Quels sont les bienfaits du CBD ?
Troubles du sommeil, anxiété, tensions musculaires, dépression, douleur… Les promesses du cannabidiol (CBD) font rêver. Et ceux qui l’ont testé sont souvent bluffés par son efficacité. De nombreux pays l’ont déjà adopté, et son statut juridique vient d'être clarifié en France. Voici tout ce qu’il faut savoir à son sujet pour profiter de ses vertus en évitant les pièges.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu en 2017 seulement que, contrairement à son « bad boy » de cousin, le THC, le CBD n’est pas un psychotrope. Il n’est pas nocif et ne provoque pas d’addiction. Depuis, rien ne semble être un obstacle à son installation durable dans la pharmacie familiale des Français.
L’engouement pour ce cannabinoïde non psychotrope est sans précédent : en 2018, le marché mondial était estimé à près de 1,45 milliard de dollars. Pour 2025, il en représentera 24 milliards, prédisent les experts, soit 16 fois plus. Sept millions de Français sont déjà séduits et les boutiques spécialisées ouvrent à tour de bras, une centaine par mois ! Il y en aurait à ce jour plus de 1 700 dans toute la France, qui affichent à leur catalogue toutes sortes de produits : huiles, tisanes, fleurs, gélules, crèmes, shampoings, bonbons, boissons, miel… Tous arborent le profil si particulier de la feuille de chanvre dont le CBD est extrait.
Le point sur la réglementation
Jusqu’à il y a peu, le CBD était officiellement interdit à la vente. En effet, les fleurs, les feuilles et tout ce que l’on pouvait extraire du chanvre Cannabis sativa L. (dont le THC) se trouvait mis dans le même sac : il était ainsi considéré par la loi française comme un stupéfiant. Force est de constater qu’il demeurait malgré tout assez facile de s’en procurer ! Jusqu’ici en sursis, le cadre réglementaire de la vente de CBD vient d’évoluer. Reprenons le fil des événements.
En novembre 2020, la Cour de justice européenne a rendu un avis dans le cadre de l’affaire Kanavape. Elle y actait que le CBD ne pouvait plus être considéré comme un stupéfiant, et, dès lors, que la France ne pouvait pas interdire la vente de CBD dans la mesure où il a été produit légalement dans d’autres pays de l’Union. Au nom de la libre circulation des marchandises, la France a ainsi été invitée à réviser l’arrêté qui interdisait jusqu’alors le commerce et la détention des fleurs et des feuilles de chanvre et de leurs sous-produits.
En parallèle, en décembre 2020, la Commission européenne a explicitement fait savoir que l’on pouvait désormais considérer le CBD comme un aliment, pouvant être intégré dans n’importe quel produit alimentaire ou complément alimentaire. Il fait désormais partie des « Novel Foods », une catégorie d’aliments absents de notre alimentation avant 1997. Ce nouveau statut implique cependant que les marques qui souhaitent les commercialiser obtiennent d’abord un agrément après évaluation et autorisation préalable par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). À l’heure actuelle, la Commission examine encore les dossiers des marques candidates.
Le 30 décembre 2021, le nouvel arrêté tant attendu a enfin été publié par la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), un peu plus d’un an après l’avis de la Cour de justice européenne.
La principale nouveauté réside dans la destination du chanvre cultivé. Avant, les agriculteurs n’étaient autorisés à récolter que les tiges et les graines du chanvre, qui sont exemptes de THC et de CBD – on fait avec les graines une huile alimentaire au profil oméga-6/oméga-3 parfait. Désormais, ils peuvent également récolter, importer ou utiliser les fleurs et les feuilles des variétés autorisées, mais seulement pour la production industrielle d’extraits de chanvre (comprenez du CBD).
La filière retrouve le moral !
Selon l’arrêté du 30 décembre, et au nom de la lutte contre les stupéfiants, la vente et la détention de fleurs ou de feuilles brutes de chanvre sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, devaient rester formellement interdites. Pour justifier cette décision, les autorités invoquaient la sauvegarde de l’ordre public : impossible pour les forces de sécurité intérieure de distinguer à l’œil nu des fleurs issues de variétés légales de celles issues de variétés illégales de chanvre.
Pourtant, des tests de détection des taux de THC rapides existent. Ils seraient capables de différencier en quelques minutes le CBD du cannabis « stupéfiant ». Cette décision a révolté l’Union des professionnels du CBD et pouvait inciter de nombreux vendeurs à mettre la clé sous la porte. Le dernier rebondissement date de fin janvier 2022, lorsque le Conseil d’État a estimé que rien ne justifiait une telle interdiction dans la loi, du moment que le seuil des 0.3 ç de THC était respecté.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, les conditions pour la commercialisation du CBD sont les suivantes :
- Le CBD doit toujours être issu des seules variétés de chanvres autorisées, affichant une teneur en THC inférieure à 0,3 %11.
