie. Et ce n’est pas la première fois que ces derniers font preuve d’un tel manque de déontologie, toujours en Angleterres, deux aides-soignants ont été pris en Flagrant délit entrain de maltraiter une femme âgée.

Des maisons de retraites accusées d’accélérer le décès de leurs résidants

Depuis le début de la pandémie, les ordonnances pour le midazolam, un puissant anxiolytique, ont fortement augmenté en Angleterre. Selon les chiffres communiqués par The Sun, en avril, les prescriptions faites en dehors des hôpitaux ont atteint le nombre exceptionnel de 38 352. Selon un militant anti-euthanasie, les maisons de retraite veulent accélérer le décès des résidants. Ces allégations choquantes viennent à point nommé alors que l’utilisation abusive de ce médicament peut être très risquée.

personne maison de retraite

thesun

Le personnel des maisons de retraite aurait reçu pour ordre d’administrer ce sédatif pour empêcher les patients atteints de démence de circuler dans les couloirs de l’établissement. Toutefois, ces accusations n’ont pas été vérifiées. Patrick Pullicino, neurologue à la retraite, a été le premier à mettre en exergue l’administration en masse de ce médicament en maisons de soin.

Le professeur a précisé que “le midazolam gêne la respiration et accélère la mort. Cela transforme les soins de fin de vie en euthanasie”. En sus, il a révélé que des patients âgés atteints de Covid-19 n’ont pas été admis à l’hôpital, alors que des traitements appropriés auraient pu rallonger leur durée de vie. Ainsi, le professeur a dénoncé un système qui sélectionne les patients qui doivent être sauvés. 

“Pour moi, ce système encourageait l’utilisation de la sédation de fin de vie avec le midazolam, aboutissant effectivement à des fins d’euthanasie”, appuie-t-il. Pourtant, malgré un âge avancé le coronavirus n’est pas une fatalité. Pour preuve, cette mamie de 104 ans contaminée par le virus y a survécu.

Le midazolam est un médicament qui soulage la douleur des patients gravement malades

Bien que ces accusations soient particulièrement révoltantes, Eileen Chubb, membre de l’association caritative Compassion in Care, ne partage pas le point de vue du neurologue à la retraite. Elle explique que le personnel des maisons de retraite a convenu que les patients gravement malades ne devaient pas être hospitalisés.

femme repas maison de retraite

thesun

Par ailleurs, le Dr Amy Proffitt, membre de l’Association pour la médecine palliative, a expliqué que le personnel avait probablement de bonnes raisons de prescrire le midazolam aux malades. “Lorsqu’il est prescrit et utilisé de manière appropriée, le midazolam ne précipite pas et ne prolonge pas la mort de quelqu’un, il ne fait que le soulager”, explique-t-elle.

Le midazolam est un hypnotique sédatif à action rapide qui peut être indiqué chez l’adulte pour des sédations ou lors d’une anesthésie générale. Toutefois, un surdosage peut entraîner des symptômes sévères comprenant aréflexie, apnée, hypotension, dépression cardiorespiratoire voire un coma. 

Le coronavirus a mis en exergue la discrimination des personnes âgées

Si les personnes âgées sont plus à risque face à la maladie, certaines mesures doivent être prises afin de limiter les risques d’infection. En France, le tiers des personnes décédées suite à l’infection par le nouveau coronavirus se trouvait dans les Ehpad. Olivia Mokiejewski, qui a perdu sa grand-mère à des suites de Covid-19 en avril, en témoigne sur France TV Info.

“On a clairement arbitré : ma grand-mère de 96 ans, en parfaite santé avant d’attraper le Covid, a été placée d’office en soins palliatifs”, révèle-t-elle. Outre le tri qui a été opéré par les urgences pour sélectionner certains patients au détriment des autres, “les protocoles sanitaire d’urgence n’ont pas été appliqués de la même façon dans tous les Ehpad”, s’insurge-t-elle.

De ce fait, la petite fille souhaite lever le voile sur la discrimination liée à l’âge qui a été faite durant cette pandémie. “Les gens de 95 ans sont parfois en bien meilleure forme que ceux de 60 ans. Or, on les a condamnés avant même qu’ils ne soient contaminés”, dénonce-t-elle.