USA : “Plutôt mourir du Coronavirus que de la solitude”, des résidents en maison de retraite organisent une manifestation

Publié le 20 octobre 2020
MAJ le 17 novembre 2024

Si la pandémie de Covid-19 a eu un impact certain sur la situation sanitaire, ses séquelles psychologiques ne sont pas à sous-estimer. Bien que les restrictions établies pour enrayer le virus soient nécessaires, celles-ci ont également mené à un isolement douloureux, en particulier pour les personnes âgées. Aux Etats-Unis, CBS révèle que celles-ci ont même manifesté pour dénoncer les restrictions imposées aux maisons de retraite. Sur leurs pancartes, un message bouleversant : “Plutôt mourir du Covid que de solitude”.

C’est dans un établissement de soins infirmiers et de réadaptation à Greeley, dans le Colorado que des résidents seniors se sont installés à l’extérieur du bâtiment pour faire valoir leur droit à serrer leurs proches dans leurs bras. Ils étaient une vingtaine au total, la majorité d’entre eux en chaise roulante. Le personnel les a également accompagné pour les soutenir dans cette démarche.

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Des résidents manifestent à l’extérieur de l’établissement – Source : Natalie Dyer/CBS

“Prisonniers dans notre propre maison”

C’est une scène déchirante qui a pris place à l’extérieur du Fairacres Manor. Face aux restrictions limitant le contact physique avec les proches, les résidents de cette maison de retraite ont cherché à se faire entendre en s’installant dehors, signes à la main. Sur ces derniers, des messages bouleversants. Parmi eux: “Prisonniers dans notre propre maison”, “Plutôt mourir du Covid que de solitude”, ou encore “Donnez-nous notre liberté”.

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Une résidente portant le signe : “Plutôt mourir du Covid que de solitude” – Source : Natalie Dyer/CBS

Légende : Une résidente portant le signe : “Plutôt mourir du Covid que de solitude” – Source : Natalie Dyer/CBS

Interrogé par CBS Local, Ben Gonzales, un assistant administratif de l’établissement a déclaré que les résidents veulent “être capables de serrer leurs petits-enfants dans leurs bras, ils veulent pouvoir tenir la main de ceux qui leur sont chers”. Une envie légitime qui va malheureusement à l’encontre de la distanciation physique préconisée puisque les personnes âgées font partie des catégories dites à risque face au coronavirus.

Dans cet établissement, les visites familiales sont autorisées mais les visiteurs doivent respecter une distance d’environ 2 mètres et ne sont pas autorisés à avoir un contact physique avec les résidents. Pour les soutenir, les membres du personnel ont également participé à cet événement qui s’est déroulé début octobre. Ils étaient tous équipés de masques et de visières et se sont assurés du bon déroulement de la manifestation en veillant à ce que tout le monde respecte une distanciation adéquate et porte un masque de protection.

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Des résidents en chaise roulante avec leurs pancartes – Source : Natalie Dyer/CBS

“Ils veulent être entendus”

Pour Ben Gonzalez, l’objectif de cette démarche est de faire savoir aux manifestants que leur voix compte et qu’ils ont le droit de ressentir cette solitude tant redoutée en temps de pandémie. Et pour cause, certains récits tragiques ont bien mis en avant ce fléau dévastateur pour les personnes âgées, notamment celui d’un vieil homme italien qui a mis fin à ses jours car il ne pouvait plus voir son petit-fils.

Sharon Peterson, 75 ans, présidente du conseil des résidents déclare : “Fairacres suit les règles, et avec ça, on penserait qu’il nous protègeraient tout en nous permettant d’être à nouveau avec nos familles”. “Nous étions chanceux à Fairacres de nous montrer les uns les autres l’affection que l’on se porte”, ajoute la femme soulignant que cela est désormais impossible.

En faisant référence à l’initiative des résidents, elle explique : “Nous avons fait cela parce que la chose à laquelle on aspire le plus est un simple câlin. Ça nous donne du sens”, puis de poursuivre: “ Fairacres doit être salué pour la manière dont ils ont pris soin de nous, mais il est temps que nos voix soient entendues”.

Les responsables ont réagi à cette démarche

Après avoir eu vent de cette manifestation, le bureau du gouverneur a pris la parole dans un communiqué, soulignant comprendre la difficulté pour les résidents des maisons de retraite et leurs familles. “L’interaction sociale est essentielle à la santé mentale et physique et nous avons donc fourni des conseils pour ces établissements qui permettent cette interaction tout en protégeant les résidents du Covid-19”, rapporte CBS.

Le bureau du gouverneur a également indiqué faire tout son possible “pour aider les établissements de soin de longue durée à atténuer et à prévenir la propagation du Covid-19 en travaillant directement avec les infrastructures sur les pratiques de contrôle des infections qui ont fait leurs preuves pour ralentir les contaminations”.

La solitude des personnes âgées en Ehpad

Un rapport de l’association Petits frères des pauvres publié en juin avait indiqué que 720 000 personnes âgées n’auraient eu aucun contact avec leur famille pendant le confinement en France. Et cela n’aurait pas beaucoup changé pour certaines d’entre elles depuis le 2 juin, rapporte France Info.

Si les dispositifs mis en place dans les Ehpad depuis le début de la pandémie font partie des mesures instaurées pour protéger les plus vulnérables, l’impact de ces restrictions reste lourd et difficile à vivre pour nombre de familles. Suite au décès de son père, Elie Semoun avait dénoncé un confinement “quasi-criminel” au sein de ces établissements de soin pour les seniors, pointant du doigt une solitude dangereuse qui a privé les patients de “l’amour de leurs proches”.

Selon des résidents d’Ehpads interrogés par le Parisien à la fin du mois d’août, l’avis est unanime : la solitude pèse plus que la crainte du virus. L’équilibre demeure ainsi extrêmement fragile entre la protection de ceux qui nous sont chers et la restriction de leur liberté.