Syndrome inflammatoire chez l’enfant et Coronavirus : l’hôpital Necker à Paris tire la sonnette d’alarme
Depuis que le coronavirus s’est propagé dans le monde entier, les chercheurs s’investissent jour après jour pour une connaissance toujours plus pointue de ce virus. En pleine crise sanitaire, ils mènent une véritable course contre la montre dans le but de trouver un vaccin contre le Covid-19 au plus vite. Mais alors que les enfants étaient généralement considérés comme exempts de formes graves de la maladie, l’hôpital Necker s’inquiète de l’émergence d’une maladie rare chez des jeunes patients atteints du Covid-19, révèle La Dépêche.
Après une alerte lancée par le National Health Service (NHS) au Royaume-Uni, le centre M3C Necker à Paris tire la sonnette d’alarme pour prévenir les professionnels de la santé del’apparition d’un syndrome inflammatoire sévère chez les enfants. À l’heure où le déconfinement semble imminent, cette nouvelle inquiète les autorités sanitaires françaises.
L’organisation sanitaire britannique lance l’alerte
Ce week-end, le NHS au Royaume-Uni avait lancé une alerte contre cette maladie qui touche principalement les jeunes enfants. “C’est une nouvelle maladie qui, selon nous, peut être causée par le coronavirus”, avait suggéré Matt Hancock, ministre de la Santé de Grande-Bretagne. “Nous ne sommes pas sûrs à 100% parce que certaines personnes qui l’ont contractée n’ont pas été testées positives. Nous faisons donc actuellement beaucoup de recherches. Mais c’est quelque chose qui nous préoccupe”, conclut-il. D’après le NHS, “les cas ont en commun des caractéristiques de choc toxique et de la maladie de Kawasaki, qui attaque le coeur et le sang”. Cette dernière est une maladie infantile rare, qui engendre une inflammation des parois des vaisseaux sanguins.
Une accumulation de cas similaires en France
En France, des médecins ont manifesté leur inquiétude face à cette situation. “C’est une alerte que nous prenons très au sérieux en France, nous lançons un signal, il faut être vigilants”, a déclaré le professeur Alexandre Belot, rhumatologue et pédiatre à l’hôpital femme mère enfant à Lyon. Certains professionnels de santé ont également rapporté une recrudescence des cas de jeunes patients atteints de formes graves du Covid-19. “Depuis un mois, on reçoit régulièrement des appels de réanimateurs pour des enfants qui présentent un tableau de myocardite sévère et qui ont en plus des signes de la maladie de Kawasaki, certains d’entre eux ont été testés positifs au Covid-19”, explique Isabelle Kone Paut, professeur de rhumatologie pédiatrique à l’hôpital Kremlin-Bicêtre à Paris.
25 cas en région parisienne et 10 à Necker
Ces trois dernières semaines, vingt-cinq cas ont été hospitalisés en réanimation en région parisienne. L’hôpital Necker, le centre de référence Malformations cardiaques congénitales complexes a accueilli 10 patients dans un état grave. L’établissement hospitalier a expliqué “la présentation clinique est pléomorphe et peut en imposer pour une forme incomplète de la maladie de Kawasaki, ce d’autant que certains ont des dilatations coronaires”. Les enfants atteints de ce syndrome inflammatoire peuvent souffrir d’une fièvre, d’éruptions cutanées, de maux de ventre, de diarrhées, de fatigue, de vomissements ou encore de difficultés respiratoires.
Damien Bonnet, chef de service cardiologie congénitale et pédiatrique, a fait part à ses collègues du “nombre croissant d’enfants de tous âges” qui a été hospitalisé “dans un contexte d’inflammation multi-systémique associant fréquemment une défaillance circulatoire avec des éléments en faveur d’une myocardite” révèle le Midi Libre. Le Dr Damien Bonnet a ensuite précisé “l’épidémie a démarré il y’a cinq semaines en Ile-de-France et ces jeunes enfants affluent depuis 15 jours”. En sus, il indique que depuis vendredi, il y’a une hausse de ces cas graves. Mais le spécialiste a révélé que “la bonne nouvelle c’est qu’ils s’améliorent très vite”.
Stéphane Dauger, chef du service de réanimation pédiatrique de l’hôpital Robert-Debré, a déclaré que les premiers retours “donnent l’impression que ces formes graves sont une réponse immunitaire post-infectieuse au Covid”. Néanmoins, il ne s’agit là que d’une hypothèse et plus de recherches sont nécessaires pour établir des conclusions à ce sujet.