Suicide médicalement assisté : un couple décide de mourir ensemble
Certaines maladies sont très pesantes sur les personnes atteintes, surtout lorsque ces dernières sont âgées. La perte d’indépendance et de mobilité ou encore la douleur peuvent parfois être ingérables pour certaines personnes. Ce couple a été marié pour près de 50 ans, François Boucher et sa femme Francine Messier sont atteint de la même maladie rare. Ils ont tous deux décidé de se suicider par assistance médicale, voici le récit de cette histoire bouleversante relayée par le journal canadien La Presse.
C’est dans les années 60 que François Boucher et Francine Messier se rencontrent. Ils découvrent qu’ils sont tous deux atteints de polykystose rénale, une maladie génétique rare. Hasard ou du destin ? Cette rencontre créera une relation qui durera 50 ans.
Un état de santé fragile
Pendant longtemps, leurs maladies ont été sans grande conséquence sur leur vie. François Boucher était chirurgien à la Cité de la santé de Laval au Canada, Francine quant à elle était enseignante.
C’est d’abord Francine qui est victime des premières complications de sa maladie. Elle reçoit au cours des années 90 une greffe de rein qui lui permettra d’avoir une vie normale pendant 20 ans. François lui ne reçoit une greffe de rein qu’en 2006. Il découvre cependant durant cette même période qu’il est atteint de la maladie de Parkinson, qui le force à renoncer à sa carrière de chirurgien.
Le couple se retrouve forcé après avoir perdu leurs greffons respectifs à se mettre sous dialyse. Ils ont toutefois réussi à garder leur autonomie et ont vécu de belles années.
C’est leur fils Jean-François qui raconte comment l’état de santé de ses parents a rapidement dégradé durant la dernière année, il déclare « Quand on revenait du restaurant, je les reconduisais et je les regardais rentrer à la maison, assis dans ma voiture. Ils s’appuyaient l’un sur l’autre. J’avais peur qu’ils tombent. Je les regardais marcher et mes larmes coulaient ».
Jamais sans toi
La jambe de Francine Messier a commencé à se gangrener des suites des traitements d’hémodialyse. Il était prévu qu’elle se fasse amputer de cette jambe. A 73 ans, François s’est malheureusement cassé la hanche, une fracture qui lui a valu 4 mois à l’hôpital et des douleurs intenses. C’est après ce séjour à l’hôpital que François appelle son fils, et lui demande qu’il aimerait s’entretenir avec lui au plus vite.
C’est ce jour-là que le couple explique leur décision commune de vouloir en finir. Ils ont décidé tous deux de mettre fin à leur traitement d’hémodialyse. Le lendemain, que leur demande de suicide assisté a été approuvée. François et Francine ont décidé de faire face à la mort ensemble. Leur fils a expliqué avec émotion : « À la fin, mon père avait hâte d’en finir, mais il avait aussi hâte que ma mère arrête de souffrir, et vice versa. ».
Euthanasie active, euthanasie passive et suicide médicalement assisté
Il est important de faire la différence entre le suicide médicalement assisté, l’euthanasie passive et active. On parle d’euthanasie active lorsqu’un médecin provoque volontairement la mort d’un patient par administration d’une substance mortelle. L’euthanasie passive quant à elle est caractérisée tout simplement par l’arrêt des soins administrés. Quand le malade est pourvu d’un moyen et un soutien médical pour se donner la mort, on parle alors de suicide médicalement assisté.
Il faut savoir que l’euthanasie est interdite par la loi en France. C’est la loi dite Leonetti qui fixe les règles entourant cet acte. Néanmoins dans cette même loi, l’acharnement thérapeutique et le prolongement artificiel de la vie est également proscrit.
Au cœur d’un débat qui semble sans fin et bien qu’une enquête réalisée auprès de français ait révélé que 80% d’entre eux soient favorables au suicide médicalement assisté, la mort est toujours un tabou en France, la question de l’éthique divisant les opinions quant à l’application de cette pratique.