Pourquoi les hommes ont-ils une érection le matin ?
Se réveiller avec une érection matinale est le quotidien de nombreux hommes, malgré l’absence de rêves érotiques ou de désir sexuel. Parfois incommodantes, notamment au moment d’aller aux toilettes, ces érections portent un nom particulier : la tumescence pénienne nocturne (TPN). En effet, celle-ci se traduit par des érections successives qui se manifestent durant la nuit, la dernière étant celle que l’on peut observer au réveil. Quels sont les mécanismes impliqués ? L’érection matinale est-elle gage d’une bonne santé ? On vous dit tout.
Lorsqu’elles observent le membre dressé de leur partenaire dès le matin sans avoir provoqué cette érection, de nombreuses femmes se demandent si ce dernier n’a pas cédé à la tentation après avoir sombré dans les bras de Morphée. Qu’elles se rassurent, l’explication est toute autre. Les érections de son conjoint au petit matin n’ont rien à voir avec un désir érotique. En réalité, ce phénomène est complètement involontaire et échappe au contrôle de votre compagnon.
Qu’est-ce que l’érection matinale ?
L’érection matinale, autrement connue sous le nom de tumescence pénienne nocturne ou « morning glory » chez nos voisins anglo-saxons est, contrairement à ce que l’on pourrait croire, une réaction automatique qui se produit durant la nuit et non au réveil. Complètement détaché de la stimulation sexuelle ou de l’excitation, ce mécanisme contrôlé par le cerveau a lieu durant le sommeil paradoxal, le 5ème et dernier stade de notre cycle de sommeil. Lorsque les organes pelviens se relâchent, des érections peuvent survenir. Plus rarement, ces dernières peuvent également être suivies d’une éjaculation.
Interrogé par nos confrères de l’Express, le Dr Papazian, sexologue explique que cette phase de sommeil entraîne des mouvements oculaires rapides (REM), un courant électrique puissant dans le cerveau et chez la gent masculine, le relâchement total des muscles, dont ceux des corps caverneux. Ces derniers sont généralement responsables de bloquer l’afflux sanguin dans le pénis. Sans eux, l’érection serait d’ailleurs permanente, comme ce fut le cas de cet homme après une opération qui s’est mal déroulée. “Résultat, les hommes ont une érection plusieurs fois par nuit afin d’assurer une bonne oxygénation des tissus”, poursuit le sexologue. À savoir que ce phénomène peut se produire de 3 à 6 fois par nuit en moyenne, chaque érection pouvant durer de 10 à 30 minutes ! Mais ce n’est pas le seul facteur à prendre en compte. En effet, il ajoute que “la testostérone connaît un pic le matin”, ce qui expliquerait en partie l’érection à ce moment. Il souligne aussi que ce mécanisme est pris en compte lorsqu’un médecin effectue un bilan des troubles érectiles. Si un homme subit ces tumescences péniennes nocturnes mais qu’il lui arrive d’avoir des pannes sexuelles avec sa compagne, cela relèverait plutôt de l’ordre psychologique et non de troubles physiologiques, détaille le Dr Papazian, ce qui pourrait justifier la consultation d’un spécialiste.
Tous les hommes sont-ils concernés par ce phénomène ?
Selon un article revu par le Dr Alana Biggers, spécialisée en médecine interne, tous les hommes peuvent être concernés par l’érection matinale et ce, dès l’enfance s’ils ne souffrent d’aucune dysfonction sexuelle. Généralement, les jeunes adultes avec des taux de testostérone élevés peuvent voir ce mécanisme se produire plus souvent que des personnes plus âgées. Ce pic se manifeste fréquemment chez les hommes en fin d’adolescence jusqu’à l’approche de la quarantaine. Au-delà et jusqu’à la cinquantaine, cette fréquence peut diminuer, souvent en raison des hormones mâles qui diminuent aussi. Pour autant, cette réduction se produit progressivement et non de manière soudaine.
Quels sont les mécanismes d’une érection masculine ?
