L’épidémie du coronavirus est-elle « en train de disparaître », comme l’affirme le professeur Raoult ?
Depuis son apparition sur un marché de Wuhan en Chine, le nouveau coronavirus a entraîné des bouleversements conséquents sur notre quotidien. Avec un bilan toujours en hausse, il continue de faire des victimes dans les quatre coins du monde, sans oublier ses répercussions sociales et économiques pour les populations désormais confinées dans leurs maisons. De nombreuses personnes s’interrogent alors quant à son évolution. Parmi elles, le Pr Didier Raoult qui aurait déjà des éléments de réponse. Selon nos confrères de BFM TV, l’infectiologue marseillais estime que “l’épidémie de coronavirus est en train de disparaître”. Des propos jugés prématurés par certains médecins.
Le directeur de l’IHU Méditerranée Infection semble avoir encore une fois suscité le scepticisme de ses pairs. Dans une vidéo publiée ce mardi 14 avril, ce dernier déclare que ‘l’épidémie est en train de disparaître progressivement”. Une annonce qui ne fait pas l’unanimité auprès des experts interrogés par BFMTV.
L’épidémie est-elle vraiment en train de disparaître ?
Pour le Pr Raoult, la réponse est positive, soulignant qu’il serait possible «que l’épidémie disparaisse au printemps». L’infectiologue qui s’est basé sur des chiffres de tests réalisés hors et dans l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille révèle que le nombre de cas journaliers aurait baissé avec «une diminution très très significative du nombre de cas détectés», ce qui pourrait laisser présager la fin de l’épidémie.
«On avait au maximum, au pic, jusqu’à 368 cas nouveaux par jour et là actuellement on est plutôt dans la zone de 60, 80 par jour», déclare le professeur, en précisant qu’il serait possible que «d’ici quelques semaines, il n’y ait plus de cas». D’après l’infectiologue, cette théorie peut sembler étrange mais elle ne serait pas surprenante. «Ce sont des choses qu’on a l’habitude de voir pour la plupart des maladies virales respiratoires, donc c’est assez banal», poursuit le Pr Raoult.
Mais si des exemples tels que la grippe saisonnière qui survient lorsque les températures chutent peuvent soutenir cette idée, il existe également des contre-exemples tels que le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers) souligne le Pr Arnaud Fontanet interrogé par l’AFP début février. En effet, ce spécialiste des maladies émergentes à l’Institut Pasteur rappelle que le Mers circulait dans des pays chauds, faisant alors opposition à l’idée « selon laquelle la « chaleur » tuerait « ce genre de virus” ». En outre, le professeur souligne que le caractère saisonnier d’un virus ne signifie pas sa disparition le reste de l’année.
Une annonce prématurée
Pour Christophe Rapp, infectiologue à l’hôpital américain de Paris, il s’agit d’une «hypothèse classique» puisque les virus dits saisonniers présentent une sensibilité à la température. Seulement, ce dernier estime qu’il est difficile de se prononcer dans le cas du nouveau coronavirus, au vu des nombreuses incertitudes qui subsistent quant à sa propagation. «On ne sait pas si la chaleur va jouer sur son fonctionnement», déclare l’infectiologue, rappelant par la même occasion que le virus circule notamment en Asie et en Afrique, des continents où le climat est différent.
Le Dr Rapp met également en avant des différences épidémiologiques en France qui ne permettent pas de généraliser les observations du Pr Raoult au niveau national. «Nous par exemple en Île-de-France on est encore en plateau, donc c’est une annonce un peu prématurée» précise l’infectiologue avant d’ajouter, «c’est une hypothèses qui méritera d’être confirmée ultérieurement». Un avis partagé par le directeur général de l’Agence Régionale de Santé Provence-Alpes-Côte d’Azur. Interrogé par France Bleu, Philippe de Mester révèle que malgré le fait que la progression de l’épidémie ait diminué depuis quelques jours, il ne s’agit pas du tout d’une régression, précisant qu’il serait prématuré d’établir des pronostics quant à la fin de l’épidémie du Covid-19.
Christophe Rapp évoque également la possibilité que le virus puisse disparaître grâce à l’immunité collective, enrayant ainsi la propagation de la maladie si un certain nombre de personnes se retrouvent immunisées. Toutefois, les estimations établies actuellement révèlent que cela ne concernerait que 10% de la population française, « donc le virus n’est pas près de disparaître », conclut l’infectiologue.