Un robot humain pour lutter contre les troubles érectiles

Publié le 27 décembre 2017
MAJ le 18 novembre 2024

Les dysfonctionnements érectiles consistent en une rigidité insuffisante du corps caverneux du pénis, ce qui empêche le rapport sexuel de se dérouler normalement, notamment la pénétration vaginale. En France, entre 2 et 3,6 millions d’hommes seraient concernés, sachant que le nombre est amené à doubler d’ici 2025 en raison du vieillissement de la population.

Un inventeur qui pense avoir trouvé la solution

Sergi Santos dit qu’il a une vie sexuelle fantastique. Il est avec sa femme Maritsa depuis 16 ans, et a expliqué au magazine Men’s Health qu’il avait des relations sexuelles entre quatre et six fois par semaine. Mais il n’a pas seulement des rapports sexuels avec sa femme. Il a aussi des relations sexuelles avec Samantha.

Samantha est un robot sexuel, et si Santos est Frankenstein, elle est son monstre. Sauf qu’au lieu d’être une créature toute cousue, Samantha elle, est faite en silicone et est plutôt réaliste, ressemblant étrangement à la femme idéale de Hugh Hefner, capable de citer la philosophie, de raconter des blagues et même de simuler des orgasmes grâce à un réseau de capteurs, en chair artificielle.

Cet homme dit avoir trouve la solution

Il dit, en s’adressant aux personnes souffrant d’éjaculation précoce et de dysfonctionnements érectiles, que faire l’amour avec une telle poupée pourrait « servir d’entraînement pour réguler votre système », il pense en effet qu’un tel processus permettrait de surmonter plus d’un problème ruinant la vie sexuelle de certaines personnes et d’améliorer plusieurs aspects de la vie amoureuse avec le partenaire humain. Il explique que depuis qu’il a commencé à avoir des rapports sexuels avec Samantha, sa « vraie » vie sexuelle s’est améliorée de manière remarquable et que cela serait dû au fait qu’une fois qu’il se retrouve au lit avec sa femme, il s’avère qu’il a déjà comblé ses « besoins de base » avec la poupée et ce que cela lui permettrait d’être « calme et romantique » au lieu de manifester une quelconque précipitation ou anxiété due à un manque de sexe.

Ce qu’en pense l’urologue Dr. Bobby Najari

La question a été donc posée à cet expert spécialiste dans la dysfonction érectile et autres problèmes sexuels, au centre médical Langone de NYU. Il a répondu qu’il ne fallait pas oublier que les problèmes d’érection sont souvent issus de causes physiologiques plutôt que psychologiques, là où les médicaments sont absolument indispensables dans le processus de guérison. Dr. Najari a aussi précisé que certains hommes atteints par la dysfonction érectile doivent cela à leur rapport malsain avec la masturbation et les rapports sexuels, et que leur conditionnement au « sexe solitaire » a rendu leur excitation par un rapport avec un vrai partenaire, compliquée.

Selon Najari, la focalisation sur l’éjaculation en tant qu’objectif de la masturbation ou du rapport sexuel est l’une des causes principales du méfait. Il rajoute que si dans une comparaison entre la masturbation et une relation sexuelle réelle, cela penche plutôt du côté de la première option, c’est que l’individu s’est conditionné en quelque sorte à l’éjaculation précoce.

Et c’est là que Santos pense que le rôle de Samantha prend tout son sens, car cette dernière est capable, contrairement aux autres poupées sexuelles, de vous donner un « compte-rendu » de votre performance pendant le rapport. Une situation qui, selon lui, se rapproche le plus d’une relation sexuelle réelle tout en éliminant une bonne partie de la pression qui résulte de cette dernière. D’après lui, un tel processus de transformation du sexe en jeu permettrait de toujours vouloir se surpasser afin d’avoir de meilleurs résultats au lieu de se concentrer sur l’éjaculation en tant que finalité.

Une efficacité qui reste très relative

Dr. Bobby Najari dit ne pas être convaincu que cette poupée puisse être utilisée à des fins thérapeutiques, mais qu’elle pourrait être utile pour éliminer la pression dans le but de retarder l’orgasme. Il explique : « Si on suppose qu’il n’y a pas de facteurs hormonaux ni médicaux qui entrent en jeu, pour certains patients, cela pourrait avoir de de la valeur. » Il serait également à noter que le réseau de capteurs dont Samantha est dotée reste très différent de l’anatomie d’une femme et que son « point G » n’est pas situé au niveau du clitoris, sachant que 73% des femmes atteignent l’orgasme par l’excitation de cette zone-là.

En fin de compte, une telle invention ne saurait malheureusement corriger toutes les déficiences sexuelles qu’un homme pourrait avoir, pour la simple et bonne raison que le sexe, comme l’a expliqué l’urologue, est une chose particulièrement complexe, prenant en compte plusieurs facteurs à la fois. Il reste néanmoins possible, que cela donne l’occasion à certains d’apprendre une chose ou deux dans le but de mieux apprécier le sexe en compagnie de leur vraie partenaire.