Un ancien médicament efficace contre le coronavirus ? un essai clinique va être lancé en France
Depuis que le nouveau coronavirus s’est répandu dans les quatre coins du monde, la communauté scientifique internationale travaille sans relâche pour identifier un traitement permettant d’enrayer la pandémie. Le Sars-CoV-2 à l’origine de la maladie du Covid-19 a pour l’heure entraîné plus de 3,8 millions de cas de contaminations et continue d’être au coeur de l’actualité à mesure que les dates de déconfinement se rapprochent. Dans un contexte incertain où les enjeux sanitaires et socio-économiques font l’objet de nombreuses décisions gouvernementales, des médecins du groupe hospitalier universitaire Paris psychiatrie & neurosciences ont révélé il y a quelques jours que leurs patients semblaient moins atteints par la maladie. La chlorpromazine, un vieux médicament utilisé en psychiatrie, va être testé sur l’homme rapportent nos confrères de BFM TV.
Selon les médecins, les patients de trois hôpitaux seraient moins sujets à une contamination au Covid-19. Pour en savoir plus, un psychotrope connu sous le nom de chlorpromazine fera l’objet d’un essai clinique sur des malades atteints par le coronavirus. L’enjeu de cette initiative est de déterminer si le médicament en question réduit l’aggravation de la maladie et accélère le processus de guérison chez les patients. Pour l’heure, les premiers résultats ne sont pas attendus avant un mois.
Qu’est-ce que la chlorpromazine?
Ce médicament qui attise la curiosité des scientifiques est loin d’être nouveau. Utilisé depuis de nombreuses années pour combattre la schizophrénie, la chlorpromazine est en réalité un antipsychotique connu des chercheurs et largement utilisé en obstétrique et en anesthésie.
L’essai clinique dont il fera l’objet a été baptisé reCoVery et portera sur “40 patients Covid-19 hospitalisés, non psychiatriques, dont la moitié recevra la chlorpromazine et le traitement standard (oxygène, hydratation, anticoagulants si nécessaire…) et l’autre le traitement standard », explique à l’AFP le Dr Marion Plaze de l’hôpital Saint Anne et responsable de l’essai.
En effet, un communiqué du GHU Paris psychiatrie et neurosciences explique que, “La chlorpromazine pourrait agir comme un inhibiteur de l’entrée du virus dans les cellules, ou endocytose”, tout en soulignant que “Ce phénomène serait opérant à des stades précoces, mais aussi tardifs, de l’infection”.
D’anciens travaux datant des années 1980
Interrogée par France Info, le Dr Plaze révèle que les médecins-chercheurs avaient pris compte d’anciens travaux menés dans les années 1980 portant sur l’action antivirale de certains traitements utilisés en psychiatrie, avant de découvrir 3 nouveaux articles datant de 2014 et 2018. Ces derniers “montraient qu’un antipsychotique, la chlorpromazine, avait déjà démontré, in vitro sur des cellules, son efficacité sur les coronavirus qui étaient responsables des précédentes épidémies en 2002 et en 2012”, précise la chercheuse. Au vu de cette découverte, la psychiatre révèle s’être tournée vers l’Institut Pasteur pour déterminer l’efficacité de la chlorpromazine contre le nouveau coronavirus, ce qui a par la suite été confirmé grâce à des tests sur des cellules animales et humaines; “une première mondiale” selon la psychiatre de Saint Anne.
Peu de contaminations
Toujours selon le Dr Plaze, il était intéressant de remarquer que les patients en psychiatrie n’étaient que très peu touchés par le Covid-19, avec une faible prévalence des cas sévères et symptomatiques de la maladie chez les personnes atteintes de troubles psychiques. Près de 19% du personnel médico-soignant du pôle hospitalo-universitaire parisien du 15ème arrondissement a d’ailleurs été dépisté positif au Covid-19 contre seulement 3% des patients en hospitalisation, malgré le fait que ces derniers puissent être considérés comme des sujets à risque en raison de facteurs tels que les troubles cardiovasculaires ou le surpoids.
Un test mené sur 40 patients du Covid-19
Suite aux tests en laboratoire menés à l’Institut Pasteur, un essai clinique du nom de reCoVery devra donc être lancé sur 40 patients hospitalisés atteints de la maladie, sans toutefois être des patients psychiatriques. Ces derniers “feront l’objet d’une surveillance sur le plan cardiaque, afin de prévenir tout risque de troubles à ce niveau” indique le Dr Marion Plaze en estimant que les résultats pourraient être disponibles d’ici un mois.
En parallèle, l’Institut Pasteur mènera une étude épidémiologique sur 250 patients en psychiatrie et 250 soignants au sein du GHU Paris psychiatrie & neurosciences, afin d’obtenir plus de détails sur les premières observations cliniques. Le Dr Plaze estime également que d’autres psychotropes devront faire l’objet de recherches.