Le premier homme paralysé traité avec des cellules souches retrouve les mouvements du haut de son corps
Imaginez qu'un jour vous conduisez, et que votre vie est tout à fait normale. Puis, avant même de savoir ce qui s'est passé, vous vous réveillez dans un lit d'hôpital, paralysé jusqu'au cou. En 2016, c'est exactement ce qui est arrivé à Kristopher Boesen, âgé d'à peine 21 ans. Grâce à sa participation à un traitement expérimental avec des cellules souches, il a retrouvé le mouvement de ses bras et de ses mains.
Un homme traité avec des cellules souches retrouve la mobilité de la partie supérieure de son corps
La vie de Kris Boesen a changé à jamais lorsque la voiture dans laquelle il se trouvait a perdu a glissé sur une route mouillée et a percuté un arbre et un lampadaire. Lors de l’impact, il subi un traumatisme de la colonne cervicale qui le laisse complètement paralysé. Les médecins l’ont averti qu’il pourrait ne plus jamais avoir de mouvement ou de fonction sous le cou pour le reste de sa vie.
C’est alors que le Dr Charles Liu, directeur du Neurorestoration Center de l’Université de Californie du Sud, propose à Kris et à sa famille un traitement expérimental. Ce traitement consiste à injecter des cellules souches dans la colonne vertébrale dans le but de rétablir au moins quelques fonctions de l’organisme. Bien que de nombreuses expériences aient été menées auparavant, il s’agissait de la première étape vers des essais sur l’homme.
Des années de recherche et d’expériences en laboratoire ont été consacrées à la thérapie par cellules souches pour la paralysie, mais il n’y avait alors aucune garantie. Dans le pire des cas, les nouveaux tissus pourraient s’agglutiner et former une tumeur. Cela pourrait en fait avoir l’effet inverse et le rendre encore moins mobile.
Kris, cependant, a vu là sa seule chance de retrouver une petite partie de sa vie, alors il l’a prise. On l’a débranché du respirateur pour qu’il puisse donner officiellement son consentement, puis après avoir signé les documents en tenant un stylo entre ses dents. Les médecins se sont mis alors au travail pour le préparer à recevoir des cellules souches injectées dans sa colonne vertébrale.
La moelle épinière est une partie vitale du corps humain. Elle contient et transfère toutes les informations entre le cerveau et le reste du corps. C’est la principale voie de communication qui indique à notre corps comment bouger. Elle nous informe de la température, de la position, de la douleur et d’autres sensations. Une lésion grave de la moelle épinière interrompt cette communication, de sorte qu’aucun message ne peut être transmis. Plus la lésion se situe à un niveau élevé de la moelle, plus le nombre de parties du corps touchées est important. Dans le cas de Kris, les dommages ont été causés à la colonne cervicale, à la base du cou. Cela signifie que toute communication concernant les mouvements à partir du cou vers le bas était complètement bloquée.
Les cellules souches proviennent de tissus de l’organisme qui ont le potentiel de devenir d’autres types de cellules. Elles existent dans de nombreux tissus de l’organisme, mais les médecins les prélèvent généralement dans le sang, la moelle osseuse et le cordon ombilical. Les scientifiques les cultivent ensuite en laboratoire dans des conditions particulières, afin qu’elles se développent et se multiplient. Ils injectent ensuite les cellules aux patients. Pour Kris, les médecins ont injecté ces cellules dans sa colonne cervicale.
Il y a certains critères à remplir pour être candidat à cette thérapie expérimentale par cellules souches. Tout d’abord, les patients doivent être dans un état des santé stable, âgés de 18 à 69 ans. Ils doivent être capables de donner leur consentement verbal, ce qui signifie qu’ils sont en mesure de respirer sans respirateur. Le délai de réalisation de l’intervention est également court : entre 14 et 30 jours à compter du moment de la blessure.
Après plusieurs évaluations, scanners et tests, les médecins ont injecté à Kris 10 millions de cellules souches AST-OPC1. Six semaines plus tard, ils l’ont autorisé à poursuivre sa rééducation. En seulement deux semaines, Kris a déjà montré des signes d’amélioration. En trois mois, il était capable d’utiliser ses bras et ses mains suffisamment bien pour effectuer diverses activités, notamment :
- Se nourrir seul
- Ecrire des messages
- Utiliser son fauteuil roulant
- Embrasser sa famille et ses amis
De plus, il a retrouvé des sensations dans la partie supérieure de son corps. Cette incroyable amélioration a choqué Kris et lui a donné l’espoir d’un avenir meilleur.
« Tout ce que j’ai voulu depuis le début, c’est une chance de me battre », a-t-il déclaré. « S’il y a une chance pour moi de marcher à nouveau, alors c’est sûr ! Je veux faire tout ce qui est possible pour cela. »
La thérapie par cellules souches est encore une technologie très récente. Les médecins et les scientifiques sont toutefois très optimistes quant à son large éventail d’applications. Voici quelques autres affections que les médecins ont traitées avec des cellules souches :
- Dégénérescence maculaire
- Certains cancers
- Le VIH et le Sida
- Maladies du système neurologique
- Maladies rénales
- Maladies cardiaques
- Maladies osseuses
- Diabète
- Maladie de Parkinson
Nous sommes encore loin des centaines de maladies qui pourraient être « éradiquées grâce aux cellules souches », déclare James Wells, PhD, responsable scientifique du Center for Stem Cell and Organoid Medicine de l’hôpital pour enfants de Cincinnati.
Cela dit, les scientifiques progressent plus vite que prévu et l’avenir de la thérapie par cellules souches pour le traitement de nombreuses affections qui altèrent la vie semble prometteur. Aujourd’hui, Kris est même capable de soulever un haltère au-dessus de sa tête. Bien qu’il soit toujours attaché à un fauteuil roulant, le traitement par cellules souches lui a rendu une indépendance inestimable. Grâce à de nouvelles recherches, on peut espérer qu’un jour, des personnes comme Kris seront capables de faire encore plus.