Les médecins mettent en garde contre la deuxième vague “plus critique, plus précoce, plus forte” que la première
En France, ces dernières semaines ont été marquées par une hausse alarmante des indicateurs de l’activité épidémique. Depuis longtemps, les autorités sanitaires françaises exhortent à ne pas relâcher les efforts accomplis durant la première vague de l’épidémie et à se prémunir contre les risques d’une deuxième vague à l’automne. Aujourd’hui, l’ensemble du territoire est placé en état d’urgence sanitaire et de nouvelles mesures sont en vigueur pour contenir la crise sanitaire. Selon les médecins cités par BFM TV, cette deuxième vague pourrait être “plus critique, plus précoce, plus forte” que la première.
Dans son dernier point épidémiologique de ce mardi 27 octobre, Santé publique France a recensé 33 417 nouveaux cas de contaminations en 24 heures et plus de 292 décès. L’agence sanitaire a également précisé que 2057 personnes ont été admises en réanimation ces derniers jours. Face à ce rebond épidémique, l’hypothèse d’un reconfinement généralisé est au cœur des débats. En réalité, les médecins et scientifiques craignent une deuxième vague plus critique que la première, comme relayé par la chaîne de l’info, BFM TV.
Une accélération brutale du virus
“On est le nez face au mur de la réalité”, indique le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon à Paris. “C’est plus critique, plus précoce, plus fort, et plus impactant pour la vie de l’hôpital”, ajoute-t-il. Pour lui, la situation est bien plus sévère qu’au printemps dernier. “La circulation du virus est hors de contrôle”, martèle-t-il.
Alors que plusieurs spécialistes appréhendaient une deuxième vague plus puissante, les faits semblent irréfutables. Pour le professeur Gilles Pialoux, lors de la première vague, le virus était localisé principalement dans certaines régions du pays. Mais aujourd’hui, “le virus est partout”, affirme-t-il avant d’ajouter “on a probablement perdu le fil dès le mois d’août”. Par ailleurs, le spécialiste des maladies infectieuses a expliqué que cette hausse brutale des indicateurs épidémiologiques porte à croire que la France fera face à des semaines difficiles. Ainsi, l’hypothèse d’un reconfinement ne peut être écartée et le discours d’Emmanuel Macron viendra préciser les nouvelles décisions envisagées pour endiguer l’épidémie.
Selon l’épidémiologiste Dominique Costagliola, le pays va probablement afficher des taux similaires à ceux du mois de mars, mais cette deuxième vague pourra atteindre “un niveau plus important” et pendant “plus longtemps”. De ce fait, le bilan humain risque d’être encore plus élevé que lors de la première vague de l’épidémie.
Dimanche dernier, l’agence sanitaire a mis en exergue un record avec 52 010 nouveaux cas de contaminations enregistrés en 24 heures et 2500 admissions en réanimation. Mais pour le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy interrogé par RTL, les chiffres rapportés quotidiennement par Santé publique France restent en deçà de la réalité. “Il y’a probablement plus de 50 000 cas par jour. Le Conseil scientifique estime que l’on est plutôt autour de 100 000 cas par jour”, indique-t-il, précisant que “entre les cas diagnostiqués, les cas qui ne se font pas diagnostiquer, les cas asymptomatiques … On est autour de ce chiffre”. Bien que le président du Conseil scientifique avait anticipé le risque d’une deuxième vague dès le mois de juillet, il s’est dit “surpris par la brutalité de ce qui est en train de se passer depuis 15 jours”. Ainsi, il estime que la deuxième vague sera probablement bien plus forte que la première, ajoutant que les services de réanimation risquent d’être saturés d’ici quelques semaines.
Reconfiner pour éviter le pire ?
Alors qu’Emmanuel Macron a instauré un couvre-feu dans neuf métropoles, certains médecins restent dubitatifs face à l’efficacité de cette mesure. “Le couvre-feu est un pari risqué”, estime Eric Caumes, chef du service infectiologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière sur France Info. Pour lui, si la situation épidémiologique ne s’améliore pas, “il faudra confiner, il n’y aura pas d’autres solutions”.
Citant l’exemple des “Irlandais et des Gallois” qui ont déjà confiné massivement leurs populations, le médecin explique que cette mesure est parfois nécessaire “pour remettre les pendules à l’heure, permettre de se réorganiser et arrêter la saturation du système hospitalier, notamment des réanimations”.
En effet, Eric Caumes explique que les lits de réanimation sont principalement occupés par des patients Covid, et que bientôt, les autres malades ne seront plus pris en charge correctement si le système est saturé. Seulement, la crainte des répercussions économiques liées à un reconfinement reste prépondérante. “Si on reconfine totalement comme on l’a fait en mars, ce n’est pas moins 10% de récession qu’on risque, c’est un écroulement de l’économie”, considère Geoffroy Roux, président du Medef.