Lorsque l’homme est soumis à une excitation sexuelle, le cerveau reçoit des signes de stimulation qui passent par la moelle épinière pour atteindre la verge via le système parasympathique. Les nerfs érecteurs qui en font partie sont en connexion directe avec les artères et les corps caverneux du pénis, explique le Dr Corinne Tutin. Ces derniers, de structure spongieuse, peuvent alors se gorger de sang, notamment lorsque les nerfs excitateurs entraînent l’augmentation du taux de GMPc, un nucléotide cyclique au cœur du mécanisme érectile. Résultat : le pénis voit son volume augmenter, en parallèle d’une diminution du retour veineux pour obtenir une érection. Au moment de l’éjaculation, ce mécanisme s’inverse. La GMPc subit une dégradation par une enzyme ce qui permet aux muscles lisses de se contracter à nouveau pour que le pénis redevienne flacide.
Que signifie l’absence d’érection et faut-il s’inquiéter ?
Parfois associée à un dysfonctionnement érectile ou sexuel, l’absence d’érection au réveil n’est pourtant liée à aucun de ces deux facteurs et peut même se manifester chez des hommes en excellente santé. En effet, et comme expliqué plus haut, ce phénomène masculin se produit durant le sommeil paradoxal. De ce fait, si un individu se réveille à une phase différente, notamment lors d’une sieste de courte durée, il n’aura probablement pas d’érection. Il faut aussi prendre en compte les troubles du sommeil, précise le Dr Béatrice Cuzin, sexologue, qui peuvent prévenir cette érection matinale. Sans oublier le déclin de la testostérone avec l’âge, ce qui peut atténuer la fréquence de ce mécanisme.
Dan ce sens, il s’agit plutôt de s’y intéresser durant la masturbation ou pendant une stimulation lors de rapports sexuels, car à ce moment-là, l’absence d’érection peut être un signe d’alerte. Une consultation médicale permettra alors d’identifier les causes à son origine, en préconisant une meilleure hygiène de vie ou en prescrivant un traitement adapté.
D’autres facteurs pouvant expliquer l’absence d’érection au réveil
Si l’âge ou le sommeil ne sont pas impliqués dans l’absence d’érection au réveil ou que celle-ci se manifeste de manière soudaine, d’autres facteurs sont susceptibles d’en être responsables ou peuvent indiquer un problème physique sous-jacent. Habituellement, cela peut être le signe précoce d’une dysfonction érectile, pouvant traduire des problèmes circulatoires. Cela peut être dû à un excès de cholestérol qui affecte la fluidité de la circulation sanguine, à une opération chirurgicale de la prostate entraînant une destruction des nerfs érecteurs, à des problèmes hormonaux, à une insuffisance rénale ou encore à de l’hypertension artérielle, indique le Dr Sylvain Mimoun.
Le tabagisme agit également sur la qualité de l’érection, à l’instar du stress, qui peut mettre le corps à bout et avoir des effets inhibiteurs puissants. Et pour cause, cela peut entraîner un blocage psychologique mettant à mal la perception de l’homme quant à sa virilité et affectant sa vie sexuelle. Aussi, certains médicaments peuvent altérer la fréquence ou l’apparition d’une érection au réveil, notamment les antidépresseurs, les traitements hypertenseurs ou myorelaxants.
Dans quels cas faut-il consulter un médecin ?
S’il est normal que les érections matinales diminuent avec l’âge, certains cas de figure peuvent nécessiter une consultation chez un médecin. Cela s’applique particulièrement si vous aviez l’habitude de les observer au réveil et qu’elles disparaissent ou se réduisent brutalement, car cela pourrait traduire un trouble de santé passé inaperçu. Les érections douloureuses doivent également vous mettre la puce à l’oreille, notamment si elles se prolongent au-delà de 30 minutes après le réveil. A savoir qu’en matière de fréquence, il est difficile d’avancer un chiffre exact, puisque les cas varient selon les individus et que plusieurs facteurs peuvent avoir un impact ponctuel sur la tumescence pénienne nocturne. Pour certains hommes, cela se produit au quotidien, mais pour d’autres, ce phénomène peut n’avoir lieu qu’une fois par semaine et ce, en dépit d’une bonne santé. Dans ce sens, il est essentiel d’être à l’écoute de votre corps et d’en discuter avec votre médecin lors de vos examens de routine pour établir un diagnostic fiable.