Sels aromatisés : est-ce une bonne idée de les consommer ?
Au même titre que le sucre, ou le (mauvais) gras, le sel (ou chlorure de sodium) fait partie de ces aliments dont la consommation doit être limitée. Certains nouveaux produits sont censés nous aider à rester raisonnables. On fait le point.
Augmentation des risques d’hypertension, de maladies coronariennes, de rétention d’eau, d’ostéoporose ou même de déséquilibre du microbiote, les principaux problèmes découlant d’une surconsommation de sel sont nombreux. « Pour autant, notre organisme en a quand même besoin pour bien fonctionner. Le sel permet notamment de maintenir, avec le potassium, un bon équilibre hydrique du corps. Il favorise par ailleurs l’influx nerveux et la contraction musculaire. Ainsi, nos besoins physiologiques en sel tournent autour de 2 à 3 g (ou 800 à 1 200 mg de sodium) par jour », note Bérénice Bompart, diététicienne nutritionniste. Au regard de tous ces paramètres, l’OMS invite à rester dans la mesure et à ne pas dépasser les 5 g de sel par jour. Un défi pour beaucoup d’entre nous, étant donné que la consommation moyenne de sel en France tourne autour de 6 à 9 g par personne et par jour. Si le levier le plus efficace pour atteindre cet objectif reste une réduction drastique de la consommation de produits transformés (à l’origine de 80 % de notre consommation de sel, via les sels cachés), on se demande si tous les « nouveaux » sels aux teneurs en chlorure de sodium réduites peuvent en être un aussi.
Gomasio et salinu, de bonnes alternatives
Condiment japonais, le gomasio est un mélange de graines de sésame torréfiées, puis concassées au mortier à hauteur, en général, de 90 à 95 % pour 10 à 5 % de sel marin. On peut d’ailleurs très facilement le faire soi-même. « Il s’agit d’une alternative intéressante, d’autant plus qu’il permet un apport en acides gras insaturés, via le sésame. Seul bémol, un goût assez prononcé qui ne permet pas forcément de l’utiliser en toutes circonstances », analyse Bérénice Bompart. Plus proche de chez nous, le salinu, une spécialité corse aujourd’hui proposée dans de nombreuses épiceries, est fabriqué selon le même principe que le gomasio et assemble en moyenne 90 % de noisettes concassées pour 10 % de sel. On peut donc l’adopter également, sans excès toutefois, et bénéficier d’apports en acides gras insaturés oméga 9, via les noisettes.
Les sels associés à des légumes ou épices
Dans cette catégorie, il est plus difficile de s’y retrouver. « Des épices, des herbes, des légumes et même des champignons (truffe, morille) peuvent être mélangés pour faire baisser la teneur en sel. Malheureusement, les proportions sont bien souvent décevantes. Certains sels aux légumes affichent entre 90 et 98 % de chlorure de sodium et la présence de légumes reste souvent très anecdotique. On trouve par exemple du sel à la truffe avec 1,1 % de truffe. Où est l’intérêt ? De plus, c’est un produit cher », regrette notre experte. Il faut donc toujours vérifier la teneur en sel ; si celle-ci dépasse les 70 %, il n’y aura pas de différence notable avec un sel classique. « Mais si l’on souhaite opter pour ce type de produit, notamment à des fins culinaires, il conviendra de vérifier aussi que des ingrédients nobles ont été utilisés, et non pas des arômes artificiels. Surtout, il ne faut pas que ces produits soient un prétexte pour en consommer plus, phénomène que l’on observe souvent avec des produits allégés », insiste Bérénice Bompart.
La présence de minéraux, une fausse bonne raison
Sel rose de l’Himalaya, sel bleu de Perse, sel noir d’Hawaï… Les sels de couleur restent aussi à la mode et ont une image plus saine, parce qu’il s’agit de produits peu raffinés par rapport au sel fin de table. Composés entre 85 et 95 % de sel, ils conservent ainsi quelques minéraux (magnésium, calcium, potassium). « Mais il ne s’agit pas là d’un bon argument, car ces taux de minéraux sont extrêmement faibles, et il faudrait consommer beaucoup de produits pour en profiter réellement, ce qui est à éviter, d’autant plus qu’ils sont onéreux », réagit la diététicienne. On peut toutefois, là aussi, les utiliser avec parcimonie pour leurs qualités gustatives. Le sel noir d’Hawaï a, par exemple, un petit goût soufré intéressant dans certains plats.
La fleur de sel, tout simplement ?
Quitte à mettre un peu de sel, sans doute est-il préférable d’opter pour la fleur de sel (94,3 % de sel), plus naturelle que le sel fin de table auquel on ajoute des agglomérants. Ses avantages : quelques minéraux conservés (calcium, potassium, magnésium) et une subtilité qui lui donne un pouvoir gastronomique. Idéalement, on l’ajoute en finition, en toutes petites quantités, car elle fond vite. Même principe pour le sel marin gris.