Ce père reçoit une lettre 20 ans après la mort de son fils
La mort d’un enfant, quel que soit son âge, est indéniablement l’une des épreuves les plus difficiles à surmonter pour les parents. Cet événement, si contraire à l’ordre des choses, bouleverse pour longtemps les rapports que chacun entretient avec lui-même, voire avec le disparu. C’est l’histoire émouvante d’un père qui reçoit, 20 ans après la mort de son unique fils, une lettre qui va bouleverser sa vie.
Les parents ne sont pas tous tolérants face à l’orientation sexuelle de leur enfant. Ils ont tendance à se cloîtrer dans une sorte de crise d’homophobie et un total rejet de la chair de leur chair. La peur d’un écart infranchissable s’insinue et parler de ce qui gêne ou choque devient de plus en plus difficile. Les rares discussions familiales autour du sujet finissent par un lancer de propos hostiles qui ne font qu’accroître l’isolement de l’enfant homosexuel et le défaitisme des parents.
Du vivant de son fils, Duane Shrock n’était pas le père le plus compréhensif du monde. Il avait banni son fils, suite à une embrouille après que celui-ci ait fait son coming-out. Colère, culpabilité, déni avaient pris le dessus, gelant tout contact entre les deux hommes. Emporté par le sida en 1995, à l’âge de 45 ans, Duane Jr n’a plus jamais eu l’occasion de reparler à son père ni de recoller les morceaux.
Des décennies plus tard, l’octogénaire originaire de Virginie reçoit une lettre inattendue. Une carte de souhaits pas comme les autres, écrite par son fils pour la fête des pères, postée en 1989, atterrit comme par magie dans sa boîte aux lettres. Pour Duane, toujours aussi éploré et rongé par les remords d’avoir mis au ban son fils, la réception de cette lettre ne pouvait être qu’un signe du destin. Le pli avait erré de ville en ville, renvoyé à l’expéditeur en raison des déménagements fréquents du père.
« Papa, nous ne nous sommes pas parlés depuis un moment. Je me porte bien et je suis très heureux à Richmond. J’aimerais tant avoir de tes nouvelles. Bonne fête des pères. Je t’aime, Duane », lit le père, avec une émotion non dissimulée.
« J’ai encore les larmes aux yeux quand j’y pense », confie Duane, pour qui ce courrier imprévisible est d’un grand réconfort.
« Je me demandais s’il allait faire la paix avec Dieu, car je voulais le voir au paradis ». Pour lui, où que soit son fils, il est comblé. Le père a appris à se reconstruire après la mort de Duane Jr et à accepter son choix sans faux-fuyants. Il éprouve toutefois l’amère repentance de ne pas avoir renoué le dialogue avec son fils ni été à son chevet quand sa fin approchait.