Le masque de protection réduit-il nos apports en oxygène tout en nous contraignant à respirer du dioxyde de carbone ? Voici l’avis des experts

Publié le 19 mai 2020

Depuis l’apparition du Sars-Cov-2 en Chine, de nombreux scientifiques recommandent de porter un masque pour réduire les risques de transmission du virus. En France, la question a été au cœur des débats au début de cette crise sanitaire. La pénurie de masques à laquelle faisait face le pays a été pointée du doigt, engendrant un sentiment d’insécurité particulièrement marquée chez le personnel soignant. Mais à l’heure du déconfinement progressif, le pays a pu résorber ce manque et a même opté pour la généralisation du port du masque de protection sur les lieux de travail et les transports en commun. Néanmoins, certains individus ressentent des symptômes inhabituels lorsqu’ils portent leur masque, indique le site Health

Alors que le monde fait face à la plus grande crise sanitaire de notre siècle depuis quelques mois, le port du masque est considéré comme un moyen de prévention contre la Covid-19. Chirurgical, jetable ou encore en tissu, le masque permet de limiter la projection des gouttelettes de salive susceptibles de contenir le virus et ainsi, de se protéger et de protéger son entourage. Seulement, certaines personnes ont constaté qu’en portant ce masque, elles avaient tendance à se sentir étourdis, affaiblis ou encore à bout de souffle. En réalité, elles ont exprimé leur crainte face à un danger potentiel : le masque peut-il priver d’oxygène et contraindre à inhaler plus de dioxyde de carbone ? Les experts répondent.

Une histoire inquiétante

Aux Etats-Unis, un véhicule est entré en collision avec un poteau le 23 avril. Lorsque la police est arrivée sur les lieux, le conducteur a affirmé qu’il s’était évanoui à cause de son masque N95 qu’il portait depuis un certain temps. Les services de police l’ont cru puisqu’ils ont partagé cette histoire sur une publication sur Facebook. “On pense que l’accident est dû au fait que le conducteur a porté un masque N95 pendant plusieurs heures, puis s’est évanoui au volant en raison d’une consommation insuffisante d’oxygène / d’une consommation excessive de dioxyde de carbone”, peut-on lire sur le post. Cette publication a incité les internautes à réagir et à se demander si le port du masque présentait un tel danger.

L’avis des experts

Pour se protéger contre les agents infectieux aéroportés, le port du masque est de rigueur. Mais cette stratégie préventive entraîne-t-elle le risque qu’une personne soit privée d’oxygèneet respire du dioxyde de carbone ? Rappelons qu’à chaque inspiration, l’être humain inhale de l’oxygène “O2” et à chaque expiration, il libère du dioxyde de carbone “CO2”. Grâce à ces échanges gazeux, les cellules de l’organisme parviennent à fonctionner de manière optimale. Selon les National Institutes of Health, l’inhalation de quantités élevés de dioxyde de carbone peut être dangereuse. Les experts expliquent que ce phénomène peut engendrer des maux de tête, des vertiges, des acouphènes, une vision trouble, une incapacité à se concentrer ainsi que des convulsions ou une suffocation.

Bill Caroll, professeur adjoint de chimie à l’Université de l’Indiana, explique que “Le Co2 est présent dans l’atmosphère à un niveau d’environ 0,04%”. Or, la menace n’est présente que lorsque ce niveau dépasse 10%, indique l’expert. Pour lui, le masque de protection contre le coronavirus ne devrait pas altérer les échanges gazeux de l’organisme. Néanmoins, l’expert précise que la composition du masque et son ajustement peuvent avoir un impact sur la respiration. “Si vous mettez un sac en plastique sur votre tête et que vous l’attachez étroitement autour de votre cou, aucun coronavirus ne pourrait y pénétrer mais aucun oxygène non plus”, explique-t-il.

Ainsi, l’expert indique qu’il est “très improbable” qu’un masque en tissu ne puisse entraîner un manque d’oxygène débouchant sur un évanouissement. Dans ce sens, il précise que le masque en tissu ne protège pas d’inhaler du virus, mais protège uniquement les gens autour des gouttelettes qui peuvent être émises.

Concernant le masque N95 qui aurait pu causer l’étouffement du conducteur, Amesh A. Adalja, chercheur au Johns Hopkins Center for Health Security, explique qu’une personne qui porte ce masque pendant une période prolongée peut subir des fluctuations de sa biochimie sanguine, ce qui peut altérer le niveau de conscience dans certains cas. Mais ces complications ne concernent que les personnes prédisposées à des difficultés respiratoires, telles que les fumeurs, les individus obèses et ceux qui souffrent d’une pathologie chronique.

Pour pallier ces risques, Kelli Kandell, interniste et conseiller médical chez Aeroflow Healthcare “recommande aux personnes qui souffrent de bronchopneumopathie chronique obstructive sévère ou d’autres maladies pulmonaires qui rendent la respiration difficile d’envisager soigneusement l’utilisation de masques”. Rappelons que le masque doit couvrir le nez et la bouche, sans être trop serré.