« J’ai eu le bébé de mon violeur à neuf ans, je l’ai épousé à 11 ans – aujourd’hui, j’ai 6 enfants de lui »

Publié le 27 août 2020

Sherry Johnson a eu un destin tragique. Cette femme qui a grandi dans la misère a été violée pendant l’enfance et est tombée enceinte à l’âge de 10 ans. Maltraitée par ses parents, elle a aujourd’hui six enfants de son violeur. Aujourd’hui, elle mène un combat acharné pour que les autres ne vivent pas ces traumatismes.

Sherry a dû garder le silence

L’histoire de Sherry Johnson est bouleversante. Violée à 8 ans, elle tombe enceinte deux ans plus tard. A 11 ans, elle est forcée par ses parents d’épouser son violeur. La fillette a dû alors abandonner l’école pour s’occuper des fruits de ces viols répétés. Pendant des années, elle a dû cacher ce crime à tout le monde. Maintenant qu’elle est adulte, elle ne cesse de se battre pour changer les lois de l’état qui a autorisé son calvaire. Désormais, elle exhorte à mettre fin au mariage des enfants et elle a été entendue.

La femme violée veut changer les lois

Déterminée, la femme parcourt les couloirs des Assemblées avec détermination. Suivie par les journalistes de CNN, ces derniers ont du mal à la suivre tellement elle marche vite pour mener à bout son projet. Elle passe devant tous les législateurs de Floride pour combattre cette loi injuste. Parmi ses alliés, Lauren Book, une sénatrice qui est depuis, devenue co-parraine du projet de loi sur l’abolition du mariage des enfants. Sherry Johnson a passé cinq ans à faire pression sur les hommes de loi. En 2014, cette initiative n’a abouti à rien au Sénat mais l’espoir allait revenir pour cette victime d’un violeur qui lui a fait 6 enfants, comme c’est le cas de bien d’autres fillettes violées.

L’effort de Sherry sera récompensé

Quelques années plus tard, l’état de Floride devient le premier état d’Amérique à être contre le mariage des personnes mineures. Ce territoire a été rejoint par le Texas et la Virginie qui a restreint ces lois en limitant le mariage à l’âge de 18 ans avec des dérogations pour les mineurs émancipés. Aujourd’hui, la Floride ne permet aucune exception en deçà de 18 ans, comme ce fut le sort de certaines filles mineures.

La femme livre un témoignage bouleversant

Devant toute l’Assemblée, Sherry parle de son enfance cruelle. Selon les législateurs, la victime a eu un rôle déterminant dans cette lutte. « Tant que vous n’avez pas mis un visage sur cette question, les gens ne comprennent pas. Sherry a été ce visage. Elle a été capable de dé-stigmatiser le processus » se réjouit la sénatrice et militante. Lizbeth Benacquisto, qui a également subi un viol et a rejoint le mouvement #Metoo s’est prononcée sur les crimes sexuels qui concernaient l’Assemblée législative de Floride. Des partenaires dans cette lutte législative pour interdire les mariages forcés dans l’Etat.

Johnson, auteure d’un roman autobiographique

La femme est loin de s’arrêter là dans son combat. Elle a également publié un roman en 2013, appelé « Pardonner l’impardonnable ».  Sherry Johnson a aussi financé une visite en bus pour pouvoir sensibiliser les autres à son histoire. «Lorsque le projet de loi sera adopté, je veux que la communauté sache que cela s’est produit» déclare-t-elle. En réponse à cela, Lauren Book exhorte son alliée à lâcher prise et à « faire une pause ». Ce à quoi elle répondra qu’elle ne peut pas se détendre maintenant et qu’elle doit continuer son combat. Un chemin qui sera long pour éveiller les consciences face à ce qu’elle a vécu.

Le viol : un traumatisme déchirant

Si contrairement à Sherry Johnson, les viols n’aboutissent que rarement à des mariages, cet évènement est traumatisant. Et pour cause, ces victimes ressentent beaucoup de honte et de culpabilité et hésitent souvent à recourir à une action en justice. Les traumatismes liés aux violences sexuelles sont profonds et peuvent même causer des idées et des actes suicidaires. La reconstruction après cela peut être longue et nécessite un soutien important pour entamer des démarches de thérapie mais également pour rétablir la loi. Il peut arriver que les victimes de viols ne se souviennent pas de ces abus et cela est appelé médicalement l’amnésie post-traumatique.