“On ne voit pas comment on éviterait le retour du coronavirus” alerte le Conseil scientifique
Avec plus de 12 millions de cas de contamination recensés à ce jour, le nouveau coronavirus continue sa progression dans les quatre coins du monde. Si de nombreux pays ont allégé leurs restrictions face à la maladie apparue à Wuhan, la prudence reste de mise en l’absence de vaccin ou médicament spécifique au Covid-19. La baisse de vigilance a fait l’objet d’une mise en garde du Conseil scientifique. Son président, Jean-François Delfraissy révèle au journal Le Monde qu’il ne voit “pas comment” on éviterait le retour du virus.
Alors que les autorités sanitaires martèlent depuis le début de la pandémie qu’il faut respecter les mesures de distanciation sociale, ces précautions semblent être de plus en plus délaissées. A mesure que la vie reprend progressivement son cours, nombre de Français souhaitent profiter de la saison estivale après plusieurs semaines passées en confinement. Mais pour Jean-François Delfraissy, ce relâchement serait trop rapide.
Les mesures de distanciation sociale doivent être respectées
Interrogé par le quotidien, l’infectiologue déclare que si le virus poursuit sa circulation de manière plus lente ou plus contrôlée, il ne faut pas oublier qu’il est toujours présent. Pour ce spécialiste des maladies émergentes, l’été pourrait se dérouler de manière optimale, mais à condition que la distanciation sociale soit respectée par les citoyens. “Or, je suis frappé de voir que ce n’est pas le cas. Le port du masque dans les transports publics est bien respecté, à la fois parce que c’est obligatoire, et aussi parce que les citoyens eux-mêmes n’hésitent pas à demander à ceux qui n’en portent pas de descendre à la prochaine station” indique l’infectiologue puis d’ajouter “En revanche, les mesures de distanciation sociale sont en train de nous échapper. Il faut que tout le monde comprenne que, sans même parler de la deuxième vague, nous sommes à la merci d’une reprise en France”.
Le président du Conseil scientifique met également en garde contre les risques de contagion. “On le sait maintenant : il suffit qu’il y ait un supercontaminateur dans une assemblée et ça repart comme à Mulhouse” avertit Jean-François Delfraissy en faisant référence à la contamination de nombreuses personnes suite à un rassemblement de fidèles de l’église de la Porte ouverte chrétienne il y a quelques mois.
Une reprise possible de l’épidémie
Pour l’infectiologue, l’épidémie peut reprendre “à partir du moment où les mesures de distanciation sociale ne sont pas suivies”. Il cite notamment l’exemple des Etats-Unis qui, au lieu d’être confrontés à une deuxième vague, vivent encore la prolongation de la première “car les mesures de confinement n’ont pas été suffisamment strictes dans un certain nombre d’Etats, notamment dans le sud du pays”, explique le professeur.
En France, la crainte d’une seconde vague persiste. Ce jeudi, le Conseil scientifique a mis en garde contre le non-respect de la distanciation sociale, notamment dans les lieux clos. Son président s’est exprimé sur le sujet, révélant que ces derniers jours, “il n’y a pas moins de 500 cas diagnostiqués par jour, ce qui est suffisant pour faire repartir une épidémie ».
Il insiste par ailleurs au micro d’Europe 1 sur la nécessité de respecter les recommandations établies pour lutter contre la propagation du virus. “Je voudrais réinsister sur le fait que nous sommes très frappés par le fait que les gestes barrières et la distanciation sociale ne sont plus respectés », indique le professeur Delfraissy qui met en garde contre les implications de ce relâchement. « Il ne faut pas croire qu’on va rester sur cet équilibre tranquille si on continue à ne plus utiliser les gestes barrières et la distanciation sociale”, explique le président du Conseil. Un avis rejoint par le Pr Eric Caumes qui alertait jeudi matin sur la circulation “à bas bruit” du virus.