Pourquoi la Covid-19 tue-t-elle plus d’hommes que de femmes ?
Plus d’un an après sa première apparition en Europe, le coronavirus continue de décimer chaque jour des milliers de vies. Venu tout droit de Chine, ce virus s’est rapidement propagé dans plusieurs pays du monde, imposant la mise en place de mesures sanitaires exceptionnelles de la part des dirigeants. L’infection, qui peut s’apparenter à une simple grippe, peut dans certains cas s’avérer mortelle. Mais selon plusieurs sources, la Covid-19 tue deux fois plus d’hommes que de femmes. Pleins feux sur ce phénomène.
Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, les chercheurs du monde entier tentent de définir les facteurs de risque de la maladie. Il semblerait que les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies chroniques soient les plus à risque de contracter une forme grave de la Covid-19. Mais d’après de nombreux médias dont le Huffington Post, le nouveau coronavirus tue deux fois plus d’hommes que de femmes.
Les hommes plus fragiles que les femmes face à la Covid-19
Bien que le coronavirus affecte toute catégorie de personnes, il semblerait que les conséquences de l’infection varient selon le sexe. Aux États-Unis, les chercheurs ont constaté que deux fois plus d’hommes que de femmes décèdent des suites de la maladie. Du côté de l’Europe occidentale, 69% des morts recensés sont de sexe masculin. En Espagne, les hommes représentent 65% des décès. Chez leurs voisins italiens, 71% des morts sont de sexe masculin. D’après un article paru dans la revue scientifique The Lancet, plusieurs pays ont enregistré des données similaires. “Dans 38 des 43 pays pour lesquels des données provisoires étaient disponibles au 10 juin 2020, plus d’hommes que de femmes sont décédés de la Covid-19 malgré un nombre similaire de cas confirmés pour chaque sexe”, lit-on sur le rapport du Lancet. En effet, dans de nombreux pays dont le Royaume-Uni, la Thaïlande, les Pays-Bas ou encore la République Dominicaine, la tendance semble se confirmer. Comme l’explique le média The Telegraph, les hommes pourraient être biologiquement plus vulnérables face à la maladie. Ces derniers présentent une réponse immunitaire plus faible face au virus. En sus, les hormones masculines sont susceptibles de jouer un rôle dans l’aggravation de l’inflammation. Toutefois, d’autres facteurs peuvent influencer cette discimination par sexe. Selon Teresa Pérez Gracia, professeure de microbiologie à l’Université CEU Cardenal Herrera, cela peut être dû au fait qu’il y ait plus d’hommes que de femmes dans les groupes à risque. Et donc la réponse inflammatoire sera plus sévère.
Les hormones féminines potentiellement protectrices
D’après une étude publiée le 8 novembre dans la revue Trends in Endocrinology and Metabolism, les femmes seraient mieux protégées grâce à leurs hormones. Les oestrogènes, la progestérone, mais aussi l’alloprégnanolone pourraient avoir des propriétés anti-inflammatoires et agiraient sur les cellules immunitaires pour inciter l’organisme à produire des anticorps.Comme l’indique Jean-Charles Guéry, responsable de l’équipe de recherche Inserm, les œstrogènes peuvent jouer un rôle dans cette inégalité des sexes face au virus. Ces hormones sexuelles que l’on retrouve chez les femmes peuvent réguler les cellules du système immunitaire. Le spécialiste ajoute que lorsqu’on enlève les ovaires des femelles (et donc la source d’oestrogènes), ou s’ils sont traités avec des médicaments qui bloquent le récepteur aux œstrogènes (comme ceux utilisés dans le traitement du cancer du sein), la mortalité rejoint celle des mâles à plus de 80%. On ignore à ce jour s’il s’agit d’un effet direct sur le système immunitaire ou sur d’autres tissus”, précise le chercheur.