« L’allaitement au-delà de la petite enfance est parfaitement normal » affirment les scientifiques

Publié le 13 novembre 2020
MAJ le 19 novembre 2024

Allaiter un nouveau-né dès la naissance est considéré normal mais les femmes qui pratiquent cet allaitement au-delà d’un certain âge peuvent en être dissuadées. Pourtant, cela pourrait au contraire être plus bon qu’on ne le pense. Interrogée par le magazine Parents, Véronique Darmangeat, consultante en lactation, fait le point sur l’allaitement dit “longue durée”. 

Nécessaire à la bonne santé du nourrisson ainsi qu’à celle de la maman, l’allaitement exclusif au sein est recommandé jusqu’à 6 mois après la naissance par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il arrive toutefois que des mères optent pour un allaitement dit “longue durée” ou “tardif” qui peut se poursuivre jusqu’à l’âge d’1, 2 ou même 3 ans, ce dernier pouvant être accompagné par une autre alimentation.

Bien qu’elles fassent plutôt office d’exception, leur souhait de prolonger cette pratique serait tout à fait normal, comme l’explique Véronique Darmangeat au magazine Parents.

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Un bébé qui tète  – Source : Hearty Soul

L’allaitement dure en moyenne 3 mois en France

Selon un article relayé par nos confrères du Figaro Santé en 2017, le PNNS recommande un allaitement exclusif qui dure idéalement jusqu’à 6 mois, avec un minimum de 4 mois. Mais à en croire une étude menée par des chercheurs du Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité, la moyenne française avoisine plutôt les 3 mois, une durée inférieure aux conseils préconisés dans le pays ainsi qu’au niveau international.

Qu’est-ce que l’allaitement tardif ou “longue durée” ?

Selon Véronique Darmangeat, l’allaitement tardif ou “longue durée” n’a pas vraiment de définition car il dépend essentiellement du pays et de son rapport à l’allaitement. La spécialiste en lactation cite la Suède à titre d’exemple, un pays où l’allaitement jusqu’à l’âge d’un an est considéré normal, alors qu’en France, il s’agirait plutôt d’un allaitement tardif.

Pour autant, l’experte est catégorique : “l’allaitement ne peut jamais nuire au bien-être de l’enfant”. Et pour cause, ce dernier s’en désintéressera lorsqu’il n’en voudra plus. En outre, l’allaitement est la décision d’une mère et qu’elle le choisisse ou non, il s’agit de sa maternité et de ses capacités. Ainsi, elle ne doit pas céder à la pression de prolonger l’allaitement si elle préfère passer à autre chose avec son enfant. Et il en va de même pour celles qui préfèrent, au contraire, allonger la durée de cette pratique.

Il faut “fuir la pression d’un sevrage à la fin du congé de maternité, ou à six mois, si on a l’envie de continuer le maternage jusqu’aux 3 ans de l’enfant par exemple”, indique l’experte. Chaque femme est libre de définir ce qui lui convient, ainsi qu’à son enfant. De ce fait, il serait de rigueur de ne pas juger les mamans qui veulent allonger la durée de ce moment privilégié. Et il semblerait bien qu’elles aient tout bon puisque les spécialistes confirment l’aspect vertueux de cette décision.

Quels bienfaits pour l’enfant ?

L’allaitement au-delà des premiers mois du nourrisson n’est pas seulement un lien privilégié entre la maman et l’enfant. Une étude de l’American Academy of Pediatrics relayée par le site gouvernemental du CDC américain, suggère de combiner la nourriture solide et l’allaitement après les 6 premiers mois et ce, jusqu’à ce que l’enfant ait au moins un an. Mieux encore, l’organisme soutient que la mère peut allaiter aussi longtemps qu’elle et son enfant le souhaitent. Et pour cause, le lait maternel est une excellente source nutritionnelle qui possède un bon nombre d’avantages sur la santé, même au-delà de l’arrêt communément admis.

Sans vouloir parler de bienfaits, Véronique Darmangeat indique que l’allaitement est tout d’abord une norme propre à notre espèce. En outre, il s’agit d’un “aliment complet et idéal tant qu’un enfant en a besoin, c’est-à-dire pendant plusieurs années. Cela lui permet d’avoir une alimentation complète et équilibrée”, souligne la spécialiste.  Elle met également en exergue son rôle protecteur contre les allergies et les virus, mais précise que la mère ne doit consommer ni alcool, ni tabac. Et il en va de même pour les médicaments. Un avis validé par l’OMS qui rappelle dans un article que l’allaitement exclusif au sein pendant une période de 6 mois protège contre les infections et réduit le risque de mortalité. L’organisation écrit également sur son site que “Le lait maternel est aussi une source importante d’énergie et de nutriments pour les enfants de 6 à 23 mois”, qu’il peut procurer 50% ou plus des besoins énergétiques de 6 à 12 mois, “et le tiers des besoins énergétiques de l’enfant de 12 à 24 mois”.

Enfin, et de manière générale, on considère que les adolescents et les enfants allaités à la naissance présentent des taux inférieurs d’obésité ou de surpoids, en plus d’obtenir de meilleurs résultats aux tests d’intelligence.
Pour autant, même si allaiter son enfant au-delà de la petite enfance est préconisé, il s’agit avant tout du choix de la maman. Pour des raisons de santé, de rythme de vie ou simplement d’envie, cela peut ne pas être possible.

Par ailleurs, certaines conditions médicales peuvent empêcher la mère de produire suffisamment de lait et porter atteinte à la santé de l’enfant si celle-ci opte pour un allaitement exclusif au sein. Dans ce sens, il est indispensable d’avoir recours à un suivi médical pour surveiller le poids du nourrisson, vérifier qu’il est correctement nourri et qu’il ne court aucun risque de déshydratation, quel que soit le type d’allaitement privilégié.