Il faut arrêter de tout désinfecter et réintroduire les bactéries dans nos vies
Il est impossible de le nier, le développement de la médecine moderne a sauvé des millions de personnes. Nous vivons aujourd’hui dans une ère de développement et de prospérité jamais vus précédemment. Pendant deux siècles l’Homme a voué une guerre sans pitié aux bactéries. De la découverte des antibiotiques à aujourd’hui, la médecine était loin de se rendre compte des conséquences de la désinfection excessive. Car il ne faut pas l’oublier, on estime que chaque individu possède environ 100 000 milliard de bactéries, une découverte que la médecine commence à peine à réellement comprendre. Dans ce sens, le New York Post a mis en exergue l’importance de la diversité des bactéries présentes chez un individu.
L’histoire européenne a été grandement influencée par une bactérie en particulier : Yersinia pestis, responsable que ce que l’on connaît aujourd’hui comme la peste noire. Cette petite bactérie aurait donc détruit jusqu’à 50 % des populations européennes en seulement 5 ans de 1347 à 1352. C’est donc tout naturel que dans l’inconscient général, les bactéries restent une espèce à détruire.
Les bactéries, un partenaire silencieux
Les bactéries sont des organismes invisibles à l’œil nu. Il a donc fallu longtemps à l’homme avant de découvrir leur existence. Pourtant, les microbes existaient bien avant l’Homme tel qu’on le connaît aujourd’hui. Plus encore, sans eux la vie sur Terre aurait été bien plus compliquée voire impossible, en effet l’atmosphère terrestre était totalement dénué d’oxygène. C’est les microbes qui, en absorbant le soleil et en utilisant le dioxyde de carbone, rejettent de l’oxygène. C’est la photosynthèse.
Les microbes ont donc mené un rôle absolument clé et ont permis la vie sur Terre. Un rôle qu’on peut donc qualifier d’externe, mais qui ne s’arrête pas là. L’être humain est l’hôte d’un nombre inimaginable de bactéries, soit 1014 micro-organismes présents dans chaque individu, et essentiels à la santé de notre corps.
Un équilibre mis en danger
Les bactéries présentes dans notre corps sont généralement inoffensives, si tant est que l’équilibre très complexe de ces bactéries ne soit pas perturbé. En 2008, un village amazonien jusqu’ici complètement isolé a été découvert. Lorsque les scientifiques ont alors comparé leur microbiome au nôtre, le jugement a été sans appel : La diversité et la santé de leur microbiome est bien meilleure que celle de l’Homme civilisé. Malheureusement après des siècles d’utilisation d’antibiotiques, le microbiome de l’Homme occidental est dans un bien piteux état.
Réintroduire les bactéries dans nos vies
Sans contexte, l’idée n’est pas très intuitive. Il faudrait donc s’exposer aux bactéries pour être en bonne santé ? Le Dr Jack Gilbert directeur associé de l’institut Genomic and Systems Biology explique avoir eu un déclic en étudiant les dauphins en captivité. Le docteur remarque que plus l’eau de leur aquarium était sale plus les dauphins étaient en bonne santé.
L’idée donc est de reproduire le même concept chez l’être humain, et surtout chez les plus petits. L’ère industrialisée dans laquelle nous vivons n’est pas une fatalité. Il faut réintroduire nos enfants vers un monde plus naturel qui ne l’oublions pas a été notre compagnon pendant des milliers d’années. Que ce soit en faisant des randonnées ou en visitant un parc naturel, il faut nous reconnecter avec nos origines et laisser nos enfants s’amuser, découvrir le monde qui les entoure, et les bactéries qui vont avec. La présence d’animaux de compagnie peut aussi aider à combler ce manque, il ne faut pas oublier que durant des siècles, avant l’industrialisation, les animaux faisaient partie intégrante de la vie des hommes.
Enfin et comme toujours, il s’agit de mesure et d’équilibre. Le monde industrialisé et la nature sont deux mondes qui s’opposent, chacun d’eux apporte ses solutions et ses problèmes. Nous avons la chance de pouvoir profiter des deux mondes, et d’utiliser donc les solutions de l’un pour résoudre les problèmes de l’autre. À nous donc d’agir.