“Je ne vais pas changer d’avis à cause d’une étude foireuse” : Didier Raoult attaque l’étude qui remet en cause l’hydroxychloroquine

Publié le 28 mai 2020

Depuis le début de l’épidémie causée par le nouveau coronavirus, le professeur Didier Raoult sort des sentiers battus en soutenant la prescription de l’hydroxychloroquine pour les malades du Covid-19. Figure controversé du monde médical, le virologue marseillais alimente les débats durant cette crise sanitaire qui bouleverse la planète. Ce lundi 26 mai, le directeur de l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée infection à Marseille jette un pavé dans la mare en contestant les résultats d’une étude scientifique mettant en exergue l’inefficacité de l’hydroxychloroquine, révèle le Parisien.

Depuis quelques mois déjà, le Didier Raoult s’est imposé comme figure emblématique de la lutte contre le nouveau coronavirus. Le microbiologiste marseillais a une chaîne YouTube sur laquelle il poste régulièrement des vidéos pour donner des informations sur l’avancée de ses recherches. Récemment, une étude publiée dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet a révélé que l’utilisation de l’hydroxychloroquine et de la chloroquine pour traiter le Covid-19 serait inefficace. Face à ces affirmations, le professeur Raoult n’a pas tardé à réagir.

L’étude publiée dans The Lancet 

L’étude publiée par la prestigieuse revue scientifique The Lancet met l’accent sur l’inefficacité et les risques engendrés par la chloroquine et son dérivé l’hydroxychloroquine. Menée sur un vaste échantillon composé de 96 032 patients, l’étude indique que les molécules du traitement plébiscité par le professeur Raoult peuvent s’avérer dangereuses. En effet, elles augmenteraient les risques d’arythmie cardiaque et de décès. Les scientifiques ont pu établir ces conclusions en comparant 96 032 personnes répartis en cinq groupes de traitements : 1868 soignés avec de la chloroquine seulement, 3016 avec de l’hydroxychloroquine seulement, 3783 avec de la chloroquine et de l’azithromycine, 6221 avec de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine et enfin un groupe témoin. Les résultats ont montré que les traitements incluant de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine favorisaient le risque de mortalité.

Le professeur Didier Raoult défend son point de vue

Un brin provocateur, le professeur iconoclaste dénonce une “étude foireuse faite avec les big data”. En donnant l’exemple de Marseille, le médecin explique “je ne sais pas si ailleurs l’hydroxychloroquine tue, mais ici, elle sauve des vies”. L’infectiologue insiste sur l’importance d’être sur le terrain pour juger de l’efficacité d’un traitement. “Ici, il nous est passé 4000 malades dans les mains, ne croyez pas que je vais changer d’avis parce que des gens font du big data, fantaisie complètement délirante qui prend des données dont on ne connaît pas la qualité et qui mélange tout”, accuse le professeur. Enfin, le médecin considère que ces études ne reflètent pas la réalité puisque les auteurs n’ont pas examiné les malades mais ont juste récolté et analysé les données rapportées. “Nous, ce dont on parle, c’est juste des malades qui ont été vus par des gens de l’équipe ici”, allègue-t-il.

Le mardi 26 mai, le directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille a été invité sur LCI pour répondre aux questions de David Pujadas, notamment sur l’usage de l’hydroxychloroquine. Alors que le Haut de conseil de la santé publique a recommandé l’arrêt des prescriptions de ce traitement pour les malades du Covid-19, le professeur Raoult a montré un détachement face à la position de cette instance avant de pointer du doigt sa crédibilité. Enfin, lorsque l’infectiologue a été interrogé sur l’étude publiée par The Lancet, le professeur a expliqué que ces résultats se basent sur des données reçus et non pas sur “la vie réelle”.

Par ailleurs, le Didier Raoult a dénoncé une “pression financière” qui aurait pu influencer les résultats de cette recherche. Il explique que “le financement de la recherche médicale devient trop puissant” et que ce secteur professionnel serait “guidé par le désir de continuer à vendre des médicaments”.  Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé a également mis fin aux essais cliniques incluant cette molécule en raison de sa dangerosité potentielle, l’infectiologue marseillais met en évidence les failles de cette organisation. “L’OMS a déclaré début mars que le traitement contre le Covid-19 était le Remdesivir. Or, aucune étude ne l’a montré”, rappelle-t-il. Pour le défenseur de l’hydroxychloroquine, le besoin de trouver un nouveau traitement se justifie par le fait qu’on ne puisse pas “imaginer qu’un ancien fonctionne”. Mais pour le virologue, le plus important serait “de traiter le mieux possible les gens dans la situation actuelle”. Par ailleurs, l’homme qui a fait l’objet de multiples critiques depuis le début de la crise, explique que les patients soignés à Marseille ont été satisfaits de ce traitement. “Les malades, je peux vous dire que je n’ai pas eu de problème avec eux. Aucun n’a porté plainte contre moi, aucun ne s’est plaint sur Internet”, assure le professeur.