Une entreprise demande à ses employées de porter des « badges de règles » afin d’alerter les clients quand elles ont leurs menstruations

Publié le 22 novembre 2020
MAJ le 17 novembre 2024

Depuis la nuit des temps, tout ce qui se rapporte aux menstruations constitue un sujet considéré tabou par beaucoup. Cela est particulièrement vrai pour les femmes, qui sont pourtant les principales concernées, mais qui semblent avoir du mal à parler de leurs règles car on leur apprend que c’est un sujet « honteux » dont il ne faut pas parler ouvertement. De ce fait, certaines femmes évitent souvent de mentionner qu’elles sont en période menstruelle, ou trouvent une façon subtile ou indirecte de le faire, sans prononcer « LE » mot tabou. Selon des faits relayés par BFM TV, une boutique au Japon aurait proposé à ses employées de porter des badges “menstruels” pour sensibiliser leurs collègues. Une initiative qui n’a pas fait l’unanimité. 

« Je suis indisposée », « j’ai mes ragnagnas », « les anglais ont débarqué »… Les expressions idiomatiques ne manquent pas pour dire qu’une femme est en période menstruelle sans vraiment le dire. Cela illustre parfaitement le stigmate social entourant tout ce qui se rapporte aux menstruations et à la honte que ressentent certaines femmes de traverser un processus pourtant parfaitement naturel. Au Japon, une enseigne réputée a proposé, suite aux suggestions de ses employées, de porter des badges menstruels, souhaitant “encourager l’empathie entre les salariés”.

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Le magasin Michi Kake

C’est un magasin japonais qui est spécialisé dans la vente de produits spécialisés dans l’hygiène féminine. Rattaché à Daimaru Umeda, une grande enseigne japonaise, il dispose de nombreux produits destinés à assister les femmes et à favoriser leur bien-être. Parmi leurs produits, on retrouve des draps, des habits, ou encore des produits hygiéniques destinés à accompagner les femmes tout au long de leurs menstruations.

Pourquoi cette initiative?

L’idée aurait été initialement suggérée par les employées, souligne BBC News. Pour parfaire l’ouverture de l’entité “bien-être des femmes” de Daimaru Umeda, ces dernières auraient proposé le port de badges menstruels. Une initiative que Yoko Higuchi, porte parole de la marque, désigne comme un nouveau moyen d’améliorer l’environnement de travail entre les salariés. En effet, le but aurait été de donner la liberté aux femmes travaillant pour l’enseigne d’accrocher ces badges à leur tenue en cas de règles douloureuses, afin d’informer leurs collègues qu’elles pourraient avoir besoin d’aide pour certaines tâches ou de prendre des pauses plus régulières.

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Elles pourront ainsi porter un « badge menstruel » en forme de Seiri-chan, littéralement « Miss règles »,qui est un personnage de dessin animé connu pour être le symbole des menstruations au Japon.

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La fureur des femmes face à cette initiative

Toujours selon BBC News, l’annonce de cette initiative aux médias auraient entraîné une grande confusion quant aux réelles intentions de Daimaru Umeda. La proposition de l’enseigne qui était initialement destinée à être appliquée en interne s’est retrouvée relayée par de nombreux médias comme un moyen de faire savoir aux clients que les employées avaient leurs règles.

Ainsi, au lieu d’atteindre l’objectif escompté qui était de favoriser l’entraide au sein du magasin en brisant quelque peu le tabou entourant les menstruations, l’enseigne japonaise s’est, au contraire, attiré les foudres du public. Un des dirigeants de Daimaru dont l’identité n’a pas été révélée aurait déclaré avoir reçu de nombreuses plaintes, certaines d’entre elles allant jusqu’à mentionner une forme de harcèlement. Aujourd’hui, l’entreprise japonaise n’a pas annulée cette initiative mais oeuvre encore à trouver un moyen différent pour améliorer son environnement de travail.

Menstruations: comment briser le tabou?

Bien qu’il soit important de lutter contre la stigmatisation des menstruations, il est tout aussi essentiel de choisir une manière respectueuse qui soit acceptée par toutes les femmes concernées, notamment dans le cadre du travail. Néanmoins, il ne faut pas oublier que dans certains pays, au-delà du tabou psychologique que les menstruations peuvent représenter, ce sont parfois le bien-être et la santé qui sont mis en péril lorsque l’accès à l’information ou à l’hygiène est limité.

Dans un article publié par l’ONU, des experts mettent en avant les répercussions de certains stéréotypes liés aux menstruations, affectant notamment les droits des femmes et des filles  en termes de travail, de santé ou encore d’éducation. Une analyse percutante qui reflète les inégalités qui sévissent encore entre de nombreux pays, pour un tabou qui persiste et affecte la cause féminine dans le monde entier.