L’OMS estime que la « maladie X » pourrait être la prochaine pandémie et pourrait faire plus de morts que le Covid-19 d’après des scientifiques
Alors que le Covid-19 circule encore sur plusieurs territoires, des scientifiques appellent déjà à se montrer prudent face à une potentielle nouvelle menace. Encore inconnue, la maladie X est hypothétique mais suscite l’inquiétude de certains chercheurs qui souhaitent mettre en place des mesures préventives. Parmi eux, Mark Woolhouse, professeur en épidémiologie des maladies infectieuses dont les propos ont été relayés par The Evening Standard.
Chercheur à l’Université d’Édimbourg en Écosse, Mark Woolhouse estime qu’il est nécessaire d’explorer toutes les possibilités susceptibles de se produire dans le futur. Cité par le média britannique, son appel à la prudence rejoint celui du professeur Jean-Jacques Muyembe Tamfu, un virologue congolais qui mettait également en garde contre la maladie X, en faisant référence à de nouveaux virus inconnus et potentiellement plus mortels.
Qu’est-ce que la maladie X ?
Chaque année, l’Organisation Mondiale de la Santé établit une liste de pathologies dangereuses à l’échelle du monde entier, explique Sciences et Avenir. Le document publié fait le bilan sur les maladies nécessitant des recherches plus poussées et une plus forte surveillance ou d’accroître l’efficacité du diagnostic et des traitements.
En 2018, pendant une réunion à Genève, elle a donné un nom provisoire à une future maladie qui entraînerait une pandémie sur Terre, celle-ci portant l’appellation de “maladie X” pour son caractère hypothétique. Encore inconnue, elle avait rejoint le virus Zika, Ebola, la fièvre de Lassa, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers) et le Syndrome respiratoire aigu sévère (Sras). Mais c’était sans compter sur l’émergence du nouveau coronavirus à Wuhan, lorsque la “maladie X” a pris la forme du Covid-19.
Le Pr Woolhouse qui révèle avoir fait partie des scientifiques poussant l’OMS à intégrer cette appellation provisoire à sa liste de pathologies prioritaires explique qu’ils s’attendaient à ce que la prochaine pandémie soit due à un virus inconnu. Il ajoute aussi que l’une des possibilités ayant été discutée était un nouveau coronavirus, semblable au Mers ou au Sras. “Je veux dire, ça ne pourrait pas être plus précis que ça. Ce nouveau virus est tellement proche du Sras, donc ils l’ont définitivement identifié comme l’une des menaces”, explique l’expert.
“Repérer l’événement rare est toujours difficile”
Interrogé au sujet de l’imminence potentielle d’une prochaine “maladie X”, Mark Woolhouse estime que ce scénario est tout à fait plausible. Pour lui, ce n’est pas de savoir si une maladie apparaîtra mais de savoir quand. Pour autant, les prédictions restent impossibles à présenter avec certitude. “Nous ne pouvons évidemment pas savoir quand, bien sûr. Le mécanisme précis par lequel un virus apparaît est toujours extrêmement imprévisible”, ajoute-t-il. Pour cette raison, il considère que le meilleur moyen d’avoir une idée à ce sujet est de se baser sur des probabilités statistiques.
Il indique par ailleurs qu’un ou deux virus transmissibles à l’homme sont découverts par les scientifiques chaque 1 ou 2 ans et que ce taux est constant depuis plus d’une cinquantaine d’années. De ce fait, il s’attend à ce que cela se poursuive encore dans le futur mais ce qui sera délicat, “c’est de reconnaître ceux qui vont réellement causer la prochaine pandémie”, explique-t-il. Un avis rejoint par Michael Ryan, responsable de l’OMS en charge des situations d’urgence qui appelait lors d’une conférence de presse à se préparer dès maintenant à ce qui pourrait être “pire que le Covid-19”, comme le révèle la Dépêche. En effet, ce dernier indiquait que le taux de mortalité du Sars-CoV-2 était “relativement bas par rapport à d’autres maladies émergentes”, même s’il tient compte de sa forte transmissibilité et des nombreux décès qu’il a occasionné. Un avis nuancé par le patron de l’agence onusienne qui estime qu’il y a eu une prise de conscience, rappelant néanmoins qu’il faudra faire preuve de plus d’ambition.
Un appel à explorer toutes les possibilités
Interrogé sur les politiques mises en place pour identifier les risques liés à de futures pandémies, le Pr Woolhouse doute que ces dernières soient une priorité pour l’instant, compte tenu des efforts mobilisés pour lutter contre le Covid-19. Il estime néanmoins que cela est nécessaire pour prévenir leurs répercussions. En faisant référence à la situation sanitaire au Royaume-Uni, il révèle que l’état actuel du pays est loin d’être lié à un manque de préparation. Ils avaient des “plans assez mûrs et sophistiqués” pour réagir à une pandémie de grippe, souligne-t-il Seulement, c’est le virus Sars-CoV-2 qui est apparu.
“Malheureusement, comme j’aime l’expliquer, on a fait beaucoup de travail, on a fait nos révisions, on s’est rendus à la salle d’examen, et ils nous ont donné le mauvais sujet”, poursuit le spécialiste. “Nous étions tous prêts à confronter une pandémie de grippe et on a eu autre chose à la place”, a-t-il ajouté. Dans ce sens, la grande leçon qu’il retient de ces événements et qu’il prône depuis plusieurs années maintenant est de ne pas se limiter en restant focalisé sur une seule théorie. “Soyez ouverts d’esprit et explorez l’éventail des possibilités”, avertit le Pr Woolhouse. “Nous devons absolument être plus conscients de ces événements, mais je pense que ce jeu d’essayer de deviner ce qui va suivre est très risqué” a-t-il souligné. “Nous venons de le jouer, et cela ne nous a pas rendu service”, rappelle-t-il, précisant que l’expérience ne doit pas être répétée.