- Les fleurs, les feuilles ou le produit fini intégrant des extraits de chanvre (huile de CBD, gélule, bonbon…) devra lui aussi afficher une teneur en THC inférieure à 0,3 %. Faute de quoi il relèvera de la politique pénale de lutte contre les stupéfiants. Les denrées qui contiennent du CBD devront avoir été préalablement autorisées par l’EFSA.
- Enfin, interdiction pour le commerçant de vanter les éventuels effets thérapeutiques du CBD (seuls les pharmaciens ont le droit de vendre des produits ayant des propriétés curatives).
Gare aux arnaques !
En attendant que ce marché naissant se structure, il y a encore fort à faire pour protéger le consommateur des arnaques, particulièrement présentes sur le Web. En cause, un manque cruel de transparence de la part des fabricants, et une éducation des consommateurs encore à faire.
Entre les produits qui revendiquent des teneurs largement supérieures à leur teneur réelle en CBD et ceux qui dissimulent un taux de THC supérieur à la dose tolérée, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a du pain sur la planche… C’est ce qu’a révélé une enquête menée aux États Unis par des chercheurs. Ils ont analysé 84 produits contenant du CBD et vendus sur Internet. Soixante-dix pour cent de ces produits étaient mal étiquetés :
- 18 produits contiennent du THC sans que cela soit précisé : les clients en ingèrent donc sans le savoir.
- 22 produits étaient sous dosés par rapport à la teneur affichée. Et de beaucoup ! En 2015-2016, la Food and Drug Administration (FDA) avait déjà retoqué 14 marques dont les produits contenaient moins de 1 % du CBD annoncé sur leurs packagings.
- 36 produits étaient surdosés.
Le marché européen n’est pas épargné. L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies a, lui aussi, dénoncé la mauvaise qualité des produits à base de CBD disponibles dans l’Union européenne (UE).
Il y a un besoin urgent de régulation sur ce marché. En l’état, rien ne permet de garantir la qualité et la sécurité des produits. Seuil de THC et de CBD à respecter, type et traçabilité des ingrédients utilisés, dose journalière recommandée, règles d’étiquetage et d’emballage, allégations de santé… Il n’y a pas de procédure de certification homologuée ni de contrôle en amont de ces produits par la DGCCRF. C’est donc au consommateur de prendre certaines précautions. Alors, quelles sont les marques dignes de confiance ? Comment trouver des produits à base de CBD à la fois abordables et efficaces ?
La meilleure façon de consommer du CBD
Si vous poussez un jour la porte d’un « CBD shop », vous risquez d’être décontenancé par la variété des produits proposés à la vente. Huile, tisane, fleurs, gélules, crèmes, shampoings, bonbons, boissons, miel… Difficile de s’y retrouver sans des conseils avisés. En réalité, ces produits ne sont pas tous aussi intéressants les uns que les autres… ni autorisés !
Certaines formes sont à éviter, par exemple :
- Les gélules sont pratiques si vous ne supportez pas le goût du chanvre, mais la voie orale ne garantit pas une bonne biodisponibilité (les cannabinoïdes sont détruits par les sucs gastriques).
- Les e-liquides à vapoter comportent des solvants, additifs et arômes dont l’impact sur les poumons n’a pas été sérieusement étudié ou qui ont été identifiés comme problématiques, voire cancérigènes (propylène glycol et polyéthylène glycol, notamment). On manque de recul sur la sécurité de la cigarette électronique, suspectée d’avoir un impact sur la santé cardiaque.
Il reste l’huile de CBD, qui est sans conteste la forme la plus polyvalente et la plus facile à utiliser.
En attendant la validation des dossiers Novel Food par la Commission européenne, elle est disponible à la vente pour autant qu’elle respecte la condition d’une teneur en THC inférieure à 0,3 %. Elle est conditionnée dans des flacons à pipette de 10 à 30 millilitres, et affiche des concentrations de CBD allant de 3 à 40 %. Elle peut atteindre des prix assez élevés selon la concentration : pour les plus fortes, comptez 130 euros les 10 millilitres. Il ne faut pas confondre « huile de CBD » et « huile de chanvre ». L’huile de chanvre est obtenue par pression à froid des graines de la plante. Destinée à un usage alimentaire et cosmétique, elle est riche en oméga-3 et 6, mais dépourvue de cannabinoïdes.
