Il ne fait pas le ménage chez lui, il est condamné à payer 6400 euros à son épouse
Si cette histoire paraît surréaliste, elle en est néanmoins véridique. Découvrez l’histoire de cet homme qui est obligé de payer l’équivalent de 6654 euros. Le motif ? C’est le prix qu’obtient sa femme pour ses travaux ménagers « non rémunérés » après le divorce.
Relayée par nos confrères de CBS News, cette poursuite en justice est une première. Une femme chinoise a condamné son époux à la rétribuer pour tout le ménage « gratuit » qu’elle a fait pendant leur vie conjugale.
C’est une loi chinoise entrée en vigueur récemment
La raison pour laquelle cet homme doit désormais payer son ex-femme pour tout le travail ménager qu’elle a pu faire à la maison, c’est parce qu’elle y a droit conformément au droit chinois. Cette affaire de divorce est inédite puisque c’est la première fois qu’elle se produit depuis la promulgation d’une loi en ce sens. Selon cette dernière, les conjoints qui doivent rompre leur contrat de mariage peuvent demander une indemnisation s’ils assument davantage de responsabilité dans le foyer. Une réforme qui ne fait pas l’unanimité et qui crée une division chez les Chinois.
L’épouse a demandé une rémunération pour la garde d’enfants
L’ex Madame Wang s’est exprimée au tribunal de Pékin suite à ces cinq ans de mariage qui se sont soldés par un divorce. « Je m’occupais de l’enfant et des tâches ménagères tandis que mon mari ne participait à aucune tâche ménagère et ne s’occupait que de son travail » a déclaré l’épouse qui demande d’être indemnisée. Elle a demandé également à être rétribuée pour avoir gardé les enfants pendant toute la durée de leur couple. Résultat : elle obtient gain de cause et la juridiction applique la nouvelle loi.
La femme fait appel après avoir obtenu gain de cause
Le verdict était clair. Le tribunal de Pékin a statué que la femme avait assumé plus de tâches ménagères et qu’elle devait être rétribuée. La somme en question ? 50 000 yuans, à savoir près de 6654 euros. La pension qu’elle aura pour ses enfants est de 2000 yuans [ndlr : 257 euros]. Après cette décision, elle demande une meilleure indemnisation. L’ex Madame Wang souhaitait l’équivalent de 20 561 euros. Le caractère nouveau de cette loi a soulevé un débat en Chine sur un phénomène : la valeur du travail domestique des femmes.
Cette affaire a ébranlé Weibo, le Twitter chinois
Depuis cette décision juridique, le réseau social Weibo, une plateforme de micro-blogging chinoise s’est enflammée. La tendance a recueilli plus de 570 millions de vues. Un bon nombre d’internautes sont entrés dans le débat. Sur un commentaire, nous pouvons lire : « Les femmes ne devraient jamais être des épouses au foyer… quand vous divorcez, il ne vous reste rien du tout. 50 000 yuans de compensation pour les travaux ménagers sont des bêtises » Un autre conteste qu’au contraire, une nounou à plein temps coûte plus cher en seulement six mois. « La jeunesse et les sentiment des femmes sont aussi bon marché ? » s’indigne-t-il. Des arguments qui ne remettent pas en cause le travail en soi mais la valeur qui lui est accordé au sein du couple.
Les femmes consacrent plus de 4 heures par jour aux tâches non rémunérées
Interrogé par les médias pékinois, le juge légitime cette rétribution. Il explique que « l’effort que l’épouse a mis dans les travaux ménagers, ses revenus et le coût de la vie locale » ont été des facteurs qui ont impacté cette somme. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a estimé que les femmes chinoises passent près de quatre heures par jour à effectuer des travaux non rémunérés. Selon cet organisme, ce temps est deux fois et demie supérieur à celui des hommes. Par ailleurs, depuis les deux dernières décennies, le nombre de divorce aurait explosé dans le pays. En cause : une plus grande indépendance financière des femmes. Pour autant, le gouvernement tente d’augmenter le taux de natalité alors que la population est vieillissante.
Le ménage dans le couple est-il le nerf de la guerre ?
Si cette affaire a pris des proportions juridiques et des sanctions financières, il est possible pour autant de régler ce problème fréquent en couple à l’heure où on parle de plus en plus de la répartition des tâches. Interrogée par nos confrères de Psychologies, Martine Teillac, psychothérapeute, recommande plutôt de considérer l’autre comme un équipier et non pas comme un adversaire. Elle analyse : « Beaucoup de couples, surtout les jeunes, sont dans une mentalité de petits fonctionnaires ». Malheureusement, cela peut donner lieu à « une attitude revendicative, du même ordre de celle que l’on avait envers ses parents étant enfant, mais qui ne doit pas s’adresser à son conjoint.» Elle conseille au lieu d’avoir cette approche qui peut mettre à mal l’union de se montrer flexible et d’être ouvert à la communication. La spécialiste trouve également l’idée des comptes personnels et joints intéressante pour déstigmatiser la personne qui a un plus bas salaire.