Un scientifique britannique affirme que « le taux d’infection par le coronavirus est encore trop élevé et il y aura probablement une deuxième vague »
À l’heure où plusieurs pays du monde préparent leur déconfinement, la crainte d’être frappé par une seconde vague suscite la panique au Royaume-Uni. Les scientifiques continuent d’évaluer quelques indicateurs permettant d’anticiper une éventuelle deuxième vague épidémique. Selon l’épidémiologiste David Hunter cité par The Guardian, le taux de reproduction de base du coronavirus reste élevé au Royaume-Uni, ce qui laisse présager une recrudescence des cas de contaminations dans le pays.
Conscients que le virus circule toujours parmi nous, les autorités sanitaires font appel au civisme et à la prudence de tout un chacun. En France, l’épidémie de coronavirus commence à ralentir depuis quelques semaines depuis la levée du confinement. À l’approche de la deuxième phase du déconfinement, des signes encourageants apparaissent.
Le nombre de patients admis en service de réanimation et le nombre de décès continuent de décroitre dans l’Hexagone, faisant naître l’espoir de voir enfin la fin de cette crise sanitaire exceptionnelle. Par ailleurs, le Royaume-Uni faisait partie des derniers pays européens à se confiner fin mars. Aujourd’hui, il enregistre un des plus lourds bilans de la pandémie, juste après les États-Unis, avec plus de 38 151 décès. Alors que ses voisins européens ont allégé les mesures de restrictions des déplacements, le pays a été dans l’obligation de prolonger le confinement jusqu’au 1er juin.
Un R0 toujours très élevé en Grande Bretagne
Le dimanche 10 mai, le Premier ministre Boris Johnson a annoncé que le confinement mis en place pour enrayer la transmission du virus allait se poursuivre jusqu’au 1er juin. “Bien que nous ayons fait des progrès pour satisfaire au moins certaines conditions que j’aies fixées, nous ne les avons pas toutes remplies. Ce n’est pas le moment, cette semaine, de mettre fin au confinement”, a affirmé le ministre. Parmi les indicateurs scientifiques qui ont influencé cette décision, on retrouve le fameux taux de reproduction du virus, aussi appelé R0.
Ce dernier permet d’établir le nombre de personnes en moyenne qui peuvent être infectées par un individu contaminé par le virus. “Si le R0 est supérieur à 1, un malade va contaminer plus d’une personne donc l’épidémie va prendre de l’ampleur. S’il est inférieur à 1, petit à petit, les malades contaminent moins de personnes et donc l’épidémie peut s’atténuer voire disparaître”, avait expliqué le ministre français chargé de la Santé Olivier Véran.
Pour David Hunter, professeur en épidémiologie à l’Université d’Oxford, le R0 au Royaume-Uni reste relativement élevé. Selon le comité scientifique du gouvernement, il se situait entre 0,7 et 1 le 22 mai. Cependant, ce chiffre reste global et subit des variations entre les régions du pays. À Londres, ville la plus touché par l’épidémie, ce chiffre est deux fois plus élevé que dans le reste du pays. Par ailleurs, cet indicateur peut être influencé par le nombre de contacts par jour, le risque de contagion lors d’un contact ainsi que le nombre de jours pendant lequel une personne reste contagieuse.
Bien que le R0 ait baissé depuis la mise en place du confinement, David Hunter considère qu’il est encore loin d’être rassurant puisqu’il se rapproche de 1. Ainsi, l’épidémiologiste considère que pour améliorer cet indicatif, le traçage et l’isolement des malades sont nécessaires. Il convient également de mettre en quarantaine les nouveaux arrivants dans le pays, de limiter les rassemblements publics et de se protéger efficacement en portant un masque ou un “couvre-visage”. Par ailleurs, l’épidémiologiste a insisté sur le fait que tant qu’un vaccin ou un traitement n’ont pas été mis en place, le respect de ces recommandations est de rigueur.
Le R0 en France : un indicateur déterminant dans la prise des décisions du gouvernement
Le R0 représente une mesure permettant d’évaluer la vitesse de propagation du virus. Lorsque ce taux de reproduction est au-dessus de 1, cela signifie qu’une personne infectée par un virus peut en contaminer plus d’une. Grâce au confinement, la France a pu observer une baisse significative du R0. “L’impact du confinement a été très important, il a permis de réduire le taux de transmission du virus de 84%. Avant le confinement, une personne infectée transmettait le virus à 3,3 personnes en moyenne.
Grâce au confinement, le R0 est passé à 0,5 avec environ 700 admissions en réanimations par jour avant, à environ 200 à la mi-avril”, a expliqué le docteur Simon Cauchemez, directeur de l’unité de modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Insitut Pasteur, cité par 20 minutes. Rappelons que bien que la situation sanitaire s’améliore dans l’Hexagone, le respect des gestes barrière est primordial afin de lutter contre une éventuelle seconde vague de l’épidémie.