Des chercheurs créent un virus capable de tuer le cancer du côlon

Publié le 15 décembre 2020
MAJ le 17 novembre 2024

C’est au City of Hope National Medical Center que des scientifiques auraient développé un virus oncolytique nommé CF33. Combiné à un traitement d'immunothérapie, ce dernier suggère une résistance plus longue à certaines tumeurs, notamment celles du côlon. Leurs recherches précliniques n’ont pour l’heure, été menées que sur des rongeurs. Mais ils espèrent pouvoir tester l'innocuité de ce traitement dans des essais cliniques sur l’Homme en 2021, indique Business Wire. 

L’idée peut sembler surprenante, mais certains virus seraient potentiellement utiles pour combattre le cancer. Interrogé par le magazine Sciences et Avenir, Jean-François Fonteneau, chercheur à l’Inserm, explique ce qu’est un virus oncolytique et revient sur la publication de ces chercheurs californiens.

Cibler les cellules cancéreuses

Les virus oncolytiques sont conçus pour cibler exclusivement les cellules cancéreuses, tout en épargnant les cellules saines, explique Jean-François Fonteneau. Et c’est ce mécanisme que les chercheurs de City of Hope auraient examiné pour stimuler l’immunité et aider à combattre le cancer du côlon, qui peut se manifester par certains symptômes.

Cancer colorectal

Cancer colorectal – Source : MUSC Health

Leur étude parue dans Molecular Cancer Therapeutics révèle qu’ils auraient combiné un virus de leur conception, le CF33, à des anticorps anti-PD-L1, à savoir un traitement d’immunothérapie. Le chercheur s’explique : « Les PD-L1 sont exprimés à la surface des cellules tumorales, comme un drapeau blanc qui va empêcher les lymphocytes de les tuer. Les anticorps anti-PD-L1 masquent ces drapeaux blancs, permettant aux lymphocytes d’être à nouveau efficaces”. En d’autres termes, ces anticorps préviennent l’inactivation des globules blancs destinés à détruire les cellules tumorales.

Citée par Business Wire, le Dr Susan Warner, oncologue à City of Hope et auteure principale de l’étude, révèle que le virus CF33 “pourrait changer la donne en raison de son efficacité et de sa capacité à recruter et à activer des cellules immunitaires”. Elle poursuit en expliquant que la combinaison de traitement d’immunothérapie et du virus oncolytique “octroie une immunité antitumorale durable, signifiant que si des cellules cancéreuses similaires tentent à nouveau de se développer, le système immunitaire sera prêt et dans l’attente d’y mettre un terme”. Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques ont testé 4 groupes : le premier sans traitement, le second traité avec le CF33 uniquement, le troisième avec l’anti-PD-L1, et le dernier en combinant le CF33 et l’anti-PD-L1, qui se serait avéré être le traitement le plus efficace. L’étude n’a néanmoins été menée que sur des rongeurs et reste donc à prendre avec des pincettes tant que les mêmes résultats n’ont pas été obtenus sur l’Homme. En outre, il est recommandé de prêter attention à son hygiène de vie et d’éviter les facteurs de risque d’un cancer.

Comment fonctionne l’immunothérapie ?

Selon un dossier de l’Inserm, les cellules cancéreuses acquièrent des propriétés malignes grâce à des remaniements génétiques et commencent à exprimer des antigènes tumoraux à leur surface, les distinguant de ce fait, des cellules saines. Mais au fil du temps et à mesure que la maladie évolue, ces cellules continuent à se transformer et finissent par s’adapter à leur environnement pour se multiplier et l’exploiter. À terme et par le biais d’autres mécanismes, les cellules tumorales réussissent à échapper au système immunitaire et à sa surveillance, produisant par ailleurs des protéines qui entravent l’activation des défenses de l’organisme.

De ce fait, l’immunothérapie est une approche qui consiste à aider le système immunitaire à reconnaître les cellules cancéreuses et à les détruire. Ainsi, elle ne cible pas directement la tumeur, mais l’environnement tumoral ainsi que le système immunitaire. En effet, les cellules tumorales manipulent ces derniers pour pouvoir proliférer. C’est donc en comprenant ce mécanisme que les chercheurs parviennent à proposer des solutions thérapeutiques. L’Institut révèle toutefois qu’une question essentielle se pose pour cette approche, à savoir l’identification des personnes pour lesquelles ce traitement fournit de bons résultats. À l’heure actuelle, l’immunothérapie représente un traitement efficace chez 20 à 40% des patients, indique l’Inserm. Ainsi, plusieurs pistes seraient à l’étude.