Des morts ont-ils été attribués au coronavirus alors que les patients n’étaient pas contaminés par le virus ?
Soutenue par Jean-Pierre Door, député du Loiret, cardiologue et vice-président des affaires sociales, l’idée selon laquelle il y’aurait des décès attribués au Covid sans que les patients ne soient contaminés alimente les soupçons. Des morts seraient-elles recensées par ce virus arbitrairement ? Réponses.
Relayés par nos confrères de LCI, les déclarations du député et médecin ont fait grand bruit. Et pour cause, il s’est exprimé lors de l’audition d’Olivier Véran, ministre de la Santé, devant la commission parlementaire de la gestion et les conséquences de l’épidémie du coronavirus.
« Il n’y a jamais eu de Covid chez ces patients »
L’élu nuance son propos auprès des médias
La mairie détient-elle des informations sur les causes de mort des patients ? Il s’agit bien d’une idée qu’a avancée l’élu mais qui est fausse. Et pour cause, si les certificats de décès sont bien transmis à l’hôtel de ville, les informations médicales sont partagées sous une forme scellée. Conclusion : les informations sur les décès ne peuvent être connues par les services municipaux. Quant à la forme électronique de ce document, elle ne délivre que des données administratives. Interrogé par France Bleu, le député nuance le propos évoqué à l’Assemblée. « Je n’ai pas dit qu’il y’avait des faux morts, jamais je n’ai dit ces mots-là […] J’ai simplement dit au ministre que l’on avait connaissance de décès attribués au Covid-19 qui n’étaient peut-être pas attribués au Covid-19 » explique-t-il. Une déclaration qui renvoie au questionnement sur ce recensement méconnu du public.
Peut-on être sûrs qu’un patient est mort du Covid-19 ?
Cités par les Décodeurs du Monde, des éclaircissements viennent révéler qu’un décès n’est pas toujours attribué à une seule cause. Lorsqu’un patient est atteint par le Covid-19 et qu’il l’est déjà par d’autres pathologies, ces dernières aggravent les conséquences de contaminations qui peuvent aller jusqu’à la mort. C’est notamment le cas pour des maladies respiratoires chroniques. Résultat : ce décès peut être autant attribué à une maladie préexistante qu’à la contamination par le coronavirus.
Comment recense-t-on les décès liés au Covid-19 ?
Pour recenser les cas de morts liées à une infection au Sars-Cov-2, il existe différentes techniques de décomptes basées sur des critères précis. A l’hôpital, les patients sont diagnostiqués par plusieurs examens qui permettent de confirmer un lien entre le Covid ou le décès. Les recensements dans les Ehpad ont un spectre plus large. Lors d’une contamination à cette maladie dans cet établissement, Santé publique France impose la comptabilisation de tous les décès potentiellement liés au coronavirus et ce, même si le patient est testé négatif. Et pour cause, certains tests négatifs ne le sont pas.
Un certificat de décès peut évoquer plusieurs causes de mort
Si les certificats de décès permettent de délivrer des informations claires concernant la mort du patient, ces documents n’apportent pas de certitude quant à cette dernière. Ils peuvent inclure jusqu’à quatre maladies qui ont potentiellement entraîné la mort mais aussi signifier quels sont les « facteurs ayant contribué au décès ». Lorsque le patient est contaminé par le coronavirus, elle peut ainsi être citée comme seule cause sur le certificat. Cette pathologie potentiellement mortelle peut être qualifiée comme « maladie probable » ayant pu être une cause de décès du patient, ajoutée à une autre pathologie identifiée. Le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC) inclue deux scénarios dans l’étude de ces documents : les décès pour lesquels le lien est confirmé avec le Covid-19 et les autres où il y’a une suspicion. Cette dernière peut être désignée avec des termes tels que « plausible », « possible » ou « potentiel ». Un doute qui peut amener à être sceptique mais ce sont ces qualifications qui permettent à l’Organisation mondiale (OMS) d’évaluer la pandémie.