Cancer du côlon : 7 symptômes pour repérer cet « ennemi » pas si silencieux
Après ceux du poumon et de la prostate, le cancer du côlon est considéré comme le troisième cancer le plus fréquent en France chez les hommes. Pour leurs homologues féminines, il se classe en deuxième position, juste après le cancer du sein. En 2017, on estimait que le nombre de nouveaux cas avoisinait 44 000 personnes, dont un peu plus de la moitié concernerait les hommes. Pleins feux sur cette maladie, ses facteurs de risque et ses symptômes.
Affectant les deux sexes, le cancer colorectal peut se manifester dans le côlon ou dans le rectum. Plus la détection est précoce, plus la prise en charge est efficace. Selon le Pr Michel Ducreux, chef du service d’oncologie digestive à l’institut Gustave-Roussy, la guérison concernerait près de 9 personnes sur 10 lorsqu’il est détecté suffisamment tôt. Voici les informations clés à retenir, relayées par l’Institut national du cancer en France.
Cancer du côlon, ce qu’il faut savoir
Le cancer du côlon est une pathologie des cellules tapissant la paroi interne de la zone éponyme. Pour se développer, il faut qu’une cellule normale subisse une transformation et se multiplie de manière anarchique, ce qui donnera lieu à une tumeur maligne. Aux premiers stades de la maladie, les cellules cancéreuses sont limitées à la muqueuse. On fait donc référence à ce que l’on appelle un cancer in situ.
Si ce dernier n’est pas traité, d’autres couches à l’intérieur de la paroi commencent à être touchées par la tumeur, ce qui donne lieu à un cancer invasif. Dans d’autres cas, il arrive que des cellules cancéreuses s’étendent à l’extérieur de la tumeur en empruntant les vaisseaux sanguins ou lymphatiques. Elles peuvent toucher le foie, le cerveau, le péritoine, les os, ou encore les ganglions lymphatiques à proximité du côlon. On parle alors de métastases pour illustrer la formation de ces nouvelles tumeurs. Une évolution que les médecins examinent de près lors du diagnostic pour identifier les traitements les plus adaptés à la situation du patient.
8 fois sur 10, le développement du cancer du côlon se fait à partir d’une tumeur bénigne. On parle d’adénome ou de polype adénomateux. Ces tumeurs non cancéreuses sont souvent sans gravité, mais dans 2 à 3% des cas, elles finissent par se développer et grossir pour se transformer en cancer. Un processus qui prendrait plus de dix ans en moyenne, d’après l’Institut.
Au début, il est d’ailleurs possible qu’aucun symptôme ne se manifeste car la maladie en est toujours à ses premiers stades. Généralement, les répercussions physiques se manifestent au fur et à mesure que la tumeur progresse. A savoir que d’autres pathologies peuvent entraîner des symptômes identiques à ceux du cancer du côlon, d’où la nécessité de consulter un avis médical pour éliminer toute cause sous-jacente.
Causes et facteurs de risque du cancer colorectal
On considère que l’âge fait partie des facteurs de risque de développer un cancer colorectal. Et pour cause, près de 90% des personnes touchées auraient plus de 50 ans d’après le Dr Mathilde Soule, chirurgien digestif à Paris. On définit d’ailleurs 3 niveaux de risque chez les deux sexes :
– Risque très élevé : il concerne ceux qui souffrent d’une maladie génétique comme la polypose adénomateuse familiale ou le syndrome de Lynch.
– Risque élevé : il touche les fumeurs, ceux qui ont des antécédents familiaux ou personnels de cancer colorectal, et les individus qui souffrent d’une pathologie inflammatoire chronique de l’intestin telle que la rectocolite hémorragique ou la maladie de Crohn.
– Risque moyen : Il concerne les plus de 50 ans.
A savoir que lorsqu’un individu est suspecté d’être génétiquement prédisposé au cancer colorectal, les médecins effectuent un suivi et réfèrent le patient à un oncogénéticien pour une analyse constitutionnelle des gènes. En cas d’anomalie héréditaire et génétique, les membres de la famille apparentés au premier degré se verront proposer un test de dépistage.
L’hygiène de vie est également en cause et peut avoir un impact sur la survenue du cancer du côlon. C’est ce que l’on appelle les facteurs de risque évitables. Parmi eux :
- Le tabagisme
- La consommation d’alcool
- La sédentarité et l’inactivité physique
- Une consommation accrue de viandes rouges
- Une alimentation trop riche en graisses animales
- Le surpoids
9 symptômes du cancer du côlon à surveiller
Si son évolution est généralement lente et peu symptomatique, il est toujours judicieux de connaître les symptômes associés à la maladie et ce, afin d’agir rapidement pour une bonne prise en charge. L’Institut National du Cancer cite 9 signes à surveiller pour consulter son médecin rapidement :
- La présence de sang dans les selles
- Des douleurs abdominales inexpliquées
- Une diarrhée qui dure longtemps
- Une constipation brusque ou qui s’amplifie
- Des phases alternées de constipation et de diarrhée
- Une masse lorsqu’on palpe l’abdomen
- Une envie continue d’aller à la selle
- Une anémie sans cause identifiée
- Une dégradation générale de l’état de santé caractérisée par la fatigue, une perte d’appétit, une perte de poids ou une difficulté à se nourrir
On peut également suspecter un cancer du côlon lors du dépistage organisé des cancers colorectaux lorsque la recherche de sang dans les selles donne lieu à un résultat positif.
Prévenir le cancer colorectal grâce au dépistage
Entre l’âge de 50 et 74 ans, le dépistage doit être réalisé tous les 2 ans. En effet, ce test augmente les chances de détecter la maladie à un stade précoce pour retirer des polypes non cancéreux ou traiter rapidement le cancer s’il est avéré. Le programme de dépistage organisé concerne les personnes ne présentant aucun symptôme particulier lié au cancer colorectal et ceux qui n’ont pas de prédisposition liée à leur histoire familiale ou personnelle.
Cancer du côlon : comment se protéger au quotidien ?
S’il existe des facteurs de risque qui échappent à notre contrôle, d’autres comportements peuvent en revanche être maîtrisés pour réduire les risques de développer un cancer colorectal. Il s’agit notamment des facteurs de risque évitables, liés en majorité à notre hygiène de vie. Pour cette raison, le Dr Soule conseille de protéger son tube digestif en adoptant les mesures suivantes :
– Augmenter sa consommation de fibres : Fruits, légumes, grains entiers, produits céréaliers et légumineuses, faites le plein de fibres car ces dernières aident à maintenir l’appareil digestif en bonne santé et à avoir un transit intestinal plus régulier. Elles permettent également de stimuler le mouvement des aliments au niveau du côlon et d’accroître le volume des selles, en plus de nourrir le microbiote (les bonnes bactéries du côlon).
– Limiter la consommation de viandes rouges, de charcuterie et d’aliments riches en graisses animales.
– Limiter sa consommation d’alcool qui représente la 2ème cause évitable de mortalité par cancer.
– Arrêter le tabagisme qui, en plus d’augmenter les risques de plusieurs pathologies, favorise la survenue du cancer colorectal.
– Perdre du poids en cas d’obésité ou de surpoids en surveillant également son IMC (indice de masse corporelle)
– Pratiquer une activité physique régulière adaptée à son état de santé.
D’après une publication de la Fondation Arc pour la recherche sur le cancer, les risques de survenue du cancer du côlon chez les personnes qui pratiquent une forte activité physique sont inférieurs de 18% chez l’homme et de 20% chez la femme, comparé aux sujets dont l’exercice est très limité. Un avis rejoint par le Dr Soule qui rappelle que « l’activité physique a un effet protecteur sur beaucoup de maladies, notamment sur le cancer du côlon”.