Jugée trop choquante, cette pub sur la dépression post-partum a été rejetée par les Oscars
Bienvenue dans le monde tabou du “post-partum”, une expression encore méconnue qui n’est véritablement comprise que par les professionnels de la santé qui ont compris que la naissance n’était pas juste un moment de bonheur. Tous les désagréments de la maternité dont on ne parle jamais : la dépression, les couches et les douleurs des mères ont été abordés dans une pub qui a créé une véritable polémique, jugée trop choquante par les Oscars. Nos confrères du parisien ont retracé l’intégralité de ce débat.
La diffusion d’une pub de la marque Frida Mom de produits d’hygiène, s’intéressant au sujet du post-partum, a été refusée par la chaîne ABC lors de la cérémonie des Oscars, sous prétexte qu’elle serait « trop graphique avec nudité partielle et démonstration du produit », une décision que la marque regrette affirmant que les femmes ne sont pas préparées à la maternité, du fait des nombreux tabous médicaux qui concernent cette période.
En effet, certaines réalités sont rarement abordées car une naissance est synonyme de joie et de bonheur. Toutefois, celle-ci implique également des saignements, des douleurs au bas du ventre, des cicatrices, des fuites urinaires ou encore des crevasses aux mamelons pour de nombreuses mamans en proie à ces désagréments sans pour autant les exprimer.
Plus grave encore que le baby blues, la dépression durant la période qui suit la naissance, est tout aussi alarmante, et nécessite une véritable prévention.
La dépression post-partum
Après une naissance, il arrive que les mères soient épuisées, irritables ou qu’elles soient sujettes à une grande tristesse. Ce qu’on appelle le “baby blues” est très courant, et survient quelques jours après l’accouchement à cause d’une fluctuation hormonale, sans qu’il ne dure très longtemps.
Cette période se distingue de la dépression post-partum qui est beaucoup plus alarmante et de longue durée. Ce trouble concerne 10 à 15% des jeunes femmes qui viennent d’accoucher et peut durer jusqu’à un an. Les symptômes constituent un handicap considérable avec un véritable retentissement sur la vie quotidienne : la perte de plaisir, la tristesse, une baisse de l’estime de soi, et une asthénie intense. Ceux-là nécessitent une prise en charge médicale adéquate et un soutien de l’entourage sensibilisé au danger de la dépression.
En France, plusieurs personnes ont réagi sur les réseaux sociaux : quatre figures militantistes Morgane Koresh, Ayla Linares, Masha Sacré et Illana Weizman ont initié le mouvement #MonPostPartum.
Une publicité réaliste
La publicité qui a abordé la période post-partum suggère d’autres désagréments de la maternité, en étant “brut et réaliste”. Celle-ci montre une nouvelle maman, au ventre encore marqué par l’accouchement et aux airs épuisés. Elle se lève de son lit pour aller aux toilettes pendant la nuit et se nettoie en utilisant des lingettes et différents produits qui font le quotidien de plusieurs femmes. On y découvre alors une scène sans artifices pour de nombreuses mamans ayant décidé de libérer la parole sur les réseaux sociaux à la suite de cette polémique.
Si cette polémique a suscité de nombreuses réactions parmi les internautes, le rejet de cette publicité pendant la cérémonie des Oscars a également fait réagir des personnalités publiques, telles que Busy Philipps et Ashley Graham.
L’actrice américaine Busy Philipps a évoqué ce sujet pour exprimer son amertume : « marre de vivre dans une société où le simple fait d’être une femme est rejeté par les médias », alors que le mannequin Ashley Graham dit s’être retrouvée dans cette publicité, ignorant avant de devenir mère qu’elle devait changer ses propres couches.
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Mais jugée trop « crue »
Malgré le soutien de plusieurs internautes, et des personnalités connues dans la sphère médiatique, la publicité a été jugée et classée parmi les sujets les plus censurés tels que les armes à feu et les munitions. Chelsea Hirschhorn, CEO de la marque Frida Mom, a réagi dans un interview accordée à Today : « Nous avons été vraiment surpris d’apprendre que l’hygiène féminine était classée dans la même catégorie que les armes à feu, les munitions, la nudité à caractère sexuel, la religion et la politique ».
Elle ne manque pas de revenir sur le sujet de la sensibilisation à la réalité de la maternité de nombreuses femmes loin d’être préparées, en affirmant que ce n’est pas un refus de diffusion qui risque de lui faire cesser son combat pour cette cause.