« Ne pas porter de masques est une grande erreur » met en garde un expert de renom

Publié le 7 avril 2020

Actuellement, le bilan de la pandémie s’élève à plus de 1 287 465 cas de contamination déclarés et près de 70 554 morts dans les cinq continents du globe. En raison de la propagation du coronavirus, des mesures strictes ont été prises par bon nombre de pays. Ainsi, ce sont près de 3 milliards de personnes dans le monde qui sont confinés. En sus, les gouvernements ont mis en exergue les mesures sanitaires nécessaires pour se protéger contre le Covid-19, notamment en stipulant que le port du masque serait inutile si on n’est pas malade ou au contact d’une personne malade. Mais George Gao, directeur général du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, considère que ne pas porter de masque serait une “grande erreur”. Ses propos ont été relayés par nos confrères du journal Le Monde

Malgré les recommandations des autorités sanitaires, le coronavirus suscite de nombreuses interrogations. En effet, la propagation du virus hors de Chine, son foyer d’origine, a provoqué une inquiétude considérable. C’est ainsi que la recherche de l’information a rythmé le quotidien de nombreuses personnes dans le monde. Par ailleurs, l’accélération de la pandémie en Europe et aux États-Unis alimente l’anxiété de la population. Dans un entretien publié par la revue américaine Science, Georges Gao, directeur général du Centre de contrôle et de préventions des maladies, explique comment la Chine a réussi à gérer cette crise sanitaire.

Dès le début de l’épidémie, l’expert a effectué de multiples recherches en vue d’analyser les caractéristiques du SARS-CoV-2, à l’origine de la maladie du Covid-19. Il a collaboré avec des chercheurs pour écrire deux études qui ont ensuite été publiées dans la revue New England Journal of Medicine. Ces travaux ont permis d’avancer les aspects épidémiologiques et cliniques de cette infection nouvelle causée par le coronavirus. En outre, Georges Gao et son équipe ont participé à une mission conjointe, dirigée par l’Organisation Mondiale de la Santé, en vue d’évaluer la gestion de la crise sanitaire en Chine.

Quels sont les moyens les plus efficaces mis en place par la Chine pour gérer la propagation du coronavirus ?

Apparu dans un marché de fruits de mer à Wuhan, le coronavirus s’est vite étendu dans les villes voisines de la province de Hubei. Enregistrant de nombreux décès, la Chine a dû mettre en places certaines mesures pour enrayer l’épidémie. Pour Georges Gao, la distanciation sociale est “la stratégie fondamentale dans le contrôle de toutes les maladies infectieuses, et plus encore des infections respiratoires”. En sus, en l’absence de traitement et de vaccin, il était primordial de mettre en oeuvre des actions et des recommandations concrètes pour limiter les risques de propagation du virus.

C’est ainsi que les autorités chinoises ont placé les personnes infectées par le coronavirus en quarantaine. Ensuite, il fallait identifier les nouveaux cas de contaminations et les isoler du reste de la population. Puis, il fallait interdire les rassemblements avant de restreindre les déplacements des habitants. À partir du 23 janvier, le confinement a débuté à Wuhan, foyer d’origine de l’épidémie. Pour que cette mesure soit respecté, des contrôleurs et des coordinateurs surveillaient étroitement la population locale, tout en connaissant les cas contaminés et les cas présumés.

Par ailleurs, la Chine a adopté une mesure atypique pour gérer la crise sanitaire. Comme l’explique Georges Gao, l’usage des thermomètres dans tout le territoire s’est avéré essentiel pour identifier les personnes potentiellement infectées par le virus. Ainsi, à l’entrée des commerces, des immeubles ou encore des stations de transports en commun, les autorités sanitaires utilisent des thermomètres pour prendre régulièrement la température des habitants, la fièvre étant l’un des symptômes courants de l’infection virale tant redoutée.

Quelles sont les erreurs reprochées aux autres pays dans la gestion de cette crise ?

Alors que le nombre des morts par le coronavirus continue de faiblir en Chine, il augmente de jour en jour aux États-Unis et en Europe. Pour le chercheur Georges Gao, la grande erreur qu’ont fait l’Europe et les États-Unis, c’est de ne pas imposer le port du masque aux habitants. En effet, le virus se transmet principalement par les gouttelettes respiratoires émises par une personne infectée à une autre personne saine. C’est ainsi que la chaîne de transmission est maintenue.

Le chercheur considère donc que le masque est nécessaire pour enrayer l’épidémie, d’autant plus que certains malades ne présentent pas ou peu de symptômes et peuvent transmettre le virus à d’autres. De ce fait, en recommandant le port du masque uniquement à ceux qui souffrent de cette infection, la gestion de la crise peut se compliquer. Malheureusement, la France fait face à une pénurie de masques importante.

Interrogé par BFM TV, Pierre-Louis Druais, médecin généraliste et membre du Conseil scientifique, a déclaré que ceux qui doivent porter des masques sont “tous les professionnels de santé et toutes les personnes qui travaillent pour maintenir la France à flots, et qui sont avec des risques parce qu’en contact avec des patients potentiellement atteints”.