L’huile de CBD n’est pas une huile essentielle. Elle est la somme de deux produits : des extraits de chanvre (y compris du CBD), obtenus à partir des fleurs, qui sont dissous dans une huile végétale servant de base au mélange.
Cette huile végétale peut être une d’olive, de coco, de noisette… Le mieux est d’opter pour une huile de graines de chanvre. Vous pourrez trouver des produits de qualité en visitant le site du comptoir du CBD Bio
Quelle huile de CBD est faite pour vous ?
Pour bien choisir votre huile de CBD, vous devez regarder le type d’extraits et sa concentration en CBD.
Une huile à spectre complet ou à large spectre ?
Selon son mode de production, une huile de CBD revendique d’être spectre complet (full spectrum) ou large spectre (broad spectrum).
Un CBD à spectre complet contient toutes les molécules actives solubles de la fleur de chanvre :
- Tous les cannabinoïdes de la plante : le CBD bien sûr, mais aussi le THC et tous les autres, moins connus mais très intéressants, comme le CBN, le CBG, le CBC… Ces cannabinoïdes ont des vertus qui commencent à être étudiées : anti inflammatoires, neuroprotectrices, psychoactives, relaxantes, analgésiques, anti cancéreuses, antibactériennes, etc.
- Tous les autres principes actifs – non évoqués dans ce dossier jusqu’à présent – : les terpènes (limonène, myrcène, eucalyptol, etc.) et les flavonoïdes (anthocyanine, quercétine, silymarine, etc.). Ils donnent son goût et son odeur au chanvre…
Toutes ces molécules sont bénéfiques pour l’organisme et vous permettent de bénéficier de ce que les spécialistes appellent l’« effet d’entourage », un effet synergique de toutes les molécules du chanvre. C’est a priori la forme la moins transformée.
Avec la mention broad spectrum, ou large spectre, le produit que vous tenez entre les mains contient ces mêmes actifs, sauf le THC, qui en a été retiré. Cette étape implique de faire baisser en parallèle les autres cannabinoïdes, notamment le CBD, ce que déplorent certains producteurs.
Attention, la mention full spectrum est parfois utilisée abusivement pour des produits dont le THC a été supprimé.
Faut-il le préférer « pur » ?
Vous pouvez enfin tomber sur une huile de CBD « pur isolat ». Il s’agit de CBD raffiné, pur à 98 % : tous les autres actifs ont été retirés. Avant d’être mélangé à l’huile, il se présente sous forme de cristaux en poudre. Il n’a ni le goût ni l’odeur du chanvre. C’est lui qu’utilisent les industries cosmétique et agroalimentaire dans leurs produits transformés.
Une huile au CBD pur n’est pas le premier choix. Une étude israélienne menée sur des souris a démontré que le CBD full spectrum se révélait plus efficace que le CBD pur du fait de l’effet d’entourage, qui améliore sa biodisponibilité. Cela a été démontré à plusieurs reprises. La molécule de CBD seule semble avoir une fenêtre thérapeutique assez étroite : elle est efficace à une certaine dose, mais en deçà et au-delà, elle perd rapidement en efficacité. Ce n’est pas le cas du CBD full spectrum, qui montre un effet dose-dépendant sur la douleur et l’inflammation. Si vous optez pour une huile à base d’isolat, vous devrez prendre des doses plus élevées que si vous choisissez une huile full spectrum.
Plus la concentration en CBD est élevée, plus c’est efficace ?
3 %, 5 %, 10 %, 20 %, 40 %… Ces pourcentages affichés sur les packagings indiquent la concentration en CBD dans le produit. Plus elle est élevée, plus l’effet relaxant sera puissant… et plus elle sera chère ! Attention cependant : chacun réagit différemment au CBD. Si vous débutez avec le CBD, il vaut toujours mieux commencer par les concentrations les plus faibles, quitte à les augmenter si l’effet n’est pas suffisant. Les concentrations faibles peuvent très bien suffire pour calmer la douleur ! Et vu la différence de prix, cela peut valoir le coup de les privilégier…
Comment choisir une marque de qualité
Il s’agit maintenant d’apprendre à identifier les marques de confiance. Pour apprécier la fiabilité d’une marque, un mot-clé : la transparence.
Vérifiez son origine
On parle ici de l’origine du chanvre ayant servi pour les extraits, mais aussi de celui ayant servi pour l’huile végétale. Il est rare que le fabricant précise ces informations. Quand il le fait, c’est plutôt un gage de sérieux et de qualité. Quand il reste vague, par exemple quand il précise seulement « origine Europe », c’est mieux que rien. Il y a alors des chances pour que la marque ait acheté son chanvre à différents producteurs.
Pour une meilleure traçabilité, nous vous invitons à privilégier les marques qui donnent une origine précise. Idéalement, mais c’est encore assez rare, jetez votre dévolu sur une marque qui cultive son propre chanvre.
Vous devez vous assurer que votre CBD est extrait de variétés de chanvre autorisées dans l’UE. La teneur maximale en THC pour les produits à base de CBD autorisés aux États-Unis s’élève à 0,3 % ; on est à 1 % au Royaume-Uni et en Suisse (des marchés plus matures) ; quand la limite pour des produits commercialisés au sein de l’UE était jusqu’à il y a peu à 0,2 %. Il existait par conséquent un risque de se fournir en produits américains, britanniques ou suisses, en particulier sur Internet.
Privilégiez les marques européennes ou vérifiez bien que les produits que vous achetez sur Internet sont légaux en France. Des revendeurs de CBD ont été arrêtés récemment pour trafic de stupéfiants : ils vendaient des produits avec des teneurs en THC « 4 fois supérieures aux doses autorisées », soit 0,8 au lieu de 0,2 %. Légal en Suisse… mais pas en France !
Réclamez le certificat d’analyse !
Nous avons vu que nombre de marques trompent le consommateur en vendant des produits dont les concentrations en CBD ou en THC ne sont pas conformes à celles affichées. La seule façon de s’en assurer est de vous procurer un certificat d’analyse réalisé par un laboratoire d’analyses indépendant. Ce document vous fournira la quantité des différents cannabinoïdes présents dans le produit, notamment CBD et THC.
La plupart des marques sérieuses et soucieuses de transparence fournissent les résultats de leurs tests directement sur leur site Internet ou sur simple demande. Il est important de le réclamer ; n’hésitez pas à contacter le fabricant.
Vérifiez le procédé d’extraction
Plusieurs procédés pour extraire les cannabinoïdes des fleurs de chanvre ont été développés. Le choix de ce procédé aura un impact sur la qualité du produit fini. Les moins chers ont recours à des solvants (butane, propane, hexane…), qui peuvent fragiliser les extraits et laisser des résidus chimiques, nocifs parfois même à faible dose.
Le procédé le plus propre et le plus fiable consiste à utiliser du dioxyde de carbone à très haute pression : c’est l’extraction au CO2 supercritique. Il permet de préserver le CBD, mais aussi tous les autres cannabinoïdes et autres principes actifs présents dans le chanvre (flavonoïdes et terpènes). Ce procédé d’extraction sans produit chimique est d’ailleurs le seul autorisé, avec l’extraction à l’huile et à l’éthanol, pour obtenir le label bio.
Les fabricants doivent être transparents sur le sujet : si l’information n’apparaît pas sur la notice du produit, méfiez-vous et contactez-les.
Comment utiliser votre huile de CBD ?
La biodisponibilité du CBD n’est pas extraordinaire. Elle correspond à la quantité de CBD qui, une fois avalée, rejoint effectivement la circulation sanguine. Si l’huile est simplement ingérée, la biodisponibilité du CBD se situera entre 4 et 20 %. Pour une meilleure efficacité, il faut l’assimiler par voie sublinguale : elle monte alors à 27-35 %.
2, 3, 4 gouttes sous la langue peuvent suffire, trois fois par jour. Laissez agir 30 à 40 secondes avant d’avaler : le CBD passera dans votre circulation sanguine par la muqueuse buccale, sans être détruit par vos sucs digestifs ou par le foie. Les effets se feraient sentir au bout de 10-20 minutes et dureraient entre deux et quatre heures.
Nous n’avons pas de recul suffisant pour recommander un dosage précis. Le nombre de gouttes nécessaire sera variable selon la personne, son poids, sa sensibilité. Fiez-vous à votre ressenti. Commencez toujours par la plus petite dose de l’huile de CBD la moins puissante (5, à la rigueur 10 %). Si au bout de 3-4 jours vous vous rendez compte que cela ne suffit pas, augmentez le nombre de gouttes, ou passez à une concentration supérieure, jusqu’à ce que vous tombiez sur la combinaison qui vous convient.
Au Royaume-Uni, la Food Standards Agency estime que, d’après les dernières données disponibles, il ne faut pas prendre plus de 70 milligrammes de CBD par jour pour un adulte moyen de 70 kilos, sauf avis contraire d’un médecin.
Conservez votre huile de CBD à température ambiante, à l’abri de la lumière.