Anévrisme cérébral : lorsque des maux de tête sévères peuvent être très dangereux
Les maux de tête peuvent survenir pour plus d’une raison et dans certains cas peuvent s’avérer particulièrement redoutables. En effet, ils peuvent témoigner d’un anévrisme cérébral, une condition brutale qui doit être prise en charge dans les plus brefs délais afin d’éviter le pire des scénarios. Éclairages sur les conséquences, les traitements et les symptômes à identifier.
Chaque année en France, plus de 5000 personnes pâtissent d’une rupture d’anévrisme. Ses manifestations ne doivent aucunement être négligées et doivent faire l’objet d’une consultation médicale immédiate. Voyons de plus près les signes à identifier, les mécanismes de cette maladie sévère, ainsi que les traitements.
L’anévrisme cérébral, qu’est-ce que c’est ?
Un anévrisme est une dilatation localisée sur la paroi d’une artère se situant au niveau du cerveau. Dans des cas plus rares, il s’agit de la dilatation d’une veine. Lors de cette modification se forme une petite poche de sang au niveau d’une artère. Ce « sac anévrismal » se développe et s’étire. Par conséquent, l’artère devient de plus en plus fine et donc plus fragile.
Une hémorragie interne pourrait survenir si cette petite poche gorgée de sang, se rompt ou s’entaille. C’est ce qu’on appelle plus précisément, la rupture d’anévrisme. A savoir que cette évolution peut parfois s’avérer fatale, comme le met en avant le Professeur Emmanuel Houdart, neuroradiologue dans un hôpital parisien. En effet, le caractère brutal, grave et soudain de cette condition représente l’un de ses risques les plus importants.
Il faut également distinguer une rupture d’anévrisme d’un AVC. En effet, dans le cas d’un accident vasculaire cérébral, il y a obstruction d’un vaisseau sanguin du cerveau par un caillot. Mais il est possible qu’un AVC soit lié à une rupture d’anévrisme quand ce vaisseau est rompu. C’est ce qui provoque une hémorragie cérébrale.
Rupture d’anévrisme : Quelles sont les causes ?
L’origine de l’anévrisme cérébral n’a toujours pas été identifiée comme le souligne le Pr Jacques Moret, radiologue à Paris. Il est seulement su que cette maladie peut découler d’une anomalie congénitale qui se développe au fil du temps. Bien qu’extrêmement rare, celle-ci se déclare en général chez un sujet jeune.
Mais en dehors des cas congénitaux, la condition est acquise chez certains. C’est le cas des patients ayant un diabète ou une hypertension, des maladies pouvant entraîner la vulnérabilité des parois artérielles. Un anévrisme peut alors découler de ce changement, explique le spécialiste.
Une autre variante influencerait la survenue de l’anévrisme et c’est le tabac, bien que ses conséquences à ce niveau soient encore difficiles à décrire. Selon les médecins, il est probable que ce dernier entraîne l’oxydation des parois des artères à cause des produits qu’il contient. Par la suite, cette oxydation peut mener à une inflammation des artères qui se fragilisent. Raison pour laquelle les médecins dissuadent ainsi leurs patients d’arrêter de fumer.
En outre, le risque que des plaques blanchâtres se logent sur les parois internes des artères est grandement favorisée par le tabac. Ces plaques représentent des dépôts lipidiques que l’on appelle athérome. D’autre part, les contraceptifs oraux et l’alcool consommé en grande quantité sont deux autres facteurs à prendre en compte dans la formation de ces anévrismes.
Quels sont les signes précurseurs de l’anévrisme ?
L’anévrisme est d’autant plus pernicieux que la majeure partie des patients ne le repèrent qu’après la rupture. D’où l’importance d’un diagnostic en cas de doute (IRM ou scanner), sans quoi, on peut être atteint d’anévrisme sans le savoir. Le Pr Houdart précise par ailleurs que l’anévrisme qui n’a pas fait l’objet de rupture est asymptomatique. Pour autant, il convient de s’enquérir des signes annonciateurs de cette condition, qui surviennent souvent de manière soudaine et brutale :
- Un mal de tête brusque et aigu, d’une intensité puissante
- Une raideur de la nuque
- Des céphalées violentes accompagnées de nausées ainsi que de vomissements.
- Les symptômes sont renforcés par des éléments comme la lumière et le bruit auxquels le patient est désormais sensible. Le cas d’une jeune fille qui a frôlé la mort est similaire à ce cas de figure.
- Il peut arriver que la personne ait une perte de connaissance. S’il s’agit d’un cas plus alarmant, il peut s’agir de coma voire de mort subite.
- Dans les cas plus rares, il peut y avoir une paralysie partielle ou une crise d’épilepsie.
Enfin, il existe des cas de comportements soudains et « bizarres » comme le précise le Pr Houdart. Ce sont des « manifestations psychologiques surprenantes » qui peuvent se caractériser par un comportement tout à fait inhabituel et inapproprié. Le Figaro Santé mentionne également l’aphasie qui peut faire partie des signes qui font penser à un accident vasculaire cérébral (AVC). Il est en outre précisé que la rupture d’anévrisme fait partie des AVC hémorragiques.
Une condition à traiter le plus vite possible
Une intervention rapide est un élément décisif dans l’évolution de la rupture d’anévrisme. Bien que la quantité de sang qui se perd s’avère très faible, elle entraîne une réaction qui provoque le gonflement du cerveau. Avant que le saignement n’aggrave la situation et qu’il devienne fatal, il faut donc agir le plus rapidement possible, notamment en appelant le Samu (15), met en garde Emmanuel Houdart. Il est également à noter qu’il suffirait que la personne soit hypertendue pour que l’artère s’endommage davantage.
Il faut ainsi insister sur la gravité des symptômes lorsqu’ils surviennent afin que les médecins puissent diagnostiquer et administrer les traitements appropriés à cette condition. Cela aidera les patients à éviter de perdre des heures, voire des jours précieux et salvateurs. Le Pr Houdart déclare également qu’après cette étape, leur travail consistera à « éviter que l’anévrisme ne ressaigne ». Viendra ensuite l’étape où il faudra déterminer les conséquences de cette hémorragie cérébrale. Pour ce faire, les médecins recourent à l’administration d’anti-œdémateux cérébraux qui atténuent le gonflement du cerveau. Ils peuvent également recourir à un drainage du liquide céphalo-rachidien.
Pour traiter l’anévrisme, le moyen le plus courant est l’embolisation, une procédure moins radicale que la chirurgie classique. Lors de cette opération, le neuroradiologue bouche l’anévrisme de l’intérieur et non de l’extérieur. De plus, l’embolisation a l’avantage de permettre au patient de se remettre plus facilement qu’après une chirurgie et ce, sans cicatrices.
Pour autant, dans près d’un tiers des cas, le recours à la chirurgie est de mise quand l’embolisation n’est pas permise ou bien qu’elle ne s’avère pas être le meilleur choix. La chirurgie fait en sorte de séparer l’anévrisme du reste de la circulation.
Pourquoi une rupture d’anévrisme peut être fatale ?
L’hémorragie qui résulte de la rupture d’anévrisme génère souvent une espèce de caillot sanguin qui empêche l’écoulement du liquide. Le cerveau se retrouve par conséquent comprimé. Comme le précise le Pr Houdard, il ne sera alors qu’une question de minutes avant que la mort ne survienne si aucune intervention n’est pratiquée.
En dehors des patients qui décèdent et ceux qui s’en sortent avec une fatigue passagère, d’autres peuvent connaître des symptômes qui persistent. Parmi ces séquelles, on retrouve : des troubles de la mémoire, l’hémiplégie ou encore, un état végétatif liés à des paramètres tels que l’importance de l’hémorragie, l’éventuelle survenue d’un infarctus cérébral et la contraction des artères (vasospasmes).
Emmanuel Houdart confie d’ailleurs qu’il prescrit souvent 6 mois de repos afin de garantir une reprise des activités « dans les meilleures conditions possibles ». Le minimum étant 3 mois, selon le spécialiste car une période de repos suffisante est plus que jamais indispensable.
Que se passe-t-il après l’anévrisme ?
Après avoir été traité pour sa rupture d’anévrisme, le patient fait l’objet d’un suivi de contrôle. S’il n’y pas de risque de récidive, dans de rares cas, les médecins pourraient être amenés à intervenir une nouvelle fois après un embolisme. Raison pour laquelle, le patient sera contrôlé par scanner à trois mois et par une artériographie. Si après une période d’une année, rien ne se manifeste, une nouvelle IRM peut être prescrite dans les 3 ans qui suivent.
Est-il possible de prévenir la rupture d’anévrisme ?
Si les traitements préventifs n’existent pas encore, il faut surveiller les facteurs qui pourraient la favoriser, notamment le tabagisme, l’hypertension artérielle et l’excès de cholestérol. L’âge constitue également une variante qui contribue au développement d’un anévrisme.
Ces facteurs sont d’autant plus influents que La Société de neurologie indique que « l’anévrisme est une maladie de la paroi des artères et tout ce qui est mauvais pour les artères est mauvais pour l’anévrisme ».