La scientifique à l’origine d’un vaccin contre le Covid-19 veut maintenant développer un vaccin contre le cancer
Le vaccin de Moderna et celui du tandem Pfizer/BioNtech sont les premiers à avoir été mis au point contre le Covid-19. Leur similitude ? Ils ont tous deux eu recours à la même technologie, celle de l’ARN messager. Interrogée par l’Associated Press, Ozlem Tureci, cofondatrice de la société allemande BioNTech, a révélé que ce procédé innovant allait être mis à profit pour lutter contre le cancer.
Après avoir développé un vaccin en collaboration avec Pfizer pour combattre le Covid-19, BioNTech se fixe de nouveaux objectifs. Relayé par ABC News, l’entretien de sa cofondatrice avec l’agence de presse porte sur les espoirs de son laboratoire pour cibler le cancer dans les années à venir avec la même technologie.
En quoi consiste la technique de l’ARN messager ?
Traditionnellement, la vaccination consiste à administrer à une personne “un agent infectieux atténué ou inactivé ou bien sur celle de certaines de ses protéines”, explique l’Inserm. Le but étant de provoquer une réaction immunitaire en réponse au pathogène, en plus de cellules mémoires qui sont produites pour nous protéger si l’on venait à être infecté à nouveau. Pour la technique de l’ARN messager ou acide ribonucléique messager, l’objectif est de laisser les cellules d’une personne “fabriquer elles-mêmes le composant contre lequel notre organisme va apprendre à se défendre”, peut-on lire sur cette même source.
Dans une publication destinée à simplifier la compréhension de son fonctionnement, le gouvernement français explique qu’il faut d’abord séquencer le génome du virus en question pour savoir quelle partie sera ciblée pour la lutte. Ensuite, ce tronçon est isolé et dupliqué. C’est que l’on appelle l’ARN messager. Dans le cas du Covid-19, c’est la protéine S qui doit être combattue car c’est la “clé” qui permet au virus d’entrer dans les cellules. Le but de l’ARN messager est donc d’ordonner à nos cellules humaines de fabriquer ces mêmes protéines pour éduquer le système immunitaire à réagir en fabricant des anticorps. De ce fait, si le virus venait à entrer dans l’organisme ultérieurement, il serait reconnu pour être détruit plus rapidement.
L’espoir de BioNTech pour la lutte contre le cancer
Cofondatrice de BioNTech avec son époux, Ugur Sahin, la chercheuse allemande Ozlem Tureci révèle lors de cet entretien qu’avant la pandémie, leurs équipes travaillaient déjà à appliquer ce procédé innovant pour renforcer le système immunitaire contre les tumeurs et combattre les cancers. Mais lorsque le Covid-19 a émergé, les efforts autour de cette technique ont été redirigés vers cette nouvelle menace. Aujourd’hui, après la mise au point du vaccin contre le virus, les chercheurs réfléchissent à la période post-pandémie et considèrent poursuivre leur premier objectif.
Ils travaillent sur plusieurs vaccins
Ozlem Tureci, qui est également le médecin-chef de BioNTech explique disposer de “plusieurs vaccins différents contre le cancer basés sur l’ARN messager”. Pour l’heure, aucun d’entre eux n’est évidemment disponible ni prêt à une mise en circulation sur le marché. Interrogée sur une date potentielle pour avoir accès à cette thérapie, la scientifique a répondu qu’il était très difficile de prédire un développement dans la sphère de l’innovation. “Mais on estime que d’ici quelques années, nous allons réussir à avoir des vaccins contre le cancer que l’on pourra proposer aux gens”, poursuit-elle. Pour l’heure, elle et son mari dédient leurs efforts à la livraison des vaccins commandés par les gouvernements, tout en s’assurant que les injections répondent efficacement à toute nouvelle mutation du virus. Ils ont d’ailleurs été récompensées par le président allemand Frank-Walter Steinmeier qui leur a décerné l’Ordre du Mérite, l’une des distinctions les plus élevées du pays. Le couple a néanmoins souligné que le vaccin contre le Covid-19 avait été le fruit d’un effort collectif.
Désormais, les fonds recueillis par l’entité seront injectés dans leurs travaux contre le cancer, révèle BFM TV. Ozlem Turec ajoute également que l’une des leçons qu’elle retient avec son mari et ses collègues est que la collaboration et la coopération au niveau international sont indispensables.