« Il est inexcusable d’ignorer les effets secondaires de l’hydroxychloroquine » affirme un cardiologue de la Clinic Mayo
La course des scientifiques à la quête d’un traitement du coronavirus a mis en lumière une molécule anti-paludique connue : l’hydroxychloroquine. Alors que plusieurs autorités de pays différents se sont montrées réticentes, Donald Trump a fait valoir un avis contraire. Critiqué pour cela, il a dû défendre ses positions maintes fois selon nos confrères du journal Le Monde.
Après le docteur Anthony Fauci, immunologiste qui avait déclaré que les recherches doivent répondre au défi de prouver l’efficacité de l’hydroxychloroquine, un médecin cardiologue, Dr Michael Ackerman de la Mayo Clinic, a publié des recommandations rapportées par NBC News.
Le Dr Michael Ackerman est cardiologue et directeur de la Windland Smith Rice Genetic Heart Rhythm Clinic de la Mayo Clinic. Durant la fin du mois de mars dernier, il avait porté à l’attention des médecins une série de recommandations sur l’hydroxychloroquine supposée efficace par le gouvernement américain sans qu’aucune donnée scientifique ne soit significativement probante. Interrogé par nos confrères de NBC News, il dit être “dérangé” par les médecins qui approuvent l’utilisation de l’hydroxychloroquine tout en ignorant ses effets secondaires, notamment sur des patients vulnérables.
Les positions du Président américain contestées
Déjà très controversées, les positions du président américain continuent de susciter le débat. NBC News rapporte ses suggestions : « Qu’avez-vous à perdre?” ajoutant que l’hydroxychloroquine ne peut faire que du bien aux malades du coronavirus : elle pourrait “les aider, mais que cela ne leur ferait pas de mal ».
Que son discours soit rassurant du côté du grand public, il n’en a pas moins le même effet auprès de la communauté scientifique consciente des dangers éventuels de ce traitement.
“C’est inexcusable”
Dr Michael Ackerman, s’est dit “dérangé”. Il reproche aux spécialistes d’approuver le traitement en ignorant ses effets secondaires, plus qu’il ne reproche cela aux responsables politiques. Interrogé par NBC News, il ajoute que “c’est inexcusable”.
Ce qu’il explique ainsi dans une publication de Mayo Clinic Proceedings, à l’initiative de l’ensemble de ses collègues, c’est que l’hydroxychloroquine ne devrait pas être prescrite sans tenir compte des risques encourus, notamment les troubles cardiaques qui peuvent être fatals.
Pour ce cardiologue très réputé, il n’en est pas moins vrai que la molécule est sans danger pour 90% de la population, a-t-il déclaré, mais elle pourrait présenter des risques graves et éventuellement mortels pour un certain nombre de personnes souffrant de comorbidités ou déjà traitées pour d’autres maladies.
Comme pour répondre aux motivations de Trump, Dr Ackerman précise que les données qu’il avance, sont les résultats de recherches scientifiques.
Du côté de l’Europe
Alors que le Professeur Didier Raoult, s’est proclamé défenseur de la chloroquine depuis le début de la pandémie en France, l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) semble encore hésitante selon BFM TV.
Avant que les gouvernements des pays européens ne permettent l’administration de l’hydroxychloroquine, la fiabilité de cette molécule continue d’être testée notamment par l’essai européen Discovery, et les résultats ne seront prêts que pour la fin du mois, selon Florence Ader, directrice de ces recherches à la quête d’un antiviral efficace contre le Covid-19.
Didier Raoult, toujours serein face aux nombreuses critiques, prend la Chine pour exemple et publie au fur et à mesure l’évolution de l’état de ses patients : « Ils disent que ça marche (…) ils contrôlent la maladie